Aux championnats du monde de boxe féminin à Barbados, du 9 au 19 septembre, Rim Jouini, déjà championne d'Afrique 2010, s'est classée troisième mondiale (57 kg) avec une médaille de bronze arrachée après un combat très serré contre une Chinoise bien aguerrie à ce genre de compétitions internationales. Indépendamment de toute polémique autour du bureau fédéral actuel, il conviendrait de dire que cette première médaille mondiale dans l'histoire de la boxe féminine tunisienne est un immense acquis à saluer avec fierté et respect comme on saluetait notre drapeau. Qui est derrière cette médaille? La réponse n'a pas d'importance quand on réfléchit à un certain niveau. L'important c'est notre drapeau qui a flotté sur un podium international… et ça on a tendance à l'oublier! On a beaucoup parlé dernièrement de «scandales» dans la boxe (il ne s'agit pas là de défendre ou de condamner le bureau fédéral, cela n'est pas notre propos et on tient vraiment à rester objectifs), mais la nouvelle d'une troisième place mondiale pour la Tunisie n'a pas eu sa vraie part d'audience dans le paysage. Oui la Tunisie a eu une médaille de bronze que les Allemandes, les Françaises et les Bulgares n'ont pas eu avec sept boxeuses entraînées dans les meilleures conditions. Sur 75 pays, 21 seulement ont eu accès au podium et parmi ces pays figure la Tunisie à la 16e place avec le nom d'une boxeuse que l'histoire retiendra : Rim Jouini de la Cité nationale sportive. Une Tunisienne qui a vraiment combattu dans la vie et sur les rings pour atteindre ce niveau. Qu'en est-il du sort de Wided Younsi? Disqualifiée parce qu'elle a participé à un gala professionnel? Les responsables affirment qu'ils essaieront de la récupérer. Des contacts seraient établis dans ce sens surtout que la boxeuse en question n'a joué qu'un seul combat et qu'elle aurait été induite en erreur par certains promoteurs sans scrupules. Autre point à signaler, Wided Younsi a joué ce combat lors d'un gala privé au début 2008, or la loi de l'Aiba à cette date ne condamnait aucun boxeur qui n'a à son effectif qu'un seul combat professionnel. Ce n'est qu'à la fin de l'année 2008 que la nouvelle loi fut instituée. Notre boxeuse est facilement récupérable et il le faut bien puisque pour former une athlète à son niveau on a besoin d'au moins 5 ans. Pour le moment, c'est l'avocat spécialiste en droit international du sport qui manque pour soulever ce point. C'est que cette campagne menée contre la Fédération tunisienne de boxe a tellement pris des allures de vindicte populaire (il suffirait d'en faire l'analyse sémantique !) où tout argument est bon pour envoyer l'adversaire au tapis qu'on avait oublié l'essentiel. Les rancœurs personnelles ne doivent pas tacher l'image de notre pays. C'est ainsi qu'on apprendra par exemple que derrière la disqualification de Wided Younsi (75 kg) après un combat remporté haut la main contre une Irlandaise, il y aurait un coup de fil anonyme d'un Tunisien qui aurait informé la Fédération internationale de boxe en fournissant les preuves nécessaires démontrant que Wided Younsi a à son actif un combat professionnel. Si cette information s'avérait vraie, et il semblerait qu'un juge algérien et un haut responsable de la Fédération internationale de boxe l'auraient confirmée, ça serait vraiment déplorable. Lundi 20 septembre 2010, Rim Jouini, Marwa Rahal et Wided El Younsi débarquent à l'aéroport de Tunis. Aucun journaliste, aucun représentant du ministère de la Jeunesse, des Sports et de l'Education physique pour les accueillir. Moralement le coup a été très dur pour elles… mais finalement ce sont elles qui encaissent les coups destinés à d'autres. Oublions le reste et rendons hommage à ces filles qui ont donné des années de leur vie pour ce sport noble et pour la Tunisie.