La musique symphonique a ses amateurs et ils sont nombreux, puisqu'ils ont rempli la Bonbonnière, dimanche dernier, à l'occasion du 3e concert de l'Orchestre symphonique tunisien sous la houlette du maestro Hafedh Makni, qui a rendu un hommage au prodige Wolfgang Amadeus Mozart et ses amis qui l'ont côtoyé. Pas de place vide au Théâtre municipal, même les strapontins étaient occupés. Plus d'une quarantaine de musiciens ont rempli la scène qui paraissait exiguë. Hafedh Makni, habillé d'une redingote noire et baguette à la main, donne le la avec «La flûte enchantée», composé par Amadeus quelques semaines avant sa mort. On a parlé de ce chef-d'œuvre comme étant son testament lyrique. Cette composition lumineuse s'adresse aux hommes de tout âge et se prête à différentes interprétations, ce qui la rend mystérieuse et fascinante. Puis, ce fut le tour de la soliste Yosra Abid d'interpréter un fragment de «La reine de la nuit n°1» du même Mozart, qui est le premier air de l'opéra «La flûte enchantée». Le public écoutait avec recueillement la suite du concert consacré à WA Mozart. L'Orchestre a proposé deux morceaux des amis de ce génie de la musique symphonique : «Sinfonia en si bémol majeur» de JF Reichardt et «Che faro senza Euridice» de CW Gluck, ce dernier morceau d'opéra est chanté par la soliste Emira Dakhlia. Retour à Mozart et la «Symphonie n°29» qui est l'une des dernières symphonies dites «Salzbourgeoises» que Mozart a composées à l'âge de 18 ans. Elle s'approche du lyrisme et de la joie, et se détache de la sorte des symphonies de l'époque. Retour sur scène de la soliste Yosra Abid pour un autre fragment de «La Reine de la nuit n°2», qui sera suivi de la «Petite musique de la nuit» et de la sérénade n°13 en sol majeur qui est la dernière sérénade composée en 1787 par Mozart. L'un des moments le plus spectaculaire de la soirée est l'entrée en scène du piano sur lequel le jeune virtuose Aziz Jomni, fortement ovationné par l'assistance, a assuré le Concerto en ré majeur pour piano de J. Hayden. Retour du piano dans les coulisses. Les musiciens s'affairent pour regagner leur place. Silence dans la salle et c'est au tour de la soliste Emira Dakhlia de retourner sur scène pour offrir au public un morceau de Mozart intitulé «Non So Piu». Puis, cerise sur le gâteau lorsque le second rideau de la scène s'ouvre pour laisser apparaître derrière l'orchestre une grande chorale formée de plus d'une soixantaine de chœurs. Le moment est magique. La chorale chante «Cosi fan Tutte» de Mozart, suivi de «Les nuits de Mozart à Tunis» de Makni, qui est une relecture tunisienne avec percussions : darbouka et tabla du célèbre air de Mozart. Et pour terminer toujours en beauté, l'Orchestre symphonique tunisien joue le final de l'«Enlèvement au sérail» de l'illustre compositeur autrichien qui a laissé une œuvre musicale des plus riches et des plus belles du monde. L'Orchestre symphonique tunisien, créé en 1969, par le ministère de la Culture, a connu des hauts et des bas. Actuellement, sous la direction de Hafedh Makni, il retrouve un regain de vitalité et a reconquis le public grâce à des concerts mensuels bien préparés et qui révèlent une génération de talents prometteurs.