Quand un joueur est touché dans son ego profond, il se sent pousser des ailes et paie de sa personne pour être à la hauteur ! Nous respectons, bien entendu, les comparaisons que l'on a essayé de mettre en évidence entre les joueurs du Club Africain et ceux de leurs homologues de l'Etoile. Bien entendu, cette comparaison ne s'est pas faite au niveau de l'âge et des antécédents, de la marge de progression et des possibles cheminements individuels futurs, mais pour ce qu'elle représentait le jour du match. Il est inutile de revenir dessus, mais ce qui nous intéresse particulièrement se situe au niveau du travail pédagogique et psychologique qui a été effectué par le directeur technique, converti en entraîneur pour terminer non pas le reste de la saison, mais bien les journées critiques qui restaient à jouer. Et c'est là que se situe le nœud du problème, car si Kamel Kolsi a pu communiquer efficacement avec ses joueurs, c'est qu'il s'est adressé directement à leurs cœurs, titillé la fierté des uns, l'orgueil des autres et l'estime et le respect des couleurs que tous les joueurs sans exception manifestaient pour une raison ou une autre pour leur équipe. Et cela a marché, car le chemin du cœur, réputé impénétrable, se laisse convaincre lorsque le courant passe et que le langage est approprié. Elan spontané et soif de vaincre ! Pourtant parmi ces joueurs, il y avait quelques-uns qui avaient présenté une...plainte pour non paiement de salaires dus ! Cela suppose que cette action purement juridique effectuée pour préserver leurs droits futurs n'avait en aucune manière éteint la flamme de défendre les couleurs du club et nous avons tous assisté à cet élan spontané, à cette soif de vaincre qui a surpris aussi bien les observateurs que leurs adversaires du jour. Il faudrait reconnaître que l'Etoile a mal préparé ce match et que ses joueurs mal tenus en main ont vite perdu les pédales. Mais c'est la loi du sport et ce n'est pas à leurs adversaires de leur montrer le meilleur moyen de se préparer à ce genre de rendez-vous importants. Seuls les vainqueurs écrivent l'histoire, dit-on, mais l'exceptionnelle remontée du Club Africain qui, d'une douzième position peu flatteuse, a réussi à enlever sa treizième coupe (il a, en fait, gardé son bien acquis la saison passée) et une 2e place qualificative à la Ligue des champions, on ne cessera pas d'en parler. La science de l'entraîneur ! Pour les uns, cette « remontada » est due à la science de l'entraîneur, pour d'autres au mérite des joueurs, pour d'autres encore, à celui qui a, en dernier recours, mis les moyens d'aplanir les difficultés les plus urgentes, rassemblé les pièces du socle brisé pour en refaire un tronc commun sur lequel sont nés les bourgeons de cette éventuelle grande équipe en devenir. L'essentiel a été de démontrer que l'équipe possédait (toutes les équipes tunisiennes sont dans le même cas) de jolies réserves qu'il s'agit seulement de sortir de l'ombre, de les mettre en confiance, dans des conditions idéales et surtout de les faire encadrer par des éléments expérimentés qui donnent l'exemple. Lorsqu'un jeune évolue aux côtés des Ben Yahia, Khelifa, Tka, Jaziri, des cadres dévoués aux valeurs de l'équipe, il se sent pousser des ailes et paie de sa personne pour être à la hauteur. Distiller dans le subconscient ! Lorsqu'on voit un joueur s'amuser comme un gamin, manifester sa joie avec une touchante spontanéité, on comprend qu'il est heureux d'être là pour jouer, et que l'effort qu'il déploie est une expression qui en dit long sur ce qu'il éprouve. C'est cette joie que Kamel Kolsi , en véritable formateur, a su distiller dans le subconscient de chacun d'entre eux et nous retiendrons ce qu'il a exprimé avec une humilité nullement de circonstance : «J'ai intervenu en tant que responsable technique de l'équipe lorsque j'ai senti que les choses se présentaient mal. C'était un risque à prendre au vu de ce qui restait à jouer dans cette saison, et nous l'avons pris. Pour une fois, les administratifs ont laissé le soin aux techniciens de jouer pleinement leur rôle. Maintenant que la mission est accomplie, je retournerai à mon poste, pour remettre en place les fondements d'une véritable équipe professionnelle qui allie la formation à la performance, et je serai prêt à assister, comme il se doit, tout futur entraîneur que le club choisira». Cela veut tout dire !