L'Agence de mise en valeur du patrimoine et de promotion culturelle (Amvppc) ne cesse de multiplier les événements liés à la promotion du patrimoine tunisien, et ce, dans la perspective de sa mise en valeur et de drainer le plus grand nombre de visiteurs tunisiens et étrangers. Samedi 21 avril, une visite a été organisée à l'attention des représentants des médias nationaux, accompagnés du staff de l'Agence et à leur tête le directeur général, qui ont pu redécouvrir les lieux saints de cette ville, terre de piété. Inscrite sur la liste du Patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1988, la ville de Kairouan a été fondée au VIIe siècle par le général Okba Ibn Nafaâ. Quatrième ville sainte de l'islam sunnite après la Mecque, Médine et Jérusalem, son importance culturelle se manifeste encore aujourd'hui à travers la richesse de l'architecture de ses monuments et des traditions fortement ancrées. Après deux heures de route, on débarque à l'Amvppc de Kairouan. Direction la terrasse pour apprécier la vue panoramique surplombant les bassins aghlabides, constitués de trois plans d'eau qui alimentaient autrefois cette ville privée d'eau. Selon Jihed Souid, archéologue à l'Institut du patrimoine, c'est Abou Ibrahim Ahmed qui réalisa les travaux de ces ouvrages hydrauliques qui ont valu à Kairouan l'appellation de « ville des citernes » qui méritent un meilleur entretien. Une aire de repos accueille les visiteurs et les promeneurs. Direction la mosquée Okba Ibn Nafaâ, une des plus célèbres attractions de cette ville bâtie au VIIe siècle, puis agrandie et reconstruite au cours des deux siècles suivants. Elle subit sa plus importante transformation en 836, sous la Dynastie aghlabide. A la fois lieu de prière et d'enseignement, elle fut aussi le siège de l'investiture des gouverneurs. C'est également à partir de cette mosquée que le malékisme triompha au Maghreb. Des touristes asiatiques et des élèves conduits par leurs enseignants sont venus admirer la richesse architecturale du lieu : la cour, la salle de prière, le minbar et la maqsoura, un concentré de beauté et de croisement de différentes civilisations qui se sont relayées sur la terre tunisienne. 11h00, la chaleur est à son paroxysme, le mausolée Abou Zamaâ El-Balaoui, qui abrite le tombeau de ce compagnon du Prophète Mohamed, des visiteurs : hommes, femmes et enfants sont assis à même le sol devant la pièce renfermant le tombeau en question. Dans la cour, une série de jarres remplies d'eau qui permet aux visiteurs de se désaltérer. L'édifice regroupe trois ensembles : le mausolée, la coupole et la cour. Des bâtiments annexes comportent le minaret, la medersa avec des chambres d'étudiants, le logis de l'ordonnateur du culte édifiés à l'époque mouradite au XVIIe siècle. Le tout est bien conservé, mais les visites des touristes ont connu une « chute », reconnaît un artisan de cuivre dont la baraque est située à l'entrée du mausolée. Dernière escale de cette visite guidée, le musée des arts islamiques de Rakkada, situé à quelques encablures et à proximité du site archéologique, est un ancien palais du président Bourguiba situé en pleine verdure. Il s'agit du « plus grand musée des arts islamiques en Tunisie », selon Jihed Souid. Quatre salles sont ouvertes au public. La salle des céramiques se distingue par une collection provenant essentiellement des fouilles du site de Rakkada. Les coupes, plats et jarres représentent des éléments décoratifs berbères, ainsi que les couleurs : brun, ocre et vert. La salle des médailles offre un tableau exhaustif de la monnaie islamique et des bijoux de différentes époques. La salle de la coupole renferme la plus belle pièce et la plus ancienne lanterne que Al-Muizz Ibn Badis a offert à la Grande Mosquée Ibn Nafaâ. La quatrième salle offre une collection riche de parchemins qui sont des legs (habous) au profit de la Grande Mosquée. Ce matin-là, pas de visiteurs dans ce musée, pourtant ouvert au public. La visite se termine avec l'achat de la succulente pâtisserie traditionnelle : le maqroudh, spécialité de la région qui se décline sous plusieurs genres et formes : aux dattes, aux amandes, aux pistaches, etc. Ce délice est très prisé partout dans le monde et fait vivre des milliers de familles kairouanaises. L'Amvppc entreprend une nouvelle approche de promotion du patrimoine qui mérite certes d'être saluée, mais il y a lieu de créer des événements à l'adresse des agences de voyages et de les sensibiliser davantage pour qu'ils organisent des circuits dans cette ville au patrimoine et traditions millénaires.