Pour booster les ventes, des concours de jeux sont organisés Canapé, table basse, ventilateur placé sur une vieille télévision recouverte d'une nappe blanche, mur recouvert de photos de vieux couples enlacés ou qui s'embrassent. C'est le décor rétro et romantique qui est la vitrine de «Chez ma griffe» à l'occasion de la Saint-Valentin. La première enseigne du dépôt-vente de vêtements de luxe griffé en Tunisie lancera, dans quelques jours, son site de vente en ligne. Meriem Zebidi Maâla, sa propriétaire, styliste de formation, a lancé cet établissement il y a près de vingt ans. Trente ans en arrière, elle était la première créatrice de mode agréée par l'Etat. A 18 ans après une école de mode à l'IMT, puis un stage en France chez Ezzedine Alaia. De retour à Tunis, elle a créé la première maison haute couture pendant dix ans. En 1989, elle obtient le fil d'Or. Puis, elle décide d'abandonner la haute couture et de se tourner vers le dépôt-vente de luxe d'abord en commençant par sa propre garde-robe qu'elle a constituée avec amour : «Au début, je voulais alléger ma garde-robe». Petit à petit, son entreprise grandit en se transformant en dépôt-vente de vêtements, de chaussures et d'accessoires. Un sac offert mais qui ne sert pas, une robe portée une fois au cours d'une soirée et restée sur un cintre, épouses d'ambassadeurs, d'hommes d'affaire, hauts cadres mettent en dépôt leurs tenues durant quatre mois pour les vendre. «J'étudie le prix de vente avec la cliente. Je gagne 25% sur la vente, le reste revient à la cliente. Certaines d'entre elles ont pu constituer un compte en banque avec ces ventes», assure Meriem. Le bouche-à-oreille a fait son effet et le commerce s'est agrandi. Toute la maison est consacrée désormais à la vente des vêtements de luxe exposés avec beaucoup de goût sur des mannequins, les chaussures et les sacs sur des étagères et les accessoires dans des vitrines. Qu'est-ce qui fait courir les femmes pour ce style de vêtements ? «Parmi les clientes, il y a les fashion victimes et celles à la recherche de l'originalité adeptes du luxe et de la qualité. Pour ces femmes, l'idée est d'acheter du luxe à des prix étudiés». Aujourd'hui «Chez ma griffe» dispose de 8 mille dépôts-vente et est suivi par 150 mille fans sur les réseaux sociaux. Des clientes avisées ont ouvert des boutiques de dépôt de vente de vêtements, à l'instar de celle de Mariem Maâlla, mais cette dernière est considérée par les clientes comme l'un des meilleurs dépôts-ventes de luxe du pays grâce à la qualité des vêtements, leur exposition en magasin et l'accueil convivial. Une page facebook propose les nouveaux arrivages avec des photos et des citations des objets : «chaque pièce est unique et raconte une histoire que j'essaie de transmettre aux éventuelles aficionados au budget réduit contentes d'accéder enfin au luxe», confie la gérante. Un sac Chanel à dix mille dinars Qui sont les clientes ? Quelles classes sociales représentent-elles ? «Les clientes sont des femmes dont l'âge se situe entre 22 et 38 ans et appartiennent à toutes les classes sociales, de la fonctionnaire à la femme d'affaires, en passant par la banquière, l'enseignante ou la ministre, mais aussi les chanteuses et les actrices». Les prix varient de 80 dinars à plus de 10 mille dinars. «J'ai une liste d'attente de clientes pour le sac Chanel dont le prix est de 10 mille dinars», révèle Meriem. Un prix qui paraît excessif mais pas pour les fans qui considèrent le prix raisonnable pour ce produit de marque. Tous les vêtements, chaussures et accessoires sont expertisés avant d'être exposés en magasin, et ce, pour rassurer les clientes sur la qualité et l'authenticité des articles. «Je commence à travailler à partir de 16h00 et puis, après le départ du personnel et la fermeture de la boutique, mon travail se poursuit jusqu'à 3h00 du matin. Le but de l'examen des objets est de traquer la contrefaçon et de sélectionner ceux qui sont authentiques». Le souci est d'insuffler un supplément d'âme à ces habits et d'entretenir la confiance avec les clientes qui entrent en vie avec ces «secondes mains». Alors Meriem accompagne les objets d'explication et de citations pour attirer l'attention des clientes. Autrefois, les clientes exigeaient la discrétion totale et ne voulaient pas que leurs proches et amies sachent qu'elles mettent en vente leur vide-dressing ou qu'elles achètent des vêtements d'occasion. «Il y avait une certaine gêne de vendre leurs vêtements». De nos jours, les mentalités ont changé les consommatrices se sentent à l'aise à l'égard de ces vêtements de seconde main et n'ont aucun complexe à se vanter de l'achat d'un objet utilisé mais jamais bradé. La démarche consiste à porter un vêtement pendant une durée limitée, de le revendre et ainsi de le réinjecter dans le système. Pour rester toujours au top et booster les ventes, la maison organise des concours de jeu. Le jour de notre visite, une cérémonie de remise des prix à la gagnante du concours s'est tenue dans le magasin en présence de l'actrice Aïcha Attia. L'heureuse gagnante a reçu une somme de 500 dinars en bon d'achat d'articles de la maison.