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«La situation de la femme créatrice est, aujourd'hui en Tunisie, idéale»
La Presse Femme : Femme et création littéraire et artistique - Jamila Mejri, présidente de l'Union des écrivains tunisiens
Publié dans La Presse de Tunisie le 22 - 10 - 2010

«Et cette vie ici-bas est faite féminine. Et Dieu l'a ainsi faite. Et dans ses royaumes et par sa volonté propre, elle apparaît et s'épanouit».
Ainsi s'exprime l'inspiration de Jamila Mejri, notre poétesse au «cœur en cristal» que nous avons traduite ci-haut rapidement (qu'elle nous pardonne notre audace) pour glorifier haut et fort la femme en s'adressant à Kairouan, sa ville natale, à laquelle elle voue un culte sans pareil.
«S'Il ne nous a pas privilégiées, Parfait comme Il est, Il n'aurait pas lié l'accès aux paradis promis, à notre consentement, sous nos pieds, à ceux qui tendrement ont traité la mère», ajoute-t-elle.
Poétesse, billettiste, spécialiste des biographies de femmes arabes célèbres, productrice radio et essayiste, elle est aussi militante au sein du mouvement culturel.
Présidente de la section de Kairouan de l'Union des écrivains tunisiens pendant des années, elle est élue présidente de cette importante organisation nationale suite à son 17e congrès tenu les 27 et 28 décembre 2008 à Gammarth, pour devenir ainsi la première femme à la diriger.
En la recevant le 10 février 2001, le Chef de l'Etat a réitéré en cette occasion sa sollicitude pour les écrivains tunisiens et pour la grande famille culturelle d'une façon générale.
Professeur de littérature arabe, Mme Mejri a déjà publié trois recueils de poèmes, un essai (voir interview) et a été décorée des insignes de l'Ordre de la République et de celui du mérite culturel (Chevalier puis Officier). Interview.
Comment vivez-vous votre situation de femme créatrice en Tunisie ?
Je ne verserais pas dans l'exagération si j'affirme que la situation de la femme créatrice est aujourd'hui en Tunisie idéale, eu égard au soutien et aux encouragements dont elle bénéficie. Cela en plus de ce qu'elle jouit de la situation générale, qu'elle partage avec l'homme créateur d'une façon générale, telle que la suppression de la censure administrative qui concernait le livre, ayant permis la liberté d'édition et d'expression, la subvention du papier, les acquisitions par le ministère de la Culture du livre à compte d'auteur, et la participation à toutes les manifestations culturelles et littéraires en Tunisie et à l'étranger.
La femme créatrice bénéficie, en plus de cela, d'une sollicitude particulière et d'un intérêt spécial pour ses créations dans les manifestations féminines visant à mieux connaître la voix de la femme qui était écartée pendant des siècles et à découvrir ses talents, ses compétences et ses idées puisque n'ayant pu sortir pour s'instruire, écrire et s'exprimer qu'à partir de la seconde moitié du XXe siècle.
Ainsi nous pouvons dire que la femme créatrice vit aujourd'hui son âge d'or et elle ne rencontre aucun obstacle. Elle s'est armée de savoir et des degrés scientifiques supérieurs, elle reçoit aujourd'hui des prix pour sa création et elle a réussi à occuper de ce fait une place honorable dans ce domaine.
Et comment vivez-vous votre situation de femme créatrice au cours de vos visites dans des pays arabes?
J'ai remarqué, à travers mes nombreuses participations à des manifestations culturelles et littéraires dans plusieurs pays, qu'ils soient arabes ou occidentaux, que la réputation de la femme tunisienne la devance, la Tunisie étant connue pour ses lois avant-gardistes dans le domaine des droits de la femme et de sa liberté. Aussi, ces pays-là s'intéressent aux créations de la femme tunisienne et ce qui pourrait se refléter à travers elles d'idées, d'expériences et de niveau de différence. Et nous avons réussi — nous autres créatrices tunisiennes — à imposer le respect de nos expériences créatrices et de leur originalité. De ce fait, nous sommes invitées aux plus grandes et aux plus importantes manifestations mondiales car ceux qui le font agissent par conviction eu égard au niveau de notre création qui a été traduite dans plusieurs langues.
Comment voyez-vous l'impact de la poétesse sur l'évolution de la poésie arabe moderne?
Il est certain que la femme créatrice possède un grand impact sur l'évolution de la poésie arabe moderne, en ce sens qu'elle a donné un plus et une nouvelle voix qui était écartée auparavant et ignorée. Et cet impact a eu lieu aussi bien côté quantité que qualité grâce au nombre important de poétesses dans notre patrie arabe, tout d'ailleurs comme le nombre de romancières et grâce aussi à la profondeur et à la multiplicité de l'expression de la femme qui sort des siècles de silence, d'oppression et d'avilissement.
Vous vous êtes spécialisée dans les biographies de femmes célèbres hier et aujourd'hui. Comment pouvez-vous décrire les grandes lignes de la femme arabe, surtout du côté de sa personnalité?
Ce que j'ai découvert à travers mes recherches et mes investigations relatives aux biographies de femmes dans l'histoire arabe avec ses différentes étapes m'a permis de réaliser que la femme, dans la plupart des domaines de la vie politique, sociale, littéraire et artistique, était agissante, intelligente, dotée de compétences et de talents, qui ne sont pas de moindre valeur, du point de vue rationnel et intellectuel que ceux de l'homme et qu'elle le dépasse parfois. Mais la fausse interprétation de l'Islam, les siècles d'obscurantisme et la mise en veilleuse de la raison, la suprématie du machisme, le regard émanant de l'égoïsme d'hommes non éclairés ont écarté la femme et l'ont privée, plutôt ont privé l'histoire de l'humanité de ce que les sociétés auraient pu devenir grâce aux bienfaits de la pensée de la femme et ses capacités aux côtés de l'homme. Cela bien que la vraie conception de l'Islam pour la femme, le comportement du Prophète à l'égard de la femme et sa situation — lorsque l'Islam était à ses débuts et à l'époque des Califes bien guidés — étaient éclairés et excellents et ont permis à la femme d'avoir une forte personnalité et d'avoir une présence agissante.
Ainsi Hafsa, fille de Omar Ibn Al Khattab, l'une des épouses du Prophète, maîtrisait la lecture et l'écriture et les femmes discutaient des affaires de la religion et de la société avec le Prophète lui-même et il ne voyait en cela aucun inconvénient.
Les femmes tenaient aussi à cette époque-là des commerces dans les souks et se mêlaient aux hommes sans restrictions. Les femmes étaient émancipées dans le sens positif du terme, accompagnaient les hommes partant en guerre et exerçaient la médecine et l'enseignement.
Omar Ibn Al Khattab a d'ailleurs désigné une femme à la tête des affaires des souks et pour leur contrôle.
Il y avait des poétesses, des oratrices éloquentes…
A Kairouan, et au cours des premiers siècles de l'Islam, plusieurs femmes se sont distinguées dans le domaine de la jurisprudence, la littérature en prose et en vers, la chimie, la politique… Les femmes de Kairouan se distinguaient par un contrat qui interdisait la polygamie, ce qui nous renseigne sur ce dont la femme jouissait en termes de droits et de respect pour ses sentiments, sa dignité et sa personnalité.
Comment vivez-vous votre situation actuelle de présidente d'une organisation dont la majorité des membres sont des hommes ?
Ma présidence, aujourd'hui, de l'Union des écrivains tunisiens, malgré le fait que la grande majorité est en son sein constituée d'hommes et qu'elle est le résultat d'élections démocratiques, reflète effectivement et par la preuve tangible et irréfutable l'avant-gardisme de la Tunisie et prouve l'ouverture et la lucidité de la mentalité de l'homme tunisien, cette lucidité qui n'est pas survenue la veille et qui n'est pas née de la modernité ou de la pensée occidentales, mais qui est bel et bien née de notre héritage intellectuel et civilisationnel aux racines profondes et qui est le fruit d'accumulations de siècles d'émancipation intellectuelle, de lucidité rationnelle et culturelle et de traditions bien ancrées dans la civilisation.
Dans votre livre intitulé : Al mar'atou' tounoussiyatou ramzou' l açalati wa ounwènou'l hadatha, (la femme tunisienne, symbole de l'authenticité et signe de la modernité) vous avez avancé l'idée que si la femme tunisienne se distingue par rapport à ses semblables dans la région arabe, c'est bien grâce à la conjugaison de trois facteurs fondamentaux: l'existence de symboles féminins forts à travers l'histoire, l'autonomie financière de la femme tunisienne et la volonté de l'homme tunisien à ce que la femme ait une présence agissante. Pouvez-vous expliquer davantage cette idée ?
Effectivement. Et je commencerai par le dernier facteur. L'homme tunisien est au fait le descendant de Sohnoun et de Assad Ibn Al Fourat,les deux jurisconsultes qui, chacun de son côté, ont instruit leurs filles. Cela a permis à Khadija, fille du premier, et à Asma, fille du second, de devenir parmi les symboles de la femme musulmane, celle dotée d'une personnalité, d'une culture et d'une présence.
L'homme tunisien descend aussi de femmes telles que Elyssa, la fondatrice de Carthage, de la Kahéna, la reine berbère du Maghreb, d'Om Melal, l'éducatrice d'El Moëz, et sa régente, celle qui a veillé à sa préparation à l'exercice du pouvoir et il a, de ce fait, été un grand souverain, et Fatima Al Fehria Al Kaïrawaniyah (la Kairouanaise), la fondatrice de l'Université d'Al Karaouiyine à Fès au Maroc. Il est aussi le descendant de Arwa Al Kaïrawaniyah, épouse du Calife abasside fondateur de Bagdad, Abou Jaâfar Al Mansour. Il est aussi le descendant de Tahar Haddad, le réformiste et penseur, chef de file du mouvement de l'émancipation de la femme et jusqu'à Bourguiba qui promulgua le Code du statut personnel (CSP) et au Président Ben Ali qui a fait que la femme puisse parvenir à être égale à l'homme et réaliser le partenariat avec lui et qui a fait que, grâce aux amendements audacieux qu'il a opérés sur le CSP, elle atteigne le rang d'humanité complète, situation qui n'a pas encore été atteinte par la femme dans les pays occidentaux les plus modernes et les plus avancés. C'est ainsi que nous apparaît l'image de la femme tunisienne moderne au sens plein de modernité et de contemporanéité que nous n'avons pas importées et qui sont plutôt le fruit d'une évolution naturelle et d'un long legs civilisationnel. L'homme tunisien, qui est en fait le législateur ayant promulgué des lois qui rendent justice à la femme, et le politique qui décide et qui détient la volonté politique qui a permis l'application de ces lois, sont des hommes éduqués par des femmes dotées d'une personnalité consciente et civilisée, et autonomes sur le plan financier. La femme tunisienne a aussi acquis sa forte personnalité, également libre et digne, grâce à sa capacité à gagner de l'argent. Ainsi, elle était présente, avant même l'existence du marché de l'emploi, aujourd'hui, par son habileté dans les métiers du tissage, de la broderie, du commerce dans les villes, et des tâches agricoles à la campagne. Elle a aussi hérité d'une bonne culture sociale lui préservant sa dignité et le respect de son autonomie. C'est par le biais de ces facteurs culturels et économiques, et à travers les époques, que s'est formée l'image de la femme tunisienne, imbue de son authenticité, jalouse de ses bonnes et positives traditions. C'est pour cela qu'elle n'a trouvé aucune difficulté à s'adapter aux fondements de la modernité d'aujourd'hui à laquelle elle a facilement adhéré, devenant ainsi, et à juste titre, le symbole de l'authenticité et le signe de la modernité.


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