Pour donner de la visibilité à des artistes professionnels qui n'en ont pas, le musicien a choisi de plonger dans l'événementiel. L'ouverture de Layali Essalhia a eu lieu hier et le festival des musiques du monde à El Jem est en pleine préparation. Il existe des étalons précieux, hélas tenus en écurie. Parce que le privilège de créer devient une souffrance quand il s'agit de distribuer ses œuvres. Ce ne sont pourtant pas les festivals qui manquent. Mais ces derniers ne s'intéressent plus à la découverte. Ils veulent afficher complet et remplir leurs caisses. En tout cas, même si tous nos festivals ne sont pas pris de ce haut mal, le syndrome est tunisien. C'est pour en avoir fait l'expérience qu'Achref Chargui a décidé de se lancer dans l'organisation de festivals et d'offrir de la visibilité à des artistes professionnels qui ont beaucoup de talent mais qui demeurent inconnus. Lui-même est musicien, doctorant en musicologie, et enseigne à l'institut de musique. En 2016, un de ses quatre albums produits en Suisse et en Italie a été choisi comme étant le meilleur par une radio de Jazz à Florence. Et c'est en 2010 qu'il a fait son premier pas de curateur. Il a loué l'amphithéâtre de Carthage pour organiser la première soirée de rap tunisien. En 2013, il a investi l'Acropolium de Carthage avec «Roots and sprouts», une sorte de bœuf avec l'ancienne et la nouvelle génération d'artistes musiciens. En 2014 il a créé «Unplujjed», un festival de musique acoustique qui a eu lieu au Teatro. Et en 2016, par dépit suite au refus de sa candidature pour un concert au festival de Carthage, il a organisé «Founoun el bouhaira» au lac de Tunis. Il s'agissait de 29 soirées ramadanesques musicales et théâtrales. En cet été 2017, Achref est en pleine préparation d'un autre festival. Il s'agit cette fois de world music, ou musiques du monde à El Jem. Ce sera du 15 au 26 août. Le musicien s'est lancé dans cette aventure avec seulement 5 mille dinars accordés par le ministère de la Culture au lieu de 500 mille. «Le ministère du Tourisme qui est d'autant plus concerné par cette manifestation n'a donné aucune réponse à ma demande de financement». Et d'ajouter : «C'est grâce à quelques sponsors et des associations bénévoles que cette manifestation aura lieu». Celle-ci est un prétexte pour animer la ville. Dès que le spectateur monte dans le train, il en aura plein les yeux avec des installations artistiques et du cirque. Un circuit touristique sera créé. Il y aura également des ateliers de sensibilisation à la protection de l'environnement, des workshops de mosaïque, de danse et de chorégraphie. Pour promouvoir le World Music Festival, il y aura même du sport automobile et un baptême aérien de deux avions récemment acquis par la société Sonaprov. Côté spectacles, on a prévu du in et du off pour que tout le monde puisse en profiter. «Notre objectif est de faire d'El Jem la capitale culturelle et artistique tunisienne», souligne Achref Chargui. En attendant, l'artiste vient de donner le coup d'envoi à «Layali Essalhia». Cet événement musical se tient à l'occasion du mois de Ramadan du 7 au 17 juin au Centre national de communication culturelle qui s'appelait, à une certaine époque, «El Medressa Essalhia». On apprend que 90% des artistes invités sont inconnus du grand public et ont chacun son propre style. Ci-joint le programme. Programme de Layali Essalhia 9 juin : Nejd Bounaouara 10 juin : Punic Lions 11 juin : Yasser Mhaba 12 juin : Soirée poétique avec Moncef Mezghani, Houda Daghari, Jlidi Laâouini 13 juin : Remix Project 14 juin : Ihssen Laaribi (luthiste) 15 juin : Dyslexie 16 juin : Dorra Béchir 17 juin : Achref Chargui band