«Le choix du terme n'est pas fortuit, mais un choix réfléchi pour nous écarter de l'approche simpliste du traitement de cette question par les étrangers, tout en traitant l'ensemble du processus en partant de l'avant-jihadisme» La Maison du Roman, qui a inauguré sa première rencontre consacrée au «personnage historique dans le roman tunisien» tenue mercredi 30 mai 2018 à la salle Sophie-El Goulli, poursuit les activités de ce cycle ramadanesque avec au programme du mercredi 6 juin une rencontre sur le thème «l'image du jihadiste dans les romans de Chadia Guesmi et Mohamed Aissa Meddeb» en présence des deux auteurs et de plusieurs universitaires et hommes de lettres. A l'ouverture de cette rencontre présentée par l'auteur Mohamed Habacha, Kamel Riahi, directeur de la Maison du Roman, a exposé les raisons du choix de cette thématique qui, selon lui, a été traitée bien avant les révolutions arabes et plus précisément après le 11 septembre 2001. Les plus importants romans qui ont traité de cette problématique sont sans conteste « Riyh Al-Janna (Heaven's Wind)» de l'écrivain saoudien Turkī Al Hamad dans lequel il analyse cet évènement qui a secoué les USA avec des incidences désastreuses sur le monde entier, «Irhabi 20 (Terroriste 20)» du Saoudien Abdallah Thabet, «Oktoulouhom Jamian (Tuez-les tous)» de l'Algérien Slim Bachi. « Il est grand temps de nous pencher sur les romans tunisiens qui ont évoqué cette question à travers des expériences littéraires contemporaines. A cet égard, le choix du terme «jihadiste» n'est pas fortuit mais un choix réfléchi pour nous écarter de l'approche simpliste du traitement de cette question par les étrangers, tout en traitant l'ensemble du processus en partant de l'avant-jihadisme. Notre approche ne part d'aucun préjugé sur ces personnages», a fait savoir Kamel Riahi. Pour sa part, l'auteure Chadia Guesmi, lauréate du Comar d'or pour son ouvrage «Al Massab», a présenté son parcours de romancière ainsi que des extraits de son dernier roman «Rayat Soud» (Des étendards noirs). «Quand j'aborde mon expérience dans l'écriture du roman, elle me paraît simple, c'est pourquoi je la résume en quelques phrases», dit-elle, en ajoutant : «Des étendards noirs» reprend des faits réels, c'est pourquoi la précision et la rigueur sont importantes. Elle part des manifestations estudiantines à l'affaire de Soliman en passant par l'incendie de la zaouia de Saïda Manoubia jusqu'à la révolution tunisienne. Je rapporte tout le processus viral du jihadiste sans aucun préjugé». L'écrivain et critique Mohamed Aissa Meddeb, qui a écrit le roman, la critique, la nouvelle et qui a produit plusieurs programmes de littérature, a présenté son roman «Jihad Naem» (Doux jihad) récompensé par le Comar d'or dans lequel il a traité de la question de l'immigration clandestine, de la violence, du terrorisme et de la corruption. Il a fait savoir qu'il n'avait jamais espéré dépasser l'expérience de la nouvelle, son expérience avec l'écriture a débouché sur le roman et la recherche historique. «Dans mon roman «Jihad Naem» j'ai analysé les raisons psychologiques, sociologiques, idéologiques qui interviennent dans la formation du jihadiste. J'ai pris même la défense des jeunes en décortiquant les mécanismes poussant les jeunes à s'inscrire dans les mouvances de Daech, tout en présentant l'histoire de Nidhal dont la précarité l'a poussé à l'immigration clandestine avant d'atterrir dans les zones de terrorisme», a-t-il conclu.