Chaque rentrée universitaire apporte avec elle son lot de problèmes. Une question majeure attend encore des solutions appropriées : le souci du logement dans les foyers publics. Arracher une chambre dans un foyer universitaire est un grand défi pour la plupart des étudiants. A 10h00, le foyer de Radès grouille d'étudiants. Le mécontentement se lit facilement sur leurs visages. L'inquiétude et la lassitude sont visibles. Agé de 19 ans, Houcem est le premier étudiant qui croise notre chemin. Etudiant en première année marketing, il a besoin du foyer universitaire, étant donné qu'il n'a pas de moyens financiers suffisants pour prétendre à la location d'un appartement : «Pour moi, chercher un studio ou une colocation est un luxe que je ne peux me permettre», dit-il avec amertume. Une autre étudiante , venant de Bizerte, affirme : «Avant même de penser au problème du foyer, je dois me débrouiller pour trouver les frais de transport pour me déplacer de Bizerte à Tunis», ajoutant qu'elle doit trouver à tout prix une chambre, sinon il ne lui reste plus qu'à rentrer chez elle et abandonner les études pour cette année. Pour Mohamed, 19 ans, étudiant en informatique de gestion le problème est le long trajet entre son foyer universitaire et son institut. «Pour arriver, dit-il, c'est la galère: il faut emprunter deux métros». Pas une place vacante Nour, étudiante en économie, semble inquiète. Elle affirme: «Mes conditions familiales risquent de nuire à ma réussite». Cette étudiante est issue d'une famille modeste. Son père travaille dans une entreprise privée et son salaire ne dépasse pas les 500 dinars, tandis que sa mère est au foyer. Le manque de foyers est un vrai calvaire. Un grand souci pour de nombreux étudiants. Ces derniers sillonnent les rues de la capitale Tunis et reviennent très souvent bredouilles. Ils se livrent à une course contre la montre à la recherche d'un petit appartement ou encore un lit dans un foyer privé. Un vrai casse-tête. Dans les foyers privés, les prix pratiqués restent excessifs. Ils peuvent atteindre les 300 dinars par mois pour un étudiant. Un montant qui n'est pas à la portée de tout un chacun. Monia, étudiante en informatique de gestion, a dû travailler durant l'été dans une boulangerie pour aider sa mère. «Mon transport, ma nourriture et les autres frais d'inscription sont coûteux, c'est pour cela j'ai été obligée de travailler et aider ma mère bien-aimée», nous confie-t-elle. Services médiocres Pour les chanceux qui obtiennent enfin un hébergement universitaire, ils devront composer avec des foyers universitaires qui souffrent de plusieurs lacunes, même dans le secteur privé. Les conditions dans la plupart des foyers universitaires étatiques ne sont pas aussi confortables que l'on pourrait imaginer. Les services y sont médiocres et les normes d'hygiène sont rarement respectées. Un grand nombre d'étudiants bacheliers sont obligés de quitter le confort de la maison parentale pour loger dans les foyers universitaires où une autre vie, beaucoup plus dure, les attend. Ils se trouvent obligés de préparer leurs valises pour le long voyage des études universitaires. Beaucoup comptent sur l'accompagnement de papa ou de maman pour régler certaines formalités administratives. Une situation assez compliquée Quant à Sameh, elle exprime sa désolation : «Se trouver sous le même toit avec des personnes qu'on n'a jamais vues auparavant est une situation assez compliquée. Il faut se partager l'espace, s'organiser pour le nettoyer, apprendre à connaître la personnalité de chacune, respecter ses petites habitudes». Et de préciser : «Il faut que chacune s'en tienne à ses limites et respecte l'intimité de l'autre». Néanmoins, beaucoup de ceux que nous avons rencontrés reconnaissent que loger dans un foyer universitaire reste une expérience très enrichissante et constructive.