La saison est décidément à la danse. Festivals, rencontres et journées se succèdent. Rien a priori ne semblait destiner Nadra Ben Hamida à la danse, si ce n'est un goût immodéré du rythme, une curiosité des autres cultures, et une passion avouée pour cette forme d'expression. Ce qui explique que, bien que venant d'horizons différents, elle créa, il y‑a quelques années, l'Association danses et musiques du monde. «C'était en 2001. A l'époque, on n'offrait pas grand choix aux amateurs. Nous avons décidé, avec trois amies, de dynamiser le secteur. Et d'ouvrir de nouveaux horizons à tous ceux que la danse comme moyen d'échanges culturels pouvait intéresser». L'association danses et musiques du monde s'ouvrit en fait à tous les horizons : au flamenco, parcequ'il nous était si proche, aux danses afro-brésiliennes parce qu'elles étaient si enlevées, aux danses afro-cubaines parce qu'elles nous faisaient vibrer, à la rumba parce qu'on l'avait oubliée, et, beaucoup plus près de nous, à notre folklore, parce qu'il est si beau, et qu'on n'en connaît pas toujours les subtilités. Dans chaque domaine, on invitait des spécialistes, et on investissait un lieu. C'est ainsi qu'on a invité Virginia Pozo, Pedro Rosa, ou la célèbre Khira à animer ces stages qui ont pour particularité d'être ouverts à tous, petits et grands, néophytes ou initiés. L'an passé, cependant, l'Association prenait du champ, et organisait des week-end de danse à la campagne. On avait investi pour cela le Studio Bambou monté par Nawal Skandrani et Kamel Fouratti à Boukrim, du côté de Korbous. L'expérience de «délocalisation» s'étant avérée positive, c'est bien plus loin que Nadra Ben Hamida se propose de mener ses danseurs. «La danse est aussi, pour nous, une façon d'aller vers les autres. C'est au Sénégal que je propose à nos danseurs de partir. Il existe là-bas, à Toubab Dialaw,dans un village de pêcheurs, à quelques kilomètres de Dakar, une école mythique: l'Ecole des Sables que dirige Germaine Acogny, une chorégraphe célèbre qui a dirigé la première école panafricaine de danse créée par Béjart et Senghor. Ce centre a pour objet de devenir un lieu de référence pour la rencontre des danseurs et des chorégraphes du monde entier, et de l'Afrique en particulier. Je propose à nos stagiaires une immersion totale dans une école, dans un pays, dans une culture. Nous danserons, mais nous visiterons également le pays, l'île de Gorée, nous passerons une nuit dans un gîte rural, nous ferons une promenade en pirogue dans la mangrove…». Le stage aura lieu du 16 au 23 mai prochain. En attendant les prochaines rencontres que Nadra Ben Hamida prévoit d'organiser en Espagne pour le Flamenco, au Brésil où tout le monde rêve d'aller, ou à Cuba, pourquoi pas ?