En dépit des efforts fournis par la société civile, la lutte contre la pollution des plages de La Marsa demeure un véritable casse-tête. Les citoyens sont les premiers responsables de cette situation. Ils polluent la plage et jettent leurs ordures dans l'eau. Ambiance sordide. Le mois d'août tire à sa fin. Le déclin de la saison estivale s'annonce. Pourtant, des centaines d'estivants prennent d'assaut quotidiennement la plage de La Marsa. Faute de moyens, beaucoup de familles et d'adolescents prennent le train qui dessert la banlieue nord de Tunis pour profiter de la fraîcheur de la mer. Souvent, le vent qui se lève en fin d'après-midi dresse des vagues bordées d'écume blanche qui viennent s'écraser sur le rivage où sont plantées plusieurs tentes de fortune, bariolées et recouvertes de serviettes et de draps et qui provoquent le dégoût de nombreux vacanciers qui se plaignent de cette «pollution visuelle». Par endroits, le sable luit étrangement d'une lueur blanche étincelante. Ce sont de minuscules particules de plastique blanc parsemant l'arrière-plage. A vue d'œil, cela faisait songer à un ramassage quotidien d'ordure qui n'arrive pas à nous débarrasser de ces infimes déchets. En dépit de l'omniprésence des boîtes à ordures sur la plage, la saleté est là, manifeste. Des canettes en métal, des bouteilles, des restes de repas, des mégots ainsi que des paquets d'emballage jonchent le sol. L'impunité est à l'origine de tous les maux A vrai dire, les campagnes de propreté des plages lancées par les autorités en collaboration avec la société civile ont porté leurs fruits. Néanmoins, la société civile active dans la région exprime son désenchantement vis-à-vis du comportement des citoyens. «C'est l'impunité qui a engendré ce genre de comportement chez les Tunisiens. Prenons l'exemple de la sécurité routière. Dès qu'on a décidé d'infliger une amende à toute personne ne portant pas la ceinture de sécurité, la majorité des citoyens se sont mis à respecter la loi», déclare M. Khaled Khoudja, Président de l'Association de l'Environnement de La Marsa et membre du collectif des associations de la société civile de cette ville. «On a pu instaurer un corps spécialisé pour lutter contre la pollution de l'environnement qui est la police de l'environnement. Toutefois, nous n'avons pas vu de changement. Beaucoup de citoyens polluent l'environnement sans état d'âme», a-t-il ajouté. Les associations reconnaissent, de leur côté, que les efforts entrepris sur le terrain par la société civile à travers l'organisation de campagnes de propreté ne sont pas suffisants pour venir à bout du problème de façon radicale. Il serait plus judicieux «d'attaquer le problème en profondeur», a relevé l'un des membres du collectif des associations de la société civile de La Marsa. Sachant pertinemment que le respect de l'environnement, inculqué dès le plus jeune âge, aboutit généralement à un comportement responsable à l'âge adulte, des associations actives dans le secteur de l'environnement ont ciblé les enfants des écoles primaires. Elles travaillent d'arrache-pied, tout au long de l'année pour sensibiliser les futures générations sur l'impact néfaste des ordures ménagères responsables de la pollution et la dégradation de l'environnement. Changer la mentalité et passer le flambeau aux générations qui suivront est la condition sine qua non pour la survie de nos plages.