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Ali Chabouh, ancien joueur du COT et entraineur : «Et le recyclage ?» Dossier : Professionnalisme, qu'est ce qui doit changer ? IIéme partie : La formation
Formé en Roumanie, à l'Institut supérieur de formation des entraîneurs, l'ancien milieu offensif ou attaquant du Club Olympique des Transports de la Belle époque a coaché son ancien club à trois reprises, l'USB, l'AMS, l'USBG, l'UST, le CSM, l'ASK et l'ASG qu'il a fait accéder en L1. En plus d'une expérience aux Emirats et en Arabie Saoudite. «Dans notre métier, le recyclage est indispensable pour rester au fait des grandes évolutions du football. Celui-ci change à un rythme vertigineux. Une blessure aux ligaments croisés, on peut se rétablir juste après deux ou trois mois. En Europe, on joue tous les trois jours. Un footballeur dispute en moyenne plus de soixante matches par saison. Malheureusement, les jeunes techniciens n'accordent qu'un intérêt secondaire au recyclage. Pourtant, ils gagnent beaucoup. Combien leur coûterait un billet d'avion pour la France, l'Italie l'Angleterre ou l'Espagne où ils iraient se former, se recycler, apprendre, mettre leurs idées en confrontation avec les sommités du foot mondial ? Personnellement, je suis parti apprendre au PSG et à Lyon, sans parler de mes voyages réguliers en Roumanie où j'ai décroché mon diplôme. J'aurais aimé aller me recycler à Barcelone; malheureusement, l'opportunité ne s'était pas présentée pour le faire. Il n'y a qu'à voir l'infrastructure dont disposent les entraîneurs des jeunes et qui constitue un sérieux frein. Par exemple, au COT, mon club d'origine, elle accuse un retard terrible. Regardez les installations du Parc A. Hamda Touiri, l'adjoint de Bertrand Marchand au CA, me racontait dernièrement l'état catastrophique des installations du Parc Mounir Kebaïli, notamment celles mises à la disposition des équipes des jeunes. Non, vraiment, notre football a besoin d'une véritable révolution. Le foot est d'abord formation, travail, planification, patience. Or, à quoi assiste-t-on ? Les gens se chamaillent pour un penalty accordé ou non, pour des erreurs arbitrales...Le fils de Flen doit être intégré chez les cadets, l'enfant de Felten doit être protégé chez les juniors... L'autre jour, mon ami Wahid Mnif, de la Direction technique nationale, me faisait remarquer que les entraîneurs possèdent généralement un contrat-béton. Je constate pourtant qu'ils se laissent aller, d'où l'instabilité du cadre technique. Tel entraîneur veut prendre la place de l'autre et l'attend au tournant. Partout, la religion du résultat immédiat: on ne concède aucun faux-pas, le coach est vite congédié. Le plus étonnant, c'est que les entraîneurs tunisiens réussissent généralement à l'étranger où ils trouvent d'excellentes conditions de travail. Là-bas, les clubs proposent six ou sept terrains pour les jeunes. Chez nous, on en est encore à un cadet qui repasse son crampon à un autre joueur d'une autre catégorie pour jouer avec. «Où sont passés les inspecteurs des sports civils ?» «Le talent, qui pullule à Mellassine, un formidable réservoir est condamné à rester à l'état brut. Tout autour, Hay Helal, Essabkha, Hay Ezzouhour..., le talent n'a jamais manqué. Seuls les moyens et les terrains font défaut. Le RFR (Réseau ferroviaire rapide) a proposé un parrainage du COT, d'importants fonds devant être drainés. Le passage par cette région du RFR donne la possibilité d'une telle action d'envergure. Je ne sais pas qui a fait avorter ce projet dans une région où la priorité va à la jeunesse. Il n'y a pourtant pas meilleur moyen pour combattre la délinquance, le terrorisme, la violence, les extrémismes, la drogue... Le foot peut aider la région à décoller grâce à la vente par le COT des joueurs, et à la promotion sociale que peut assurer le sport-roi. Mon club d'origine a du reste eu cette noble vocation. Notre football propose le paradoxe de bons jeunes techniciens fragilisés par l'impatience des dirigeants, alors qu'en parallèle, des joueurs très moyens sont payés 100 mille dinars par mois, ou même plus. Bref, il faut encourager les plus ambitieux parmi le corps des techniciens. Quelqu'un comme Sofiène El Amri, que j'ai vu exercer chez les jeunes cotistes en 2016, mérite d'aller loin. Le plus gros du travail se fait à ce niveau. Une fois arrivé dans la catégorie seniors, le footballeur ne va plus apprendre grand'chose. Jadis, le corps des inspecteurs des sports civils rendait des comptes sur l'état des lieux au sein des clubs au ministère de tutelle. Aujourd'hui, par quel moyen peut-on contrôler un club ? Le ministère possède-t-il un seul moyen de le faire ?».