Nabil Baffoun : «L'absence d'un président à la tête de l'instance pourrait rendre notre tâche difficile» En l'absence de trois de ses membres pas encore remplacés, malgré des troubles sociaux à l'intérieur de l'instance, et en dépit de l'opposition de certains partis à l'échéance du 17 décembre pour l'organisation des élections municipales, le conseil de l'Isie semble encore attaché au calendrier décidé. Dans son refus au report des élections, l'Isie peut compter sur Ennahdha, dont l'un des dirigeants estime que les retarder « risque de nuire à l'intérêt suprême du pays », et peut également compter sur Nida Tounès qui se dit, contre toute attente, prêt à affronter les urnes. De plus, les organisations de la société civile qui travaillent sur le processus démocratique soutiennent, eux aussi, la tenue des élections le 17 décembre prochain. Cependant, ces dernières ont certaines exigences dont le vote en plénière du Code des collectivités locales (CCL). Pour ces organisations, seul le code pourrait permettre aux électeurs de faire un choix. « Nous ne pouvons pas imaginer une élection municipale sans le CCL, car le législateur pourrait dans ce cas revoir la copie du projet en fonction des résultats du scrutin, note Moez Attia, président de l'association Kolna Tounès. Aujourd'hui, la balle est dans le camp des politiques qui peuvent, dans des délais raisonnables remplacer les membres démissionnaires de l'Isie, élire un président et, surtout, voter le code avant novembre prochain ». Partisan du respect du calendrier de l'Isie, Moez Attia rappelle que le processus électoral a d'ores et déjà été enclenché par l'opération d'enregistrement des électeurs et que faire avorter ce processus serait irresponsable. Le doute, malgré tout Toutefois, la position du président de la République Béji Caïd Essebsi, à qui revient la charge de signer le décret de convocation des électeurs, a semé le doute. En effet, le président de la République lie sa signature à l'élection des trois nouveaux membres du conseil de l'Isie. « Certes, il est important d'élire un président pour l'instance, mais je ne vois pas pourquoi on lierait la tenue des élections au remplacement des membres démissionnaires », déclare Moez Attia. Pour les ONG, qui observent depuis le début l'inscription des électeurs, il n'existe pas de dysfonctionnements majeurs au sein de l'Isie pouvant justifier un quelconque report des élections. Du côté de l'Isie, le mot d'ordre est clair : pas question de repousser les élections. Les membres du Conseil le répètent chaque jour aux journalistes : « Tout est prêt pour que les élections aient lieu comme prévu. Contacté par La Presse, Nabil Baffoun, membre de l'Isie, semble tout de même d'accord avec le président de la République. Pour lui, il sera très difficile pour l'Isie d'organiser les élections dans des conditions propices si le vide au sein du Conseil n'est pas comblé. « Le président de l'Isie va être amené à signer des textes réglementaires, précise Nabil Baffoun. Si l'administration est prête, l'absence d'un président pourrait malgré tout rendre notre tâche difficile ». Nabil Baffoun reste quand même sur la même ligne que le reste de l'équipe de l'Isie : « Nous n'avons aucune raison de chambarder le calendrier ».