Les bacheliers devront se montrer réalistes et choisir une filière en fonction de la moyenne obtenue au bac Bien que les jeux soient faits avec l'annonce des résultats, les bacheliers sont obligés de jouer les prolongations, en subissant une nouvelle hantise, à savoir l'orientation universitaire. En effet, si les plus méritants d'entre eux, particulièrement ceux qui ont réalisé de beaux scores, l'ont échappé belle en ayant le droit d'opter pour la branche de leur choix, il n'en est pas de même pour le reste des lauréats, et ils sont légion, ceux-là mêmes qui, handicapés par des moyennes d'admission modestes et souvent tirées par les cheveux, n'ont pratiquement aucune latitude de décider de leur «sort» qui reste à la merci du ministère concerné. Le calvaire d'un «exil» Cette catégorie de bacheliers moins lotis ne savent, pour le moment, à quel saint se vouer. Crispés pour les uns, anxieux pour d'autres, ils sont persuadés que la décision de leur orientation leur déplaira, ne répondra pas à leurs attentes et, pour ainsi dire, ne fera pas leur affaire. «Je peux même parler de stress», soupire Basma, 18 ans, qui ne cache pas son inquiétude de voir son rêve universitaire brisé. «Depuis mon jeune âge, se remémore-t-elle, je rêvais d'une carrière de juge, de séances aux tribunaux, d'affaires à trancher; peine perdue, ma petite moyenne ayant vu autrement. Dès lors, je ne sais plus où ils vont me caser et quel avenir professionnel m'attend»; Fatma, 19 ans, est une autre bachelière non moins inconsolable. «Mon rêve fou, dit-elle, était de devenir pilote d'avion. Et c'est pour espérer le transformer en réalité que j'ai choisi la section «maths». Or, à l'examen du bac, j'ai fait chou blanc, non par ma faute, mais par celle du ministère qui nous a imposé, comme tout le monde le sait, des sujets jugés unanimement inabordables dans les deux matières principales, maths et physique. Ainsi victime de malchance et frustrée par le comportement incompréhensible et sans doute impopulaire de ceux qui ont élaboré les deux sujets de l'examen, je n'ai plus le choix et je devrai donc changer de fusil d'épaule, en espérant, au moins, limiter les dégâts et me consoler avec une orientation moins décevante.» A ses côtés, sa mère Radhia, fait, elle aussi, grise mine. «Dieu sait, déplore-t-elle, ce qu'on a enduré comme dépenses coûteuses pour les cours du soir, pour que notre progéniture obtienne son bachot avec mention. Et elle était bien partie pour ça, avec de bonnes moyennes en cours d'année scolaire. Cependant, c'était, malheureusement, sans compter avec cette désagréable et ô combien implacable et impensable surprise du jour de l'examen.» Après avoir tiré à boulets rouges sur le ministère et fait le procès de la politique de l'enseignement en Tunisie, notre interlocutrice propose, à titre compensatoire, des circonstances atténuantes lors de l'orientation des bacheliers de la section «maths», afin de réparer ce qu'elle considère comme une injustice. En réalité, les soucis de cette dame sont partagés par tant de familles déçues qui se trouvent dans le même pétrin. Elles qui redoutent la plus «sombre» des perspectives, celle de voir leurs enfants contraints d'être désignés dans des facultés très éloignées de leurs domiciles. Pour Habib, banquier de son état, «l'euphorie engendrée par la réussite de mon fils au baccalauréat l'a vite cédé à l'inquiétude, tout simplement parce que notre lauréat, auteur d'une moyenne assez modeste, sera muté ailleurs, c'est-à-dire loin de nous. Certes, c'est la vie, et il a eu ce qu'il mérite. Mais, avec ce qu'on entend parler des campus universitaires et des périls auxquels y sont exposés les étudiants, outre l'insécurité de leur environnement et le développement alarmant du phénomène des braquages, on a mille fois raison d'avoir peur pour nos progénitures.» A ce sujet, Mme Radhia revient à la charge pour évoquer ce qu'elle appelle laconiquement «le calvaire d'un exil», en affirmant que «les filles, plus vulnérables et fragiles, auront à en souffrir davantage». Cependant, le problème ne semble pas se poser pour les familles aisées pour qui la meilleure solution de rechange est de faire inscrire à leurs charges, les leurs dans les facultés et instituts privés dont le nombre ne cesse de monter crescendo un peu partout dans le pays. Dans la transparence Cible des familles plaignantes, le ministère ne les entend pas de cette oreille, puisque, selon une source bien informée dudit département, «c'est un faux problème, dans la mesure où, comme à l'accoutumée, tout sera fait dans la transparence totale, au cas par cas, et conformément à des barèmes clairs et bien définis. De telle sorte qu'aucun candidat, je vous jure, ne sera lésé». Ceci dit, signalons enfin que les verdicts de l'orientation universitaire seront rendus incessamment. En attendant, les familles inquiètes n'ont qu'à... retenir leur souffle!