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La grande menace des parasites invisibles
Agriculture — Séminaire de formation sur «les risques des ravageurs et des maladies végétales et animales»
Publié dans La Presse de Tunisie le 22 - 05 - 2017


De notre envoyée spéciale au Maroc Imen Haouari
Des ravageurs comme le charançon rouge, la Xylella Fastidiosa ou la cochenille du cactus représentent un véritable risque potentiel et peuvent décimer des milliers d'hectares de cultures, dont l'olivier, d'où l'importance de renforcer les efforts de prévention
Confronté à de multiples défis dans les années futures notamment dans la zone du Maghreb, le secteur de l'agriculture doit faire face à la pression exercée par les besoins d'une population qui ne cesse de croître, et ce, dans l'objectif de garantir l'autosuffisance et la sécurité alimentaire et réduire la dépendance par rapport aux importations alimentaires provenant des marchés extérieurs. C'est ce qui explique que les enjeux économiques et sociaux étroitement liés au développement de l'agriculture se soient traduits par l'amélioration de la performance de ce secteur dans les pays du Maghreb à travers l'adoption de techniques et de procédés de production modernes destinés à instaurer progressivement une agriculture durable et moins vulnérable aux changements climatiques.
Mais l'épée de Damoclès pèse aujourd'hui sur le secteur dont les progrès sont de plus en plus hypothéqués par la menace des maladies infectieuses que représentent la circulation libre des marchandises ainsi que le flux massif des personnes qui traversent les frontières dans le cadre du tourisme, du commerce, de la recherche de travail et des échanges économiques. Consciente du risque qui pèse sur l'agriculture et par conséquent sur la sécurité alimentaire et la lutte contre la précarité, l'Organisation des Nations unies pour l'Alimentation et l'Agriculture a multiplié les campagnes d'information et de sensibilisation et les séminaires de formation afin de conscientiser tous les intervenants dans ce secteur, les autorités officielles ainsi que les journalistes et le grand public de la menace que représentent les ravageurs dans la zone du Maghreb.
Le 29 mars dernier, une réunion de haut niveau s'est tenue à Rome au cours de laquelle une équipe de spécialistes du charançon rouge du palmier ont présenté les composantes nationale, régionale et mondiale de la stratégie-cadre d'éradication du charançon rouge du palmier qui a été élaborée avec l'appui des fonctionnaires techniques de la FAO. Objectif : présenter un état des lieux de la lutte contre le charançon rouge dans les régions de l'Afrique du Nord et du Proche-Orient, exposer les défaillances en matière de gestion du CRP et avancer des recommandations en la matière. Cette réunion s'est également fixée pour objectif d'établir une plateforme commune permettant de renforcer la coopération au niveau régional et interrégional afin de conférer plus d'efficience à la lutte contre le charançon rouge dans toute la zone.
La FAO, avec la collaboration de l'UMA a, depuis, poursuivi les efforts de sensibilisation en organisant cette fois-ci, du 15 au 18 mai, un séminaire de formation sur les risques des ravageurs et des maladies animales et végétales, et leur impact sur le développement économique et social et la sécurité alimentaire au profit des journalistes maghrébins. Au cours de cet atelier, qui a duré quatre jours, des journalistes ont pu débattre des questions liées à différentes maladies animales et végétales et ravageurs des cultures transfontralières avec des responsables et des experts techniques de la FAO, du Neppo et de la Commission de lutte contre le criquet pélerin dans la région occidentale (Clcpro) dans la zone du Maghreb.
Le charançon rouge : un insecte redoutable pour les palmiers dattiers
Aujourd'hui, le charançon rouge du palmier avec le Xyllela représente l'une des plus grandes menaces qui pèsent sur les palmeraies et les oliviers. C'est en 2008 que ce coléoptère de couleur rouge tacheté de points noirs et qui mesure entre 3 et 5cm a été détecté au Maroc. Il continue à se propager dans les pays de la rive sud de la Méditerranée et sa présence est signalée en 2009 en Tunisie avant d'être détectée également en Mauritanie où 104 pieds de palmiers dattiers ont été infestés et incinérés dans la région de Tidjigkja. La zone a été immédiatement mise en quarantaine, des pièges de détection et de masse ont été posés et la prospection a été renforcée dans la zone tampon. «L'importation et le transfert de plants de palmiers entre les régions et entre les zones agricoles ont été strictement interdits. Ce n'est qu'après trois ans de son apparition que nous pourrons déclarer que le charançon rouge est totalement éradiqué. L'engagement de la population a été très important. Beaucoup de personnes ont contribué et participé au programme de lutte contre le charançon rouge. Des agriculteurs ont été formés et ont participé à la campagne de prospection qui se poursuivra jusqu'à la déclaration de l'éradication», a souligné M. Doussou, directeur de la Protection des végétaux au ministère de l'Agriculture de la Mauritanie, lors d'une visite de terrain à Tanger qui a eu lieu en marge de l'atelier de formation pour les journalistes maghrébins sur les risques des ravageurs et des maladies végétales et animales, et leurs impacts sur le développement économique et social et sur la sécurité alimentaire.
En décembre 2008, le charançon rouge a été détecté dans un hôtel du centre-ville de Tanger. Ce dernier aurait été, semble-t-il, ramené dans des palmiers d'ornementation (Phoenix Canariensis) en provenance d'Espagne. Au cours des huit années qui vont suivre, 1.030 palmiers vont être infestés par le coléoptère. Les autorités locales craignent, alors, que le charançon rouge ne frappe dans la région de Tafilalet au sud du Maroc, qui compte 50 millions de pieds de palmiers dattiers. Un plan d'urgence a été déclenché pour éviter cette catastrophe. Le protocole d'intervention a notamment consisté en l'abattage et l'incinération des palmiers infestés, alors que la prospection a été renforcée notamment par la mise en place de 1.050 pièges de détection et de masse. «L'importation de plants d'Espagne a été strictement interdite, a relevé M. Abdelhak Ben Ayad, chef de division, de contrôle et de protection des végétaux à Tanger. Par ailleurs, un arrêté gouvernemental rend obligatoire le traitement des palmiers par la pulvérisation de produits chimiques. L'aire géographique dans laquelle le charançon s'est propagé a pu, ainsi, être circonscrite».
En Tunisie, introduit dans des plants en provenance de l'étranger, le charançon rouge a infesté plusieurs palmiers d'ornementation dans la banlieue nord du Grand-Tunis et s'est propagé à d'autres cités. Réputé pour sa capacité à se déplacer par n'importe quel moyen et pouvant parcourir de longues distances, accroché à un vêtement ou aux pneus d'une voiture, ce coléoptère suscite également la crainte des experts en Tunisie, car il pourrait, si les actions de prévention et de prospection ne sont pas renforcées, se propager très rapidement et ravager des superficies entières de palmiers.
Selon Noureddine Nasr, responsable production végétale et protection des plantes au bureau sous-régional de la FAO (Afrique du Nord), la vigilance est, par conséquent, de mise et les intervenants concernés doivent axer sur la prévention en poursuivant les efforts de lutte contre l'insecte afin d'éviter que le scénario catastrophique de l'attaque des palmeraies du Sud par le charançon rouge ne se reproduise un jour, ce qui se traduirait par des pertes sans précédent pour l'économie de la Tunisie, qui est un des plus grands exportateurs de dattes à l'échelle mondiale. «L'endothérapie et le piégeage de détection et de masse figurent parmi les principales techniques utilisées en Tunisie pour lutter contre le charançon rouge», a relevé, à ce propos, l'expert. Le charançon rouge ne serait pas la seule menace qui pèse sur le patrimoine végétal méditerranéen.
Xylella Fastidiosa : la bactérie qui fait peur
La Xylella Fastidiosa, une bactérie polyphage ravageuse qui peut s'attaquer à plusieurs variétés de cultures (vigne, amandier, clémentinier...), a été signalée en Italie où elle a été détectée dans des champs d'oliviers ainsi qu'en France, en Allemagne et en Espagne (île de Majorque) où elle s'est attaquée à des cerisiers ornementaux. Cette bactérie peut causer des ravages très importants dans les cultures et entraîner la mort de centaines, voire de milliers de plants. Présente actuellement dans des champs d'oliviers au sud de l'Italie, elle représente une très grande menace, dans la mesure où elle pourrait facilement s'introduire dans les pays d'Afrique du Nord situés à quelques encablures à vol d'oiseau et contaminer des centaines de kilomètres de champs d'oliviers causant ainsi une hécatombe à l'échelle nationale.
Il ne faut pas oublier qu'à cause du manque de prévoyance, le feu bactérien avait décimé en 2013, en Tunisie, des milliers d'hectares de champs de poiriers, rendant, ainsi, stérile les terres sur lesquelles sont cultivées les variétés locales sensibles à cette bactérie, c'est ce qui explique actuellement le fait que certaines d'entre elles, que l'on avait l'habitude de voir avant la révolution, soient totalement absentes des étals de nos marchés.
Au Maroc, un insecte ravageur, la cochenille, a décimé, l'année dernière, en quelques mois, plusieurs champs de cactus, menaçant une filière agricole qui a été valorisée du fait qu'elle revêt une grande importance par sa contribution à la sécurité alimentaire humaine et animale, tout en préservant l'environnement (le cactus protège le sol contre l'érosion et préserve la biodiversité végétale). «Le Maroc est le seul pays au monde à avoir créé une filière cactus», a précisé, à ce propos, Dr Mohamed Sabghi, directeur de recherche et chef du département de protection des plantes à l'Institut national de la recherche agronomique (Inra).
Développer la lutte biologique pour venir à bout de la cochenille du cactus
Face à la menace qui pèse sur les milliers d'hectares de cactus cultivés dans plusieurs régions du royaume, le gouvernement marocain a vite fait de déclencher un plan d'urgence consistant en l'arrachage et l'incinération des plants infestés et l'application d'un traitement chimique à base d'insecticides et d'huile minérale sur 2.000 hectares de champs de cactus.
L'Etat a également prévu un plan d'action axé sur la prévention à moyen et à long terme. Pour lutter, en effet, efficacement contre cet insecte ravageur qui risque de mettre en péril la filière, l'Inra a engagé des travaux de recherche avec la collaboration de l'Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (Onssa) dans le cadre d'une convention conclue entre ces deux parties (417.000 dollars ont été débloqués pour financer ces travaux), afin d'identifier les variétés de figues de barbarie résistantes à la cochenille et les moyens de lutte biologique qui pourraient être utilisés comme alternative à la lutte chimique. Les chercheurs ont notamment expérimenté sur une petite parcelle le recours à une coccinelle qui détruit la cochenille et qui a donné des résultats intéressants. «Cette coccinelle est adaptée aux conditions pédoclimatiques de l'essai. D'autres travaux de recherche sont actuellement en cours dans le laboratoire qui a été aménagé dans la zone de Zemamra, non loin de la zone infestée par la cochenille, et ce, dans l'objectif de développer la lutte biologique basée sur le recours à des biopesticides pour venir à bout de la cochenille du cactus», a, par ailleurs, observé l'expert marocain.
Sessions de formation pour les agriculteurs
Cette cochenille représente également une menace potentielle pour les champs de cactus en Tunisie et dans les autres pays d'Afrique du Nord, d'où l'importance d'organiser des sessions de formation pour les agriculteurs opérant dans la filière du cactus afin de les informer sur les caractéristiques de l'insecte, les symptômes qui peuvent apparaître sur les plants qui ont été attaqués par la cochenille et les modes de traitement qu'ils doivent utiliser pour éviter que l'insecte ne se propage à grande échelle. Faciliter l'échange et le partage d'informations à l'échelle locale et interrégionale, renforcer les capacités des laboratoires de diagnostic, améliorer l'épidémiosurveillance, renforcer les mesures de prévention et de lutte, mettre en place un réseau d'échanges entre les experts et les chercheurs à l'échelle de l'Afrique du Nord et du Proche-Orient, et faciliter la coopération entre les centres de recherche, les laboratoires et les universités permettraient de contrer efficacement la menace des maladies infectieuses dans la zone Mena. Ces points figurent parmi les principales recommandations qui ont été évoquées par les experts Noureddine Nasr et Mohamed Bengoumi, responsables au bureau sous-régional de la FAO pour l'Afrique du Nord dans leur présentation sur le rôle de la FAO dans la surveillance, la prévention et le contrôle des maladies animales et végétales transfrontalières.


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