Taboubi : «Une rencontre fructueuse» Hier, Youssef Chahed et Noureddine Taboubi se sont retrouvés après «une rupture» de plus de sept mois, pour lancer un nouveau round de négociations sociales en application de l'accord du 27 novembre 2017. Une rencontre constructive qui a abouti à des résultats concrets : régularisation des dossiers des retraités et des travailleurs de chantier et démarrage le 10 juillet des négociations sur les augmentations salariales Que faut-il retenir de la rencontre au sommet qui a réuni, hier, Youssef Chahed, chef du gouvernement, accompagné de ses principaux ministres, et Noureddine Taboubi, secrétaire général de l'Ugtt, entouré lui aussi de ses collaborateurs les plus proches, notamment ceux qui se sont illustrés ces derniers jours sur le plan médiatique à l'instar de Sami Tahri et Samir Cheffi, qui se déplacent quotidiennement d'un studio radio à un autre (les plateaux TV sont en hibernation depuis la fin du mois de Ramadan) pour répéter que l'organisation syndicale ouvrière est déterminée à «avoir la peau de Youssef Chahed et de son équipe ministérielle». Faut-il considérer que Youssef Chahed a réussi son pari de reconquérir l'appui de l'Ugtt après avoir obtenu le soutien d'une frange importante au sein de la direction de Nida Tounès où Hafedh Caïd Essebsi, le directeur exécutif et ses fidèles lieutenants parmi «les recrutés» se trouvent isolés à la suite de la décision de la commission parlementaire nidaiste chargée d'évaluer l'action gouvernementale, de soutenir «la stabilité politique et de cautionner le maintien de Youssef Chahed à la tête du gouvernement» ? Hier, avant les retrouvailles Ugtt-gouvernement depuis la signature de l'accord du 27 novembre 2017, les observateurs se posaient la question suivante : le retour à la table des négociations entre l'Ugtt et le gouvernement signifie-t-il la décrispation des relations tendues entre le chef du gouvernement et le SG de la Centrale syndicale ouvrière, et si Noureddine Taboubi s'est résigné à accepter l'invitation de lancer un nouveau round de négociations sociales dans le contexte politique actuel, qu'a-t-il reçu en contrepartie comme assurances ou garanties à même de légitimer ce qu'on peut appeler un pas en arrière de la part de la direction centrale syndicale qui affirmait, il y a quelques jours, que le SG a refusé de répondre à plusieurs appels de la part du chef du gouvernement lui demandant de le rencontrer ? Hier, comme par enchantement, Noureddine Taboubi et Youssef Chahed se sont retrouvés pour faire le bilan de ce qui a été réalisé en ce qui concerne l'accord du 27 novembre 2017. L'accord porte, en effet, sur la régularisation de la situation des ouvriers des mécanismes 16 et 20 (travail précaire) et des travailleurs de chantier. Un calendrier de rencontres Et comme l'on s'y attendait, les retrouvailles gouvernement-Ugtt ont abouti, selon les déclarations fournies par Mohamed Trabelsi, ministre des Affaires sociales, et Noureddine Taboubi, secrétaire général de l'Ugtt, à la définition d'un calendrier de rencontres sectorielles. «Pour ce qui est de la résolution des problèmes que rencontrent les retraités, les concertations prendront fin la semaine prochaine. Le dossier des travailleurs de chantier est aussi en voie d'être finalisé», a notamment souligné le ministre des Affaires sociales. Quant à Noureddine Taboubi, il a qualifié la réunion «de rencontre constructive et fructueuse dans la mesure où nous avons convenu de clore le dossier de l'augmentation des pensions des retraités qui sera annoncée le 6 juillet prochain». Il ajoute : «Le 10 juillet prochain, nous tiendrons une réunion qui sera consacrée à l'examen des salaires dans le secteur et la fonction publics». Une source informée parmi ceux qui ont assisté à la rencontre confie à La Presse : «Ce qu'il faut valoriser, c'est bien l'esprit qui a marqué cette rencontre dans la mesure où les membres aussi bien de la délégation gouvernementale conduite par Youssef Chahed que de la délégation syndicale conduite par Noureddine Taboubi étaient animés d'une volonté sincère de trouver ensemble la solution que tout le monde attend». Il est à relever que le chef du gouvernement a insisté «sur le rôle fondamental de l'Ugtt dans l'édification de la démocratie sociale à laquelle aspire la Tunisie». «Nos mains sont tendues au dialogue et à la négociation en tant qu'unique voie pour sortir la Tunisie de la crise», a-t-il notamment souligné. S'agit-il de la fin du bras de fer Taboubi-Chahed et du retour au dialogue, le seul mécanisme à même de résoudre les conflits quelle que soit leur complexité ? Wait and see !