Demain, lundi 30 octobre, une journée particulière au Parlement. Les députés ne quitteront le palais du Bardo qu'après avoir élu le nouveau président de l'Isie ou peut-être la nouvelle présidente Finalement, c'est demain, lundi 30 octobre, que les députés auront à élire le nouveau président de l'Instance supérieure indépendante des élections (Isie). Deux candidats parmi les six ayant postulé à la présidence de l'Instance restent en course. Il s'agit de Mohamed Tlili Mansri, qui a réussi à remporter 95 voix, et de Najla Brahim, qui a vu 48 députés voter pour elle au cours du 1er tour. Les deux candidats partagent la particularité d'être deux nouveaux membres du conseil de direction de l'Isie qu'ils ont intégré, fin septembre dernier, dans le cadre du comblement de la vacance de trois postes à la suite de la démission de Chafik Sarsar, ancien président de l'Isie, de Mourad Ben Moula et de Lamia Zargouni. Vendredi 27 octobre, les députés n'ont pas réussi à choisir le fameux candidat consensuel qu'on attend depuis des mois. De plus, personne parmi les six candidats n'a réussi à arracher la confiance de 109 députés, soit la majorité absolue (50%+1 voix) et encore plus inquiétant ou significatif du changement de la donne au sein du Parlement, les deux derniers finalistes Anis Jarboui avec 78 voix et Nabil Baffoun avec 76 voix ont gagné cette fois la confiance de deux députés chacun. Que retenir des résultats réalisés vendredi et que peut-on attendre de la séance plénière de demain ? D'abord, une constatation première : Nabil Baffoun, qui est membre de l'Isie depuis 2011, n'aura plus à y passer six ans encore (le mandat du président) et pourrait même quitter l'Instance lors de l'opération-renouvellement du tiers du conseil de direction, opération que le Tribunal administratif a ordonné d'effectuer avant que le Parlement ne procède à l'élection du nouveau président. Ensuite avec Najla Brahim et Mohamed Tlili Mansri qui se disputeront demain la présidence de l'Isie, nous aurons droit à un nouveau visage qui aura la responsabilité de gérer les municipales de 2018, les régionales, les législatives et la présidentielle de 2019 et pourquoi pas une femme à la tête d'une aussi importante instance constitutionnelle que l'Isie, la seule qui bénéficie encore de la confiance des Tunisiens. Bien que sa dernière crise ait entaché quelque peu sa crédibilité, poussant certaines voix à dire qu'elle est désormais sous la coupe des deux partis les plus influents en Tunisie, en l'occurrence Ennahdha et Nida Tounès, «qui font tout pour la soumettre à leur volonté et contractent des deals douteux aux dépens de la seule instance qui constitue une fierté nationale et vaut à la Tunisie l'estime et la considération du monde». Et ces mêmes voix n'hésitent pas à souligner leur crainte de voir l'Isie perdre son aura et sa crédibilité «au cas où les tiraillements sur l'identité de son président persisteraient encore et les appels récents au retour à la supervision et à l'organisation des rendez-vous électoraux par le ministère de l'Intérieur comme en France et en Grande-Bretagne ne sont pas pour faciliter la tâche des membres de l'Isie, plus particulièrement son nouveau ou sa nouvelle présidente». Le consensus du week-end Maintenant que le temps presse, les Tunisiens commencent à perdre patience et ce qui se passe au sein du Parlement, notamment ces réunions interminables et infructueuses des chefs des blocs parlementaires, est devenu exaspérant. L'on se demande qu'est-ce que feront Noureddine B'hiri et Soufiène Toubal, les chefs des groupes parlementaires d'Ennahdha et Nida Tounès, pour dénicher au cours du week-end en cours (samedi et dimanche) le tant attendu candidat consensuel. Et certains observateurs s'interrogent «en contrepartie de quoi, Ennahdha, qui a pris l'habitude de cautionner les choix de son partenaire Nida Tounès, va-t-il obliger ses députés à voter, demain, pour le candidat que Hafedh Caïd Essebsi et Soufiène Toubal ont l'intention de choisir ?». En tout état de cause, «la plénière du lundi 30 octobre ne sera levée qu'avec l'élection du nouveau président de l'Isie», indique Noureddine B'hiri, chef du groupe parlementaire nahdhaoui.