Les députés nidaïstes chargés d'évaluer le rendement du gouvernement Youssef Chahed sont pour son maintien à La Kasbah «par souci de préservation de la stabilité politique». Ils expriment également leur soutien «à des améliorations au sein de l'équipe ministérielle qui seront opérées par Youssef Chahed en coordination avec le parti» Il semble qu'au sein de Nida Tounès les divisions à propos de la position que le parti doit prendre vis-à-vis du maintien ou non de Youssef Chahed à la tête du gouvernement sont désormais étalées au grand jour. Ainsi, ceux qui ne partagent pas l'approche de Hafedh Caïd Essebsi, directeur exécutif du parti appelant à l'éviction immédiate de Youssef Chahed et de toute son équipe ministérielle, élèvent-ils, désormais la voix pour prôner le maintien du chef du gouvernement dans l'objectif de préserver la stabilité du gouvernement. Hier, la commission parlementaire nidaïste chargée de l'évaluation du rendement du gouvernement est allée à la rencontre de Youssef Chahed pour lui affirmer son soutien et annoncer que les nidaïstes qu'il représente (c'est-à-dire les députés qui ne partagent pas jusqu'ici les thèses de Hafedh Caïd Essebsi) «sont partisans de la stabilité politique à la tête du gouvernement». Son chef, Ramzi Ben Khemis, a souligné que «l'appui à la stabilité politique va de pair avec l'introduction d'améliorations au sein de l'équipe gouvernementale, améliorations qui seront décidées par le chef du gouvernement lui-même et par Nida Tounès, le parti auquel il appartient». Pour conclure, le chef de la commission parlementaire nidaïste révèle: «Nous soumettrons nos propositions relatives à l'amélioration du rendement du gouvernement à Youssef Chahed et au parti». Les propos de Ramzi Ben Khemis sont on ne peut plus, clairs et précis : Nida Tounès est pour le maintien de Youssef Chahed à La Kasbah et s'il y a un changement à introduire au gouvernement, il sera conduit par Youssef Chahed lui-même en coordination avec le parti. Sauf que cette clarté et cette transparence contrastent avec la réalité dans la mesure où Nida Tounès connaît une véritable dissension caractérisée par le conflit opposant Hafedh Caïd Essebsi et ses lieutenants à Youssef Chahed, aux ministres et à certains députés nidaïstes qui sont opposés farouchement à la coalition Hafedh Caïd Essebsi-Noureddine Taboubi, plus déterminée que jamais à avoir la tête de Youssef Chahed. Faut-il rappeler que face à Ennahdha qui s'oppose au départ de Youssef Chahed, l'Ugtt et Hafedh Caïd Essebsi ont décidé de coaliser et d'exiger la révocation pure et simple de Youssef Chahed. Sauf qu'au sein de Nida Tounès, Hafedh Caïd Essebsi n'est plus écouté comme auparavant et ses décisions ou positions ne sont plus suivies automatiquement, notamment de la part de Sofiène Toubal, le chef du groupe parlementaire nidaïste. Ce dernier etime, en effet, que «les députés nidaïstes ont leur mot à dire et que le parti n'a pas à subir les caprices de Hafedh». Plusieurs observateurs n'ont pas manqué d'attirer l'attention sur les dissensions qui opposent le directeur exécutif à certains dirigeants «qui ont peut-être compris le silence du président Béji Caïd Essebsi comme un signal qu'il ne soutient plus les thèses de son fils». Ils ajoutent : «Quand Sofiène Toubal refuse d'accompagner Hafedh Caïd Essebsi pour aller rencontrer Noureddine Taboubi et quand il annonce le jour même la création d'une commission parlementaire nidaïste pour évaluer l'action de Youssef Chahed et se prononcer en conséquence sur le rapport qu'elle soumettra (alors que Hafedh n'arrêtait pas de proclamer que le parti retire sa confiance au chef du gouvernement), on n'a pas besoin d'être un grand stratège pour saisir que les députés nidaïstes ne sont plus sous la coupe du directeur exécutif. Leur rencontre avec Youssef Chahed à la veille de l'Aïd El Fitr montre aussi qu'ils n'attendent plus les directives des Berges du Lac et que peut-être ils ont reçu des promesses ou des assurances».