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L'idéal n'est pas une utopie
Contre point
Publié dans La Presse de Tunisie le 23 - 02 - 2010


Episodiquement, partiellement, à titre général ou particulier, le débat culturel reprend dans notre pays. L'impulsion vient d'en haut, ce qui témoigne d'une volonté de rompre avec «la réthorique de jadis» et de transposer enfin la réflexion sur les arts et la culture et sur leur support essentiel, les médias et l'audio-visuel, en des actes concrets, effectifs et durables. Ici, du moins, le débat sur la culture se résume en un questionnement simple : choisir, trancher, ou «pire», concilier entre ce qui vaut et ce qui est. N'usons pas de détours : ce qui vaut dans la culture, c'est ce qui améliore le monde et les hommes. A notre niveau de pays émergent, c'est faire progresser les intelligences, les consciences et les compétences. L'éducation sert à cela, sous tous ses rapports, de l'école, à la famille, aux institutions de la société civile, à la contribution des élites, à la présence et à l'influence des penseurs. La création culturelle et artistique, y participe aussi. Cela paraît évident, mais dans ce contexte précis rien n'est moins sûr que de garantir «la fiabilité» et la pérennité des œuvres et des maîtres d'œuvre. Glissement de sens Qu'entendre alors par ce qui est ? Les anthropologues répondent sans hésitation : c'est tout ce qui fait notre manière d'être, ce sont nos modes de vie au quotidien, et ce qui nous particularise en termes de comportements et de caractères. Il fut un temps, pas très lointain, où la distinction entre culture éducative et artistique et culture anthropologique était claire aux yeux de tous. On savait alors faire la différence entre «un phénomène de société» et une composition deRiahi ou de Pierre Boulez. Subitement, néanmoins, et sous la poussée de l'intelligentia de gauche dans la France des années 80, le concept de «démocratisation de la culture» s'est imposé aux esprits, pour aussitôt faire tache d'huile partout. En tant que telle, la démocratisation de la culture est une entreprise louable. Quel gouvernant lucide refuserait-il l'accès aux arts et à la pensée au plus grand nombre ? Quel décideur éclairé n'aimerait-il pas que la majorité des publics soit, autant que possible, initiée au savoir et au bon goût. Le problème, toutefois, est qu'au fil des années, et en partie à cause de la subtile intrusion des pouvoirs privés économiques dans la production et la commercialisation de la culture à partir des années 90, il y a eu glissement de sens : l'idée de démocratisation a été détournée de son ambition première. La culture de masse est née ainsi. Aux yeux des nouveaux marchands, c'était une statistique de consommateur. Une clientèle quantifiée. «Une part de marché». Quel qu'en fût la valeur. Quel qu'en pût être l'impact ou la qualité. Du point de vue des establishments, c'était «l'argument nécessaire», le faire valoir principal d'une «politique réussie du loisir collectif». Si le débat sur la culture «chauffe» un peu, aujourd'hui, c'est, précisément, parce que, quelque part, on commence à percevoir les risques de cette mutation. Depuis 1990 à nos jours, le commerce des arts et de l'audiovisuel a largement eu le temps et les moyens de se constituer en vraie alternative socio-culturelle. Force est, cependant, d'admettre que c'est sans grands résultats. Deux exemples criards : la musique qui n'a débouché sur aucune innovation, aucune nouveauté d'école, pour tout dire sur aucun projet. Et l'audiovisuel happé pendant près de deux décennies par ses fictions basse gamme, ses clips, ses star-académies, son inflation de chaînes sportives, ses dizaines de télé-réalités, et dont on ne récolte, au final, qu'acculturation, confusions linguistique et identitaire, dégradation des niveaux, voire, lassitude des publics et des marchés. Ce que nos élites sont appelés à discuter en ce moment, c'est comment faire face à un brusque et profond «dysfonctionnement» du système médiatico-culturel, et, par dessus tout, s'il est possible de surmonter le «passif accumulé». Le «nœud gordien» reste, à vrai dire, le même : les entrepreneurs privés continuent d'invoquer «l'avènement d'un nouveau monde» et «la transformation irréversible des publics», alors lors que l'intelligentia et les cadres de la culture revendiquent «le droit à la réhabilitation des valeurs». Sous le déguisement des mots Réalisme ? soit. On ne peut par le simple bon vouloir effacer la culture marchande et ses centaines de millions d'adeptes de par le monde. Même à notre petite échelle, locale ou arabe, le combat contre l'argent des satellitaires et le recul culturel du spectateur est loin, très loin d'être gagné. Mais résignation, non. Absolument non. Le langage des «privés» qui consiste à accepter «les réalités comme elles se présentent» et «d'obeïr inconditionnellement aux préférences générales» cache, en fait, le désir de s'en tenir aux solutions faciles. Ce sont les séquelles de «la vogue populiste des années 80». On appelle «démocratisme culturel» ce qui s'exprime «à tout venant», le dernier phénomène en date : bref ce qui se répand le plus et ce qui se vend le mieux. Le jargon, qui plus est, «sonne d'ailleurs», ce sont des anglicismes à la mode pour désigner le plus gros «buzz», «ce qui fait tabac sur le face-book». Devant cette éloquence «super branchée», à la limite insolente, on reste sans voix. La diversion à fait définitivement mouche: On parle toujours argent, recettes, marché, buisiness «chantant» et «tranchant» mais à travers le débit. Le bon sens, dans notre contexte actuel, est, croyons nous, d'en finir avec toutes les conclusions hâtives … et les beaux déguisements. Ce discours, pseudo scientifique, d'un monde qui change sans espoir de retour, ou les technologies nouvelles et la puissance des investisseurs est l'unique alternative future, et où la culture et les arts ne se réforment plus, est un discours qu'il faudrait s'empresser de remettre en cause. L'histoire de la culture n'est pas l'histoire des sciences exactes. Elle n'est pas linéaire ou chronologique. Elle est, toujours, toujours sujette à inversion rattrapable. Et c'est une histoire où l'idéal d'effacer le «passif» et le «régressif» et de renouer avec le meilleur des arts s'est presque toujours réalisé au concret. Que tous les «affairistes» le sachent: ça n'est jamais une utopie !

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