La liste à convoquer pour le match du Swaziland (le 7 septembre) est un premier «test» pour le nouveau sélectionneur Faouzi Benzarti. C'est qu'à partir de la composition de cette liste on devrait comprendre si le nouveau sélectionneur national va marquer ou non son territoire et changer quelque chose. Plus qu'un choix, c'est un dilemme assez brûlant pour n'importe quel sélectionneur à la place de Benzarti. A deux semaines du match face au Swaziland, comptant pour la deuxième journée des éliminatoires de la CAN 2019 (un match pas à la portée comme le pensent certains), le dilemme «chaud» de faire changer les choix ou de les conserver n'est pas facile à gérer du tout. Il y a l'urgence de ramener trois points pour conserver l'avance sur l'Egypte, notre premier adversaire dans ce groupe. On ne peut donc, a priori, s'aventurer sur un terrain aussi glissant. Autrement dit, l'équipe nationale, qui sort démoralisée et si critiquée après le Mondial, n'a pas besoin de gros risques en ce moment. Elle a besoin en premier lieu de deux choses : une victoire pour rebondir et une importante dose de confiance et de crédibilité auprès de son public. Le caractère de Benzarti Entre continuer, ne serait-ce pour le match du Swaziland, avec les choix de Maâloul (ou une grande partie de ces choix), et innover et changer, il y a un secteur qui peut trancher dans ce dilemme, le caractère de Faouzi Benzarti. Pour ceux qui le connaissent de près, ils savent que c'est quelqu'un de conservateur, mais qui finit par prendre des risques au moment où personne ne l'attend. Son caractère basé sur une personnalité forte et une tendance vers l'émotivité l'a toujours amené à mettre son empreinte dès le premier match qu'il dirige, voire dès sa première séance d'entraînement. Et même s'il s'agit d'une sélection et non d'un club, et même si sa marge de manœuvre n'est pas illimitée, les indices montrent que le match du Swaziland devrait porter l'empreinte de Benzarti. Celui qui aime gagner et jouer sur un rythme élevé pendant 90', celui qui aime les joueurs qui se dépensent à plus de 100% devrait changer quelque chose: des joueurs, un plan de jeu. Sauf que pour ce match, et aux dires du même Benzarti lors de la conférence de presse de sa présentation, il bâtira sur ce qui a été fait avec Maâloul et sur l'ossature de la sélection au dernier Mondial russe. C'est assez logique au vu de la qualité de certains noms comme Khazri, Sliti, Ben Amor, Ben Youssef. Cela dit, Benzarti prépare quelques surprises, d'après son entourage. Des joueurs vont être «ignorés», d'autres rappelés pour la première fois et ceci sans beaucoup toucher à l'«équilibre général». Jebali, nouveau venu L'ex-Etoilé et actuel sociétaire de Rosenborg passe par une bonne période avec un très beau but marqué en «Europa League». On dit qu'il va être rappelé par Benzarti pour le match du Swaziland. C'est un joueur offensif qui n'a pas réussi à l'ESS, mais qui a su se frayer un chemin dans le football scandinave. Les portes de la sélection lui sont-elles ouvertes ? Ce sera alors une première surprise signée Faouzi Benzarti. Dans cette liste, on ne devra pas trouver les joueurs expatriés contestés comme Benalouane qui n'a apporté aucun plus. D'autres souffrent de blessure, à l'image du gardien Moez Hassan. On parle aussi de joueurs locaux que Benzarti affectionne et qui peut compter sur eux dans le parcours des éliminatoires de la CAF. L'âge ne sera pas un frein pour notre sélectionneur qui n'a pas peur de lancer des jeunes comme il l'a fait dans les clubs qu'il a entraînés. Trois jours avant de dévoiler la liste officielle, on peut se poser beaucoup de questions et présenter plusieurs hypothèses. Mais c'est Benzarti, et bien sûr en pleine concertation avec son staff et sous le regard du président de la FTF, qui va décider du coup d'envoi de son mandat. Lui qui a attendu des années pour prendre ce poste doit faire attention et corriger beaucoup de ses défauts. La CAN 2019 n'est pas garantie. Il faut batailler pour passer premier avec le match décisif qui aura lieu en novembre contre l'Egypte. Il n'y a pas que l'urgence du résultat, il y a également l'obligation de transmettre un message rassurant à tout le monde. L'équipe de Tunisie a déçu son public au Mondial. Elle a une obligation de rachat. Benzarti, lui aussi, a une obligation de bien faire et de penser au moyen terme. Conservateur ou innovateur ? C'est le terrain qui va le dire. Ce sont aussi les joueurs, les véritables acteurs, qui vont en juger. En tout cas, quelque chose doit changer en sélection sans pour autant prendre le risque de tout chambarder.