Du côté de la place Mohamed-Ali, on prépare la rentrée en menaçant d'une grève générale dans le secteur public et on répond fermement aux accusations à même de ternir l'image de l'Ugtt à la faveur de l'affaire Khaled Gaddour et compagnie Aujourd'hui, mardi 4 septembre 2018, les syndicalistes marquent à leur façon leur rentrée politique en organisant, sous la présidence de Noureddine Taboubi, secrétaire général de l'Ugtt, à l'initiative du département du secteur public relevant de la centrale syndicale ouvrière, la conférence nationale du secteur censée mettre en œuvre le plan d'action militant syndical dans toutes les entreprises publiques en réponse au plan de privatisation que le gouvernement a, semble-t-il, décidé de leur appliquer «mais sans concertation au préalable avec l'Ugtt», comme on l'assure du côté de la place Mohamed-Ali. Donc, aujourd'hui, les structures syndicales relevant des entreprises publiques décideront de la réponse à opposer au plan d'action préparé par le gouvernement pour «restructurer les entreprises publiques et trouver une solution à la faillite déclarée de ces mêmes entreprises». Sauf que l'Ugtt a toujours affirmé que la vente des entreprises publiques constitue une ligne rouge à ne jamais dépasser et les syndicalistes qui sont toujours attachés à ce que Youssef Chahed démissionne de son poste de chef du gouvernement vont jusqu'à menacer d'observer une grève générale dans le secteur public au cas où le gouvernement «poursuivrait ses manœuvres de tergiversation dans le règlement du dossier des entreprises publiques en choisissant la solution facile de les privatiser avec le risque de voir plusieurs milliers de salariés privés de leur emploi et jetés à la rue». L'Ugtt prépare sa riposte Et même si certaines parties essayent, vainement d'ailleurs, de dépolitiser l'affaire du ministre Khaled Gaddour et des hauts responsables limogés du ministère de l'Energie suite à des présomptions de corruption que la justice aura à confirmer ou à infirmer, on est convaincu, dans plusieurs sphères, notamment dans la sphère syndicale que «l'affaire est purement politique et qu'elle oppose ouvertement l'Ugtt au gouvernement». Ainsi, Youssef Chahed a-t-il repris le dessus en faisant «comprendre à l'opinion publique que la guerre contre la corruption n'a pas vécu, qu'elle se poursuit de plus belle, qu'elle concerne tout le monde, y compris des responsables qu'on croyait protégés par l'Ugtt et qui appartiennent à des régions aux hautes traditions syndicales», comme le laissent entendre les observateurs qui dissèquent et les déclarations de Youssef Chahed et les déclarations-réponses des responsables de l'Ugtt. Ces mêmes observateurs saisissent à leur manière la déclaration de Noureddine Taboubi soutenant «la guerre du gouvernement contre la corruption mais à condition qu'elle ne soit pas sélective et injuste». Et l'argumentation développée par le SG de l'Ugtt selon laquelle «plusieurs responsables gravitant autour de Youssef Chahed sont eux aussi compromis dans des affaires de corruption» semble ne pas convaincre grand monde dans la mesure où même si des soupçons pèsent sur quelques ministres, le chef du gouvernement n'a pas à fermer les yeux sur tel ou tel ministre pour un quelconque prétexte. Plusieurs analystes considèrent qu'en menaçant d'observer une grève générale dans le secteur public et qu'en appelant les cadres du ministère de l'Energie et des mines «à révéler à l'opinion publique la vérité sur ce qui se passe au ministère», Noureddine Taboubi fait monter les enchères et cherche à améliorer les conditions des négociations salariales avec le gouvernement.