Aide aux artisans à besoins spécifiques des régions éloignées afin d'écouler leurs produits et alléger les effets de la crise du secteur. Les produits de l'artisanat des gouvernorats de Jendouba et du Kef ont le vent en poupe. La galerie de l'information de Tunis a abrité, du 22 au 26 août, une exposition dédiée au grand public, qui a permis aux artisanes des régions en question de s'ouvrir sur les créations des autres régions et de commercialiser leurs produits et par là même élargir les circuits de distribution dans les grandes villes. Placée sous l'égide de l'Office national de l'artisanat (ONA), cette manifestation a été tenue, après celle de Sejnane. D'après MM. Khalil Chatty, directeur général adjoint de l'ONA, Anis Jedidi et Lotfi Manaï, respectivement délégué régional de l'artisanat de Jendouba et délégué régional de l'artisanat du Kef, cette initiative s'inscrit dans le cadre d'encadrement et d'apprentissage. Elle assure tous les services d'aide aux artisans. Ces derniers ont bénéficié d'instruments de formation, de subventions, de logement, de motivation. Visiteurs maghrébins «C'est une campagne d'aide aux artisans à besoins spécifiques des régions éloignées afin d'écouler leurs produits et par là même alléger la crise du secteur», a indiqué le d-g.a de l'ONA lors de l'ouverture de l'événement, qui a draîné beaucoup de visiteurs tunisiens, maghrébins et étrangers venus à la recherche de la spécificité de la région du Kef et de Jendouba. Cette manifestation s'ouvre à tous les goûts. «Elle s'inscrit dans le développement du produit de la région du Kef et de Jendouba. C'est une opération commerciale d'envergure. L'ONA vise à rapprocher les régions de l'intérieur et à les introduire dans les circuits centraux», a poursuivi M. Chatty. L'ONA gère à travers la Banque tunisienne de solidarité (BTS) le fonds de roulement et valide les obtentions des crédits. L'artisan a recours ainsi à la délégation régionale qui est placée sous l'égide de l'ONA. Cette dernière dispose d'un corps de contrôleurs pour assurer le contrôle de la qualité. Ainsi, le tapis, le tissage, le margoum et la chéchia ainsi que le cuivre martelé et le cuir bénéficient d'un label octroyé par l'ONA. Spécificité de chaque région La spécificité du Kef est le tissage du klim. Les artisans keffois ont pu obtenir le 1er prix du concours de création de tissage au cours du Salon de l'artisanat qui se tient chaque année au Parc des expositions du Kram. Warda Saïdi est une artisane originaire du Kef ne parle jamais d'elle. Ce sont ses margoums et ses œuvres qui vous relatent la richesse de sa région. Sa vie se confond avec celle de ses œuvres. Elle a su rester jeune avec un air d'étudiant à la fois flegmatique et distant, courtois et direct. A 35 ans, elle rougit quand elle parle de ses margoums malgré ses 20 ans dans le métier. Elle emploie 40 femmes. Ses œuvres sont faites à la main. Elles sont 100% tunisiennes et spécifiques à la région. Elles regorgent des couleurs gaies portant les noms de «Morklin reprenti» «Gamret et Kef», la lune du Kef, et plus particulièrement de Tajerouine. Non loin de son stand, se trouve celui de Fatma Hatabi. Il regorge de poupées, 100% faits main. Sa vie est celle de ses personnages. «Ces poupées représentent le costume traditionnel masculin et féminin du Kef, la kachabia et la melia kefoises sont mes sources d'inspiration», indique-t-elle sur un ton plein d'assurance. Une histoire traditionnelle Merveilleusement douée pour ses créations qui sont à la fois classique, symboliste et précieuse, l'artisane a l'imagination fructueuse. D'un romantisme très modernisé, elle relate l'histoire traditionnelle orale de chaque poupée et de son costume. Cette délicatesse et fantaisie dans l'invention de ses articles ne laissent pas indifférents les visiteurs qui se dirigent en groupes vers son stand. La poupée traditionnelle kefoise est vendue à 35D. Tajerouine est riche en huiles. Le stand de Hana regorge de petites bouteilles d'huiles de nigelle, de pin, de figue de Barbarie. Ingénieur agronome de son état, notre jeune femme s'est spécialisée dans la production d'huile végétale en raison de la richesse de la région. «L'huile de nigelle est conseillée pour la migraine dans la mesure où elle équilibre le sang et le diabète», souligne Hana sur un ton de connaisseuse. L'huile d'ail et l'huile de sésame (pour gommage) sont très prisées. La bouteille est écoulée à 10D. Le savon d'huile d'ail est vendu, quant à lui, à 5D. La région de Jendouba est riche en sous-produits de la forêt, tels le bois sauvage, le bois de chêne, de pin, de liège, les fibres végétales, le raphia, l'oriel. Les produits de distillation sont l'eucalyptus, la menthe, la lavande. Parmi ses produits, la camomille est réputée pour ses propriétés anti-inflammatoires, anti-prurigineuses, anti-allergiques, sédatives, pré-anésthésiques, calmantes veineuses, prostatiques et lymphatiques, anti-tussives, régulatrices du système nerveux végétatif. L'eucalyptus a des propriétés antiseptiques, respiratoires, anti-bactériennes et anti-parasitaires. Le laurier est connu pour ses propriétés anti-bactériennes, anti-virales, antalgiques et antinévralgiques très efficaces. La région de Khroumirie regorge de ces produits dont un échantillon est exposé dans le stand fortement apprécié par les visiteurs.