KHARTOUM (Reuters) — Les rebelles darfouris du Mouvement justice et égalité (JEM) sont prêts à signer un accord de cessez-le-feu provisoire avec le gouvernement soudanais, a déclaré hier leur porte-parole. Un accord-cadre sur les termes de futurs pourparlers de paix pourrait être imminent, a ajouté Ahmed Hussein Adam. Le JEM, l'un des principaux mouvements de rébellion du Darfour, vaste territoire de l'ouest du Soudan, a déclaré qu'un tel accord représenterait une avancée mais ne mettrait pas fin à son combat contre Khartoum. "Ce n'est la fin de rien. Ce n'est que le début", a déclaré Ahmed Hussein Adam de N'Djamena, où il précise que la direction du JEM a dialogué avec une délégation du gouvernement soudanais pendant ces trois derniers jours. "Nous sommes prêts à signer un cessez-le-feu temporaire quand les termes d'un accord-cadre auront été acceptés", a-t-il expliqué. Vendredi, la télévision nationale soudanaise avait rapporté que le Soudan était proche d'un accord-cadre. De son côté, le Président soudanais avait indiqué à ses partisans que de bonnes nouvelles en provenance du Darfour devraient arriver dans les prochains jours. Plusieurs responsables du JEM ont expliqué que l'accord-cadre devrait inclure une liste de sujets sur lesquels négocier, tels que les compensations financières accordées aux habitants du Darfour, l'accès aux organisations humanitaires, mais aussi "le partage du pouvoir" et le "partage des richesses". "Une fois que Khartoum signera cet accord-cadre, il s'engagera à payer des compensations (...) Le montant et les modalités seront sujets à la discussion", a expliqué à Reuters un important responsable du JEM, Al Tahir Al Feki, joint par téléphone. L'accord, s'il était confirmé, représenterait une avancée majeure dans la résolution du conflit du Darfour, qui a fait depuis 2003 quelque 300.000 morts et deux millions de déplacés. Le JEM est l'un des principaux mouvements de rébellion de ce territoire vaste comme la France. Il est considéré comme le mieux armé de tous et avait lancé en mai 2008 une offensive sans précédent sur Khartoum. Plusieurs tentatives de compromis entre les deux parties ont échoué, la dernière en date à Doha l'an dernier. Les rebelles du Darfour, pour la plupart non arabes, ont pris les armes en 2003 en accusant le gouvernement de Khartoum de négliger la région. Au début du mois, à l'occasion d'une visite inopinée du Président tchadien à Khartoum, le Soudan et le Tchad ont décidé d'enterrer la hache de guerre et de cesser de soutenir leur rébellions respectives. La réconciliation entre les deux pays était considérée comme essentielle à un règlement du conflit du Darfour. L'accord annoncé à Khartoum interviendrait deux mois avant les premières élections démocratiques depuis 24 ans au Soudan, au cours desquelles Al Bachir sera candidat à sa propre succession.