Fondée dans les années 1980 par le grand poète Jaâfer Majed, disparu l'année dernière, la revue culturelle Rihab el maârifa est actuellement placée sous la direction de son fils, Moez Majed, également poète dans la langue de Molière. Le n°75 (juillet-août 2010) vient de paraître avec un sommaire aussi fécond que dans le passé et comme l'on s'y attend, car, à la différence des autres publications, Rihab el maârifa s'illustre par la qualité de ses rédacteurs et par la richesse des sujets traités (poésie, littérature, musique et peinture). Dans son éditorial, Moez Majed s'est longuement interrogé sur l'intensité, le degré d'implication des jeunes dans la culture, particulièrement en cette année où la Tunisie, à l'instar de tous les pays de la planète, célèbre avec une fierté légitime la jeunesse. L'éditorial reflète et traduit l'orientation générale engagée dans cette voie ainsi que la portée d'un tel événement et l'étendue réelle d'une telle mesure auprès des jeunes. Tous les tenants et les aboutissants de la question ont été étudiés; de même que la relation entretenue entre les jeunes et la culture et à quel niveau se situe la culture dans l'échelle de leurs préoccupations et jusqu'à quel degré ils sont impliqués. Parce qu'ils sont en quête de leur identité, les jeunes vont la chercher dans les livres lus où ils essaient de trouver un sens à leur existence, ou dans la musique avec toutes les sensations qu'elle leur procure, dans la peinture et la perspective différente et variée des couleurs et, enfin, dans le cinéma qui exalte le rêve et l'évasion. Il ne fait pas de doute que tous ces éléments, conjugués un à un, contribuent en définitive à parfaire le caractère des jeunes. A l'heure de l'Internet et de Facebook, poursuit Moez Majed, et avec la rapidité de la circulation de l'information grâce à une technologie de pointe, il suffit de cliquer, d'actionner la souris d'un micro-ordinateur pour trouver réponse à tout. Ces considérations nous amènent à nous poser des questions sur un sujet qui préoccupe légitimement nos créateurs : les droits d'auteur. Sauf que ce point ne se pose pas dans les mêmes termes selon que l'œuvre en question correspond aux valeurs morales, spirituelles et politiques de la société ou bien qu'elle est en contradiction avec elles. Toujours est-il que dans les deux cas de figure, l'œuvre participe activement à une dynamique qui combat l'immobilisme et l'inertie des idées et de la pensée. C'est précisément là la charte d'une culture agissante, née d'une réalité objective vécue au quotidien par une jeunesse confrontée à des défis existentiels appelés à être relevés. Le sommaire nous offre un ensemble de thèmes variés à volonté. Il y va d'une étude de Samir Marzouki autour de l'ouvrage de Mohamed Marzouki intitulé «L'idéal des Bédouins dans l'errance», à la poésie de Ymen Amara dans «Le pénitencier sentimental», à l'étude de Mohamed Salah Ben Amor, «La désagrégation des écoles et l'irruption des sexes dans le roman moderne tunisien». Le professeur Mohamed Yaâlaoui a traité de «La réflexion sur la langue de demain en Tunisie». Mohamed Ghozzi du «Retour au paradis», Moncef Louhaïbi de la poésie et de la musique, Amèle Moussa de son poème «Remplie de fautes», Ali Louati de «La singularité de l'architecture et du dessin». Les deux peintures illustrant les couvertures de la revue sont de l'artiste Samir Makhlouf. Un numéro riche en matières et instructif en idées à feuilleter obligatoirement.