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WALID KOUKI (AGENT FIFA) «Juge et souffre-douleur !» Dossier : Professionnalisme : qu'est-ce qui doit changer? IV partie : Arbitrages, structures et formation
«Au sein de notre Ligue 1 professionnelle, l'arbitre, est à la fois juge et souffre-douleur. Car les erreurs d'arbitrage alimentent de plus en plus la chronique ordinaire du plus populaire des sports. On ne parle plus de football mais d'arbitrage, surtout en fin de saison. Là, c'est le printemps, période des pré-remaniements. C'est aussi le temps des excuses, de la désolation ou du ressentiment. Là, on aime la mise en scène et le spectateur veut des émotions. Donc, haro tout d'abord sur l'arbitre! Franchement, je vous retourne certaines questions : que pensez-vous du lynchage médiatique et des excuses auxquelles se sont livrés certains hommes en noir après leurs erreurs d'arbitrage ? C'est comme si on appréciait de pouvoir taper, au moins verbalement, sur les arbitres. Bien sûr, fini le temps où quand ils se trompent, les arbitres évacuaient le problème en disant qu'ils sont les seuls à décider. Effectivement, il faut bien trancher pendant un match. Mais nous ne sommes tout de même dans une sorte de posture en vue de justifier une supposée arrogance ! Vous savez, le monde du football est aussi enchanteur que destructeur. J'espère qu'un jour, chez nous, en Tunisie, on aura l'occasion de démonter les clichés liés à cette profession. Je pense aussi que pour les arbitres, il paraît logique de reconnaître une erreur. Personnellement, ça me semble normal dans le sens où un arbitre doit être dur envers lui-même. Il doit être un perfectionniste quand il est sur le terrain. Quand il estime ne pas avoir pris la bonne décision, il doit reconnaître ses fautes, ce ne devrait pas être un souci. Le but maintenant, c'est de ne pas la reproduire, l'erreur ! Volet notation maintenant, il faut être davantage exigeant. Car à terme, cela fait partie intégrante de l'émulation et de la compétition. Les arbitres doivent apprendre de manière continue, consolider les acquis et se recycler. En fin de compte, si leurs performances ne sont pas au niveau attendu, ils tomberont dans l'anonymat. Est-ce normal que seul Anouar Hmila, arbitre assistant, de surcroît, ira au Mondial ? Posez-vous la question sur la crédibilité de notre arbitrage ! L'arbitrage dans une Ligue Pro doit être une activité principale et plénière! Entre les déplacements, les stages, les débriefs techniques, les analyses, le travail avec la DNA, ça prend un temps fou ! Bon, n'accablons pas trop aussi ses hommes en noir qui ne sont pas tous mus par des desseins inavoués, pour la plupart d'ailleurs. Pour moi, dire que tous les arbitres sont des gendarmes, c'est un cliché. Non, un arbitre, c'est avant tout un passionné de football. Il a eu des modèles et des idoles avant d'embrasser cette carrière. Pour l'arbitre, comme pour tout footballeur, tu grandis en regardant tes modèles. Sauf que quand on siffle dans une Ligue Pro, on doit surtout être dans la quête de la performance avant tout». «L'unanimité passe par la performance» «Vous savez, on dit souvent que le bon arbitre est celui qu'on ne voit pas. Je suis d'accord. Mais les circonstances les obligent parfois d'être vus. Je pense que le courage est la notion centrale de l'arbitrage, au-delà du fait qu'on ne le voit pas. Ça, c'est la vision idéaliste du rôle d'arbitre. Le bon arbitre, c'est d'abord celui qui est courageux et qui sait prendre des décisions impopulaires. Maintenant, il n'y a pas de fumée sans feu. Je veux dire par là que si le VAR (la vidéo) va faire son entrée chez nous et en Russie lors du Mondial, c'est que le football va de plus en plus vite et que les arbitres n'arrivent pas forcément et toujours à suivre ! Moi, je ne suis ni pour ni contre. Je suis juste acteur de sa phase d'expérimentation, et c'est, déjà passionnant. On a plein de défis à venir, et il faudra que la technologie soit à la hauteur pour que l'expérimentation fonctionne, c'est-à-dire appliquer le protocole tel qu'il a été prévu. Enfin, je dirais que l'objectif de notre DNA est de définir déjà un axe de travail pour bien achever la saison en cours. Cet axe sera forcément de gommer les erreurs qui font tache et de recouvrer sa crédibilité quelque peu ternie. En clair, la seule clé pour faire l'unanimité au haut niveau, c'est la performance» !