Etoilés et Espérantistes sont tenus de grignoter des points dès le début pour garantir leurs chances de qualification aux quarts, et puis par la suite, pour bien gérer le second tour. La Ligue des champions africaine 2018/2019 vient-elle au meilleur moment pour nos deux représentants, l'ESS et l'EST? La plus prestigieuse des compétitions en Afrique au niveau des clubs, reformulée depuis la dernière édition, se jouera au premier tour à cheval avec deux journées avant le Mondial et quatre après. La date est un peu spéciale pour toutes les équipes qui ont des joueurs internationaux. Fin de saison, et donc des joueurs saturés et pas encore reposés, on ne peut pas dire que c'est le meilleur moment de commencer pour nos deux clubs. Les autres clubs dont les sélections n'iront pas au Mondial vont pouvoir en profiter pour prendre l'ascendant dès les 2 premières journées. On a 4 groupes blindés avec 16 équipes qui traquent les 8 places aux quarts de finale. Ces deux premières journées peuvent s'avérer déterminantes, dans le sens qu'on peut ne pas assurer définitivement sa qualification, mais qu'on peut perdre beaucoup de terrain après deux défaites ou une défaite et un nul. L'EST et l'ESS ne seront pas au grand complet lors de la première journée. Soit. Mais derrière cette participation pour les deux clubs tunisiens les plus compétitifs en Afrique dans l'histoire de la Ligue des champions, il y a un vœu si cher : remporter ce trophée si inaccessible et si considérable. L'EST et l'ESS, qui courent derrière ce rêve depuis des années (7 ans pour l'EST et 11 ans pour l'ESS), voient à chaque édition d'autres ténors du football africain nourrir le même rêve. Après des années où le TPMazembe a dominé la compétition, les clubs nord-africains et maghrébins ont repris les rênes avec Al Ahly, le WAC et Sétif, entre autres. Ce ne sera pas facile pour nos deux représentants de gagner la Ligue des champions, mais en même temps, ils ne seront pas de simples «outsiders» non plus, vu leur large expérience continentale et la réputation du foot tunisien. Ce rêve (cauchemar quand il n'est pas réalisé) demande beaucoup de régularité et de solutions techniques et tactiques, surtout au second tour où les meilleurs restent en course. L'ESS et l'EST, qui ont tout essayé pendant des années en alignant différents joueurs et entraîneurs, partent de nouveau cette semaine derrière une épineuse aventure continentale. L'EST joue vendredi en Alexandrie face à Al Ahly, alors que l'ESS affrontera, samedi à Luanda, Primeiro De Agosto. Un classique pour commencer L'EST de Ben Yahia jouera contre son bourreau de la dernière édition, Al Ahly. Ce dernier n'est pas au summum de son art après sa défaite face à Ezzamalek, et après le départ de Abdallah Saïd, son joueur créateur. Avec Maâloul et Azaro incertains, Ben Yahia peut être ambitieux et chercher même plus qu'un point. L'EST, elle aussi, n'est pas exempte de reproches, et accuse des faiblesses, notamment en défense où les dirigeants essayent de ramener deux joueurs pour la suite du parcours en Ligue des champions. Pour le moment, Ben Yahia comptera sur son sens tactique et sur le bloc renforcé où Kom, Coulibaly et Chammam jouent des rôles défensifs importants. L'EST sait que ce match inaugural est le plus difficile. Tant mieux. Un seul point suffira d'autant que les deux autres clubs du groupe A, Township Rollers et Kampala City, ne sont pas aussi nantis que l'EST et Al Ahly. On va poser la même question pour l'EST et l'ESS : ont-elles les moyens d'aller chercher la consécration aux côtés d'Al Ahly, du WAC, du TPMazembe, de l'ESSétif et du MCAlger? Pour l'EST, les blessures et la qualité de l'effectif en défense ne sont pas un facteur favorable. Cette EST peut profiter des nombreuses absences qu'il y a à Al Ahly pour le piéger, mais justement, les solutions disponibles pour l'entraîneur sont un peu insuffisantes à ce niveau. L'EST n'a pas un axe défensif stable avec les blessures de Dhaouadi et de Machani, et les difficultés de Talbi. Kom est, par conséquent, sacrifié au rang de défenseur axial. Devant, l'EST attend le retour au premier plan de son buteur Khenissi. Blaili et Badri restent, à notre avis, les deux atouts majeurs de Khaled Ben Yahia qui devrait quitter l'EST après la deuxième journée. Le match d'Al Ahly aura des conséquences lourdes sur le prochain match devant «Township». L'ESS se cherche... Le début de la campagne africaine ne vient pas au meilleur moment, non plus pour les Etoilés qui jouent sur plus d'un front entre championnat, coupe et Ligue des champions. En même temps, Madhoui, l'entraîneur algérien ramené depuis des mois, n'a pas encore apporté sa touche sur le jeu de l'équipe. Les bons joueurs ne manquent pas, mais à l'Etoile, on a laissé partir des pièces maîtresses comme Negguez, Ben Amor ou Mathlouthi. L'effectif a perdu un peu de consistance et de métier, mais le plus important, c'est que l'ESS n'est plus celle qui jouait et gagnait avec conviction. La déroute face à Al Ahly 6-1 est, à notre avis, un choc que les Etoilés n'ont pu encore surmonter. Les tentatives de Madhoui pour trouver la bonne formule et le plan de jeu idéal aux caractéristiques des joueurs, n'ont pas encore atteint leur objectif recherché. L'ESS se déplace à Luanda dans un match-piège et pénible, en vue de bien commencer le tour des groupes. Cette ESS peut puiser dans son réservoir d'expérience africaine avec des joueurs comme Bangoura, Chermiti, Lahmar, M'sakni, Jemal, Abderrazak ou Boughattas et peut compter aussi sur les réussites de son entraîneur Madhoui avec Sétif (vainqueur en 2014), pour bien gérer la version 2018/2019. Une chose est sûre, cette ESS a changé. Des joueurs, comme Maraï, Chermiti, Ben Belgacem, Methnani ou Trabelsi, ont pris une place importante dans le dispositif de Madhoui : l'ESS peut faire beaucoup mieux avec un effectif théoriquement abondant et complémentaire. Que ce soit pour l'ESS ou pour l'EST, commencer fort et bien cette course requiert beaucoup de surpassement. Ce n'est pas la meilleure période, oui, mais deux équipes pareilles n'ont pas à se lamenter, et savent que pour gagner l'édition actuelle, il faut annoncer vite la couleur. Les équipes qui prennent, en deux journées, un ascendant sur la qualification, peuvent gérer tranquillement la suite. Espérantistes et Etoilés ont-ils assez de cran et de consistance pour réussir leurs premiers matches. Ils ont intérêt à l'avoir.