Le retour au bercail de l'enfant prodige a été incontestablement la «sensation» du mercato de l'Etoile. Un come-back chargé d'émotions certes mais aussi de consécration de valeurs de la part de Chermiti à l'égard du club sahélien. Une relation quasi idyllique lie les deux parties. Quand talent et grande moralité se conjuguent chez un même personnage, cela ne peut que conférer davantage de respect à ce dernier. Amine Chermiti fait partie de cette trempe de joueur qui ne laisse personne indifférent là où il est passé, compte tenu de ses dons footballistiques, de sa correction et de son intelligence à toute épreuve. Le retour de l'enfant de Kairouan à l'Etoile a été «l'évènement» de cette intersaison, où les nostalgiques étoilés commencent à rêver d'une seconde épopée après celle de 2007, où justement Chermiti a été la révélation et l'un des plus grands artisans de la grosse et palpitante coupe du monde des clubs de l'Etoile de l'époque. Ce dernier a bien voulu nous livrer les péripéties de son «retour à la maison» et de sa nouvelle expérience avec l'Etoile, sans oublier bien évidemment les «dessous» de son départ «résolument» avorté pour le Rapid Vienne. Interview. A chaque mercato,on évoque votre retour à l'Etoile. Cette fois-ci, c'est la bonne. Comment ça s'est passé au juste ? «Il faut avouer d'emblée que je n'ai jamais coupé les ponts avec mon club, l'Etoile, qui m'a permis d'être ce que je suis aujourd'hui et à laquelle je suis profondément reconnaissant. En fait, après l'achèvement de mon expérience, somme toute intéressante, sous la casaque du club koweïtien d'Al Arabi dont les dirigeants ont éprouvé le souhait ardent pour renouveler le bail,j'ai été sollicité par plusieurs clubs, notamment un club turc et surtout la célèbre formation autrichienne de Rapid Vienne sur insistance de son directeur sportif qui me connaît parfaitement pour avoir occupé le même poste au FC Zürich. D'ailleurs, je me suis même rendu à Vienne suite à l'invitation de la direction de ce club, où j'ai été chaleureusement accueilli et où le coach du club m'a clairement signifié l'intérêt qu'il porte à mon égard. Le hic de la chose, c'est que les dirigeants du club autrichien devaient de se débarrasser d'un autre joueur étranger pour pouvoir m'enrôler. Entretemps, les dirigeants de l'Etoile se sont manifestés pour me convaincre de «rentrer à la maison»afin de monter une équipe compétitive et aux ambitions certaines en prévision notamment de la Ligue des champions,chose que j'ai acceptée illico presto sans la moindre condition. D'ailleurs, je n'ai même pas négocié les clauses de mon contrat et j'ai signé le bail que l'on m'a présenté sans la moindre objection». Mais après un début tonitruant — malgré un statut de réserviste il y a eu ce revirement de situation suite au regain d'intérêt des responsables autrichiens. Vous avez alors exprimé votre envie de quitter prématurément l'Etoile et répondre ainsi à l'appel du Rapid Vienne... «Soyons clairs et pragmatiques sans verser dans des attitudes superflues et maquillées. Je défie quiconque qui n'accorde pas d'importance à une sollicitation de la part d'un club aussi prestigieux que le Rapid Vienne. De plus, mon club l'Etoile allait bénéficier d'un montant intéressant suite à la disposition de la direction du club autrichien à payer la clause libératoire de mon bail avec l'Etoile,moi qui suis venu libre et donc je n'ai rien coûté à mon club. D'ailleurs, en guise de respect à ma «seconde famille», l'Etoile, j'ai demandé aux responsables autrichiens de prendre attache avec les dirigeants étoilés, alors qu'ils pouvaient «légalement» boucler l'affaire sans avoir l'obligation de passer par des négociations avec l'establishment de l'Etoile». Finalement, vous vous êtes résigné à repousser l'offre de Rapid Vienne et continuer par conséquent votre aventure avec l'Etoile. Quels sont les mobiles de cette décision ? «Ecoutez, dans la vie il faut faire des choix. De plus, il n'y a pas que l'argent qui compte, il y a des valeurs auxquelles j'attache énormément d'importance et qui interviennent fondamentalement dans mes décisions. Quand tu sors dans la rue et que les gens t'arrêtent et t'inondent de compliments et de souhaits pour rester et qui commencent d'ores et déjà à rêver d'un second sacre en Ligue des champions et surtout d'une 2e épopée en coupe du monde des clubs, tu ne peux pas rester indifférent et ça ne peut que te transcender pour faire plaisir à ces gens que je respecte énormément. Ici, je suis chez moi. De plus, je dois mettre en relief l'influence de mon père dans ma décision de poursuivre l'aventure avec l'Etoile et qui a éprouvé un ardent souhait de rester auprès de ma famille. Est-ce que vous avez été contacté par d'autres clubs tunisiens ? «Il est impensable pour moi de porter en Tunisie une autre casaque que celle de l'Etoile. Il ne faut pas oublier que ma famille vit à Sousse et je compte y vivre. Je voudrais que quand mon fils grandira, il se sentira fier que son père a été fidèle à l'Etoile et qu'il n'a pas changé de club,c'est important». Comment avez-vous trouvé l'ambiance à l'Etoile lors de ce second passage, et qu'est- ce qui a changé en vous depuis ? «Je dois vous avouer que tout a changé pour moi par rapport à mon premier passage depuis pratiquement 11ans. C'est comme si je découvre les lieux pour la première fois, c'est émouvant quand même. Pour revenir à votre question,on dispose d'un groupe talentueux avec un amalgame intéressant d'expérience et de jeunesse, outre une ambiance grandement conviviale qui prévaut dans les vestiaires. En ce qui me concerne,je sais ce qui m'attend. Je dois être le premier à me présenter à l'entraînement et le dernier à le quitter, histoire de donner l'exemple à mes jeunes coéquipiers que je considère comme des frères à part entière. Je ne prétends guère avoir le statut de vedette et je ne m'attends pas que l'on me déroule le tapis rouge. Je dois cravacher durement pour arracher ma place. Un message à l'adresse du public de l'Etoile qui attend beaucoup de vous ? «Je dois lui dire que je n'épargnerai aucun effort pour lui faire plaisir et le faire revivre des moments de bonheur. Je lui demande de nous soutenir dans les moments difficiles et de nous faire confiance parce qu'on dispose d'un groupe de grande qualité qui pourrait aller loin sur le double plan local et continental.