Il y a de ces joueurs qui ont marqué de leur empreinte le football tunisien dans les années 70 et 80 et qu'on oublie progressivement génération après génération. Ce n'est que leur rendre justice de rappeler leur carrière, leur performance... cette fois-ci, on se rafraîchit la mémoire avec Ali Mfarej, un des symboles du CAB. On lui prêtait le surnom de Neeskens, en référence au milieu défensif de la fameuse équipe néerlandaise des années 70 notamment. Ali Mfarej, puisque c'est de lui qu'il s'agit, était la coqueluche du CAB des années 70 et 80. Ce natif de 1956 a signé sa première licence au club nordiste avec les minimes à l'âge de 13 ans avec lesquels il est resté un an. Et dès la 2e année cadets, il est propulsé en équipe senior par surclassement parce qu'il n'avait que 16 ans et quelques mois. «J'ai joué mon premier match contre El Makarem de Mahdia à Bizerte fin 1973. Nous avions alors gagné par un à zéro, but de Othmane Mellouli. Depuis, je n'ai plus quitté le CAB jusqu'en 1988», nous rappelle le milieu cabiste qui a d'ailleurs évolué pratiquement dans tous les postes suivant les besoins. Grâce à sa persévérance, son sérieux, sa vision de jeu, bref, à son talent, il est vite repéré par Abdelmajid Chetali, entraîneur national, et appelé en Equipe de Tunisie. «C'était en 1976, j'étais convoqué en Equipe Nationale, le même jour que Amor Jebali (ASM) pour y rester toute une saison. La concurrence était rude. Il y avait Néjib Ghommidh, Tarek Dhiab, Samir Bakaou, Hamadi Agrebi, Othmane Chehaïbi (JSK)...», dit-il avec fierté. Durant sa longue carrière, il a croisé plusieurs générations. Il a côtoyé Abdessalem Chemmam, Ezzeddine Chakroun, Youssef Zouaoui, Attouga, Zitouni, Rtima, Akacha, feu Ben Goutta, feu Choulak, feu Jerbia, Youssef Dridi, Jlassi (COT et EST), Mohieddine Habita, Abdelmajid Ben Mrad, Lassaâd Dhiab... vers la fin de leur parcours. «J'ai connu beaucoup de sensations tout au long de ma carrière, mais celle que j'ai ressentie en 1984 était de loin la meilleure. Ma joie était indescriptible ! Nous jouions l'ultime journée contre l'ESS à Sousse pendant que le STunisien, premier ex aequo avec le CAB, affrontait le CA à El Menzah. Nous étions menés au score jusqu'à la 80e ! quand j'ai égalisé pour les nôtres. L'espoir nous était revenu, sachant qu'il y avait match nul entre Stadistes et Clubistes. Au coup de sifflet final, nous étions restés dans le terrain à attendre les 7 minutes de temps additionnel accordées par l'arbitre Bellagha au ST, mais le score en resta là (1-1). C'était un suspense à couper le souffle. Une situation à la Hitchcock mais le bonheur était total au bout du compte. Mes camarades Almia, Chellouf, Dziri, Baratli, Hosni Zouaoui, Mourad Gharbi, Turky, Ben Saïd, Mokrani, Mohsen Gharbi étaient aux anges. En face, il y avait Harzallah, Mizouri, Amara, Ayed, Chebbi, Belkhiria, Garna, Hsoumi, Gabsi, Montasser, Trabelsi et aussi Ben Fattoum. C'est un souvenir indélébile», rapporte le grand blond du CAB. «La finale ratée» Dans la carrière d'un sportif, il n'y a pas que des joies. On peut vivre des déceptions également. L'ex-international cabiste est passé à côté d'une première finale de la coupe de Tunisie. C'était en 1978 quand le CAB jouait en demi-finale à Sfax contre le SRS. Il pense que les «Jaune et Noir» passaient par une période faste et qu'ils avaient largement les moyens de pouvoir se qualifier en finale. Mais c'était sans compter avec le talentueux attaquant railwayiste, Mustapha Sassi, qui offrait la victoire à son équipe (SRS-CAB 1-0). La trouille dans l'ascenseur à Amilcar Le champion de Tunisie de 1984 n'oubliera jamais la trouille qu'il a eue lors d'un stage de l'Equipe nationale à Amilcar. Alors qu'il montait dans l'ascenseur avec 6 de ses coéquipiers, dont Hergal, Garna, Saber El Ghoul, Rached Tounsi pour rejoindre sa chambre, ils se trouvent tous les 7 bloqués dans l'appareil à cause de la surcharge. Il affirme qu'ils étaient tous au bord de l'asphyxie et enchaîne, avec un ouf de soulagement après tant d'années encore, que fort heureusement Sboui (ST) passait par là, à pied, a alerté les responsables pour nous sortir de cette situation. «On a attendu 20 bonnes minutes quand même. C'était interminable», dit-il. Insolite! «On jouait contre les Roumains en 1977 en Roumanie en amical, une équipe qui excelle dans le pressing. A un moment donné, ils l'exercent sur Fethi Jemmi qui est en possession du ballon. Celui-ci, pris de court, ne sachant s'en sortir, passe le cuir à M. Sassi qui s'échauffait au bord de la touche et continue l'action malgré le sifflet de l'arbitre. Tout le monde était plié de rire», achève-t-il.