La fête de l'Aïd est souvent connue pour ses délicieuses pâtisseries traditionnelles et gâteaux exquis. Mais les personnes qui souffrent du diabète , une maladie chronique, doivent en consommer d'une façon modérée, sans se priver complètement de ces petites délices. Comment éviter les excès de consommation de sucre pour les sujets diabétiques, quelles en sont les conséquences et comment contrôler sa glycémie pendant cette fête spéciale ? Docteur Safa Doghri, médecin spécialiste en nutrition et maladies nutritionnelles (diabète, obésité, nutrition du sportif, rééquilibrage alimentaire) répond à ces questions. Un patient diabétique doit-il se priver des sucreries lors de la fête de l'Aïd? Bannir le sucre complètement est toujours excessif pour un diabétique. Il s'agit d'une maladie chronique qui évolue durant plusieurs années, donc c'est difficile d'interdire totalement le sucre. Nous savons que cela relèverait de l'utopie pour qu'un diabétique ne «craque» jamais. Il faut donc rester réaliste et donner des conseils raisonnables et applicables concernant, tout d'abord, la quantité qui doit être très limitée (1 ou 2 morceaux de petites sucreries traditionnelles), la fréquence : cette consommation doit être occasionnelle (le jour de l'Aïd on peut se le permettre, à condition d'avoir été discipliné durant Ramadan et d'avoir tenu un équilibre alimentaire et sportif correct avec une HBA1C correcte), ensuite ,les ingrédients utilisés : privilégier les produits faits maison, la quantité de sucre étant plus contrôlée et les pâtisseries les moins riches en sucre et en colorants et les plus riches en oléagineux ou légumineuses (par exemple préférez les ghrayba et mlabess au maqroudh et baklawa), et, finalement, l'horaire de prise : idéalement les produits sucrés doivent être pris en dessert, après un repas léger et équilibré, ou encore mieux, après une activité sportive (type marche à pied ou petit footing). Notons qu'il ne faut surtout pas oublier d'intégrer ces «excès» dans le cadre d'une alimentation équilibrée stricte durant ces jours de fête. Il faut également programmer une séance de sport par jour. En cas d'excès de consommation, comment le sujet diabétique devrait-il adapter sa dose de médicaments? En cas d'excès de consommation, s'il s'agit d'un diabétique sous insuline, il devrait prévoir d'augmenter de 2 à 4 unités sa dose d'insuline rapide, mais dans tous les cas et pour les diabétiques sous comprimés, il faut s'adresser rapidement à son médecin traitant pour évaluer son bilan glycémique et réajuster le traitement. Quelles sont les précautions à prendre pour éviter l'excès de consommation de sucreries, notamment pour les diabétiques et les personnes normales ? Comme décrit plus haut, il s'agit d'avoir une consommation consciente et contrôlée en tenant compte de la quantité, de la fréquence, de la composition et des horaires de prise, mais également de toujours intégrer la consommation de produits sucrés dans le cadre d'une hygiène de vie alimentaire et sportive correcte. Comment sensibiliser le diabétique et son entourage sur les dangers de la consommation excessive de gâteaux et sucreries? Les dangers d'une consommation excessive de produits sucrés sont l'augmentation importante du taux de sucre dans le sang et donc l'apparition de complications du diabète déséquilibré, au niveau rénal (risque d'insuffisance rénale chronique), ophtalmologique (risque de cécité à long terme), neurologique (risque d'affaiblissement des nerfs avec fourmillements et brûlures périphériques ou même troubles digestifs chroniques) et cardiovasculaire (risque d'infarctus, d'accident vasculaire cérébral ...). Le travail du médecin diabétologue traitant consiste, mis à part à prescrire un traitement médicamenteux, à sensibiliser le patient et son entourage à la bonne hygiène de vie (suivi régulier, équilibre alimentaire et activité sportive régulière). Mais on ne devrait pas se contenter de ça, les campagnes de sensibilisation doivent être généralisées à l'échelle nationale, en utilisant les médias, les réseaux sociaux, en les intégrant aussi dans les programmes scolaires et éducatifs, afin de donner une information correcte sur les dangers d'une mauvaise hygiène de vie. Il est important d'expliquer aux patients et à leur entourage que la vie du diabétique peut être la même que celle d'un non diabétique. S'il est discipliné, s'il suit son traitement régulièrement et s'il maintient une hygiène de vie rigoureuse avec un bon équilibre alimentaire aux excès contrôlés et une activité sportive raisonnable et régulière. Avec une discipline correcte et un bon suivi chez son médecin traitant, le diabétique peut ainsi éviter toutes les complications du diabète.