La pratique sportive de la femme nécessite une nouvelle approche qui cadrerait mieux avec la réalité du terrain Le Comité national olympique tunisien organise depuis hier, et deux jours durant, un colloque international portant sur la femme et le sport, sur le thème : «La pratique sportive de la femme et son impact sur son statut social et psychologique». Mme Babia Bouhnak Chihi, ministre des Affaires de la femme, de la famille, de l'enfance et des personnes âgées, a donné le coup d'envoi officiel du colloque. Par la suite, c'était au tour de M. Slim Chiboub, président du Cnot, de s'adresser aux hôtes du colloque. Dans son allocution, le président du Comité national olympique tunisien a indiqué que la tenue de cette rencontre de réflexion sur l'impact social et psychologique de la pratique sportive sur la femme s'inscrit dans le cadre du soutien au sport féminin : «Le soutien de la femme est l'un des fondamentaux du Changement du 7-Novembre, en renforçant sa présence dans tous les secteurs. C'est pourquoi le sport féminin et la présence féminine dans les postes décisionnels dans ce secteur bénéficient d'un appui constant. Par ailleurs, le Cnot insiste sur la présence féminine dans les structures sportives», a indiqué M. Slim Chiboub. Des conditions appropriées Mme Asmahane Chaâri, présidente de la Fédération tunisienne de danse artistique et sportive, a livré son constat sur l'état des lieux de la pratique sportive par la femme tunisienne : «Ce qu'on peut constater, c'est que la femme tunisienne s'adonne de moins en moins à la pratique sportive et elle est moins présente en matière d'encadrement de cette activité. Si on encadre suffisamment la femme et on renforce sa présence dans le secteur sportif, elle ramène forcément la jeune fille. Quand l'encadreur est une femme, ça donne un gage de confiance supplémentaire aux parents. Ce n'est pas un manque de confiance envers la gent masculine, mais la présence féminine dans l'encadrement, notamment dans les déplacements sportifs, remplace quelque part la présence maternelle, ce qui rassure et la jeune fille et les parents», estime Mme Chaâri, qui pense que «pour faire progresser le sport féminin, il faut commencer par former des cadres femmes. Aussi, l'infrastructure sportive dédiée à la pratique du sport féminin doit être adéquate, notamment en matière d'éclairage public, surtout qu'il arrive que nos jeunes filles s'entraînent jusqu'à huit heures du soir. Le chemin menant au stade d'entraînement doit être aménagé et sécurisé. Bref, pour rassurer les parents et ramener la jeune fille à la pratique sportive, il faut que les conditions d'entraînement soient appropriées. Aussi, faut-il lancer l'idée de sport et travail au féminin», a déclaré Mme Asmahane Chaâri. Le programme du colloque, qui se poursuit ce matin, est riche en communications données par d'éminents spécialistes et des responsables opérant dans le domaine sportif. Associer sport scolaire et civil Ainsi, M. Kamel Kolsi, inspecteur chargé du sport scolaire et universitaire, s'est intéressé dans son intervention au relais devant exister entre les sports scolaire et civil. M. Kolsi a indiqué que les élèves et les étudiants constituent le 1/5 de la population tunisienne. Le sport scolaire et universitaire constitue donc la première structure d'accueil pour cette importante frange de la population. C'est même le plus grand réservoir pour la détection des jeunes talents. L'intervenant constate que le nombre de filles pratiquant le sport dans le milieu scolaire diminue avec l'âge. Elles constituent 86% chez les benjamins alors qu'elles ne représentent que 51% dans la catégorie des juniors. «Il y a une suite que les clubs civils sont censés prendre au sport scolaire. Malheureusement, il y a un déséquilibre entre les régions, dont certaines manquent de structures d'accueil. Il y a des régions qui n'en disposent même pas. C'est pourquoi il faut cibler les régions qui connaissent des défaillances. Il faut renforcer le sport scolaire en tenant compte de la réalité du terrain. Penser aussi à créer de nouvelles régions spécialisées dans des disciplines féminines bien déterminées», propose M. Kamel Kolsi. Il est à noter qu' à l'occasion de la tenue de ce colloque, le Cnot a attribué hier après-midi le premier trophée «Elyssa» en présence de Mme Saloua Terzi Ben Attia, présidente de l'Union nationale de la femme tunisienne, à trois lauréates : l'ex-gloire de la natation tunisienne, Faten Ghattas, le Dr Zakia Bartagi, médecin et chercheur au CNRS, et Samira Ben Ghazi, première femme présidente d'un club omnisports, l'ASF Tunis. Rappelons que le trophée «Elyssa» récompense d'anciennes athlètes, dirigeantes, entraîneurs ou arbitres, chercheurs ou journalistes.