Sfax a l'embarras du choix entre son patrimoine culturel, gastronomique, artisanal et musical... La ville de Sfax envisage de présenter sa candidature en vue d'intégrer le réseau des villes créatives relevant de l'Unesco qui compte à présent 188 cités à travers le monde. Le réseau couvrant sept catégories thématiques créatives, en l'occurrence l'artisanat et les arts populaires, le design, les films, la gastronomie, la littérature, la musique et les arts numériques, l'option pour l'une d'entre elles ne s'est pas encore précisée. Dans cette perspective, la commission d'embellissement de la ville ainsi que celle de la prospective, de la planification, du volontariat, de l'hygiène, des arts et de la culture s'apprêtent à établir le dossier de candidature audit réseau. C'est ce qu'a indiqué Wiem Cheikhrouhou, présidente de la commission d'embellissement de la ville, qui précise que l'objectif de ce projet est d'inscrire la créativité au cœur du plan de développement à l'échelle locale expliquant qu'il est de nature à favoriser la mise en œuvre du plan de développement durable Sfax 2030, tout en contribuant à valoriser et à embellir les espaces ouverts dans une démarche esthétique en harmonie avec les spécificités de Sfax. Déjà, l'option pour l'un des sept thèmes définis par l'Unesco suscite le débat, quoique encore dans un cercle culturel restreint. En effet, selon certains, vu la richesse du patrimoine culturel de la ville, il est plus aisé de miser sur une activité qui y est ancrée depuis longtemps. C'est plus commode, plus pratique et c'est le chemin le plus court pour la ville pour préparer son dossier de candidature. D'autres, mus par l'ambition de sortir des sentiers battus, préfèrent un domaine plus «neuf», celui du design urbain qu'il reste encore à concevoir mais dont l'avantage est de conférer une identité urbaine à la ville, lui permettant de s'approprier un cachet spécifique et de lui donner une visibilité esthétique et urbaine et de renforcer son attractivité. C'est dire en fait que les options sont si nombreuses que tout le monde se trouve, en définitive, en situation d'embarras du choix. Faire preuve d'audace En effet, si l'on veut hâter l'élaboration du dossier de candidature et accélérer les démarches, il est mieux indiqué d'opter en premier lieu pour la gastronomie, ou bien pour l'artisanat ou la musique. Par contre, si l'on désire que Sfax se démarque des autres villes concurrentes, qu'elle se distingue par une image créative exclusive, ou du moins typique pouvant servir de base à une stratégie de développement efficiente, d'autres intellectuels préconisent de faire preuve de plus d'audace : «Il est temps d'oser, et d'explorer des domaines nouveaux comme le design ou les films, deux domaines où les possibilités de la création sont nettement plus vastes», souligne Wiem Cheikhrouhou. Sachant que l'appel à candidature sera ouvert jusqu'au mois d'octobre de l'année 2019, les universitaires, les membres du conseil municipal ainsi que les activistes de la société civile auront suffisamment de temps pour trancher et préparer le dossier de candidature : «D'ici là, des réunions, colloques et autres séminaires sont prévus, pour débattre de la question, sachant qu'il y a des études consacrées à différentes thématiques, dont le design», ajoute notre interlocutrice. La ville de Sfax réputée pour son patrimoine gastronomique Tout le monde est conscient du fait qu'en raison de la richesse du patrimoine culturel dans son ensemble à Sfax, le choix d'un domaine créatif précis n'est pas du tout aisé. Par exemple, le patrimoine gastronomique de Sfax est caractérisé aussi bien par sa diversité que par ses spécificités gustatives. Le couscous et d'autres plats chauds qu'ils soient traditionnels ou non sont des plats qui ont une saveur assez spéciale. De plus, plusieurs événements sont dédiés à la cuisine sfaxienne, à l'instar du festival de dégustation et le festival du poulpe aux îles Kerkennah ainsi que d'autres manifestations comme les plats géants de couscous, etc., sans compter les chansons et autres slogans célébrant la cuisine locale : «La gastronomie est un patrimoine qui identifie les Sfaxiens tant à l'échelle nationale qu'au-delà de nos frontières», soutient la conseillère municipale. Qui dit gastronomie, dit pâtisserie traditionnelle dont le label, grâce à des femmes pionnières, a conquis plusieurs marchés en Europe et en Amérique. Il ne faut pas oublier non plus les fruits de mer, d'une saveur unique, qui prolifèrent au golfe de Gabès. «Ce qui a permis à Sfax de disposer, dans le domaine, d'un design bien structuré et bien apprécié par les visiteurs de la région», renchérit-elle. Une activité artisanale florissante Dans le domaine de l'artisanat, selon la présidente de la commission d'embellissement de la ville et en même temps enseignante à l'Institut supérieur des arts et métiers de Sfax (Issams), le choix pour l'artisanat pourrait se justifier largement aussi dans la mesure où l'activité artisanale axée essentiellement sur le textile et l'habillement est assez florissante dans la région et particulièrement à Kerkennah, où il y a des fibres naturelles introuvables ailleurs. De plus, des designs de l'archipel ont acquis une grande notoriété à travers le monde, d'autant plus que le patrimoine textile se démarque par ses motifs spécifiques. Sans entrer dans les détails, la richesse du patrimoine musical peut constituer un atout de taille qui pourrait plaider en faveur de l'admission de la candidature de la ville de Sfax dans le réseau des villes créatives. A la recherche d'un design propre à la ville Cependant, même si la gastronomie, l'artisanat, la musique présentent l'avantage d'appartenir à un patrimoine déjà existant depuis longtemps, et par conséquent de ne pas exiger de temps pour l'élaboration du dossier de candidature au dit réseau, notre interlocutrice, artiste designer graphique, a une préférence marquée pour le design en tant que thème de ce dossier : «Il est vrai qu'on n'a pas encore réellement de design local au vrai sens du terme, mais ce qui est important, c'est que les artistes et les designers à Sfax sont actuellement en quête d'un design propre à la ville. Ils cherchent à définir un design urbain spécial : un design mobilier urbain aussi, un design émanant de notre patrimoine architectural ou textile et d'habillement, etc. Nous pensons à un design qui identifie la ville de Sfax et dont la conception pourrait être favorisée par le projet de candidature au réseau de villes créatives de l'Unesco. Le design est toute une vision projective à travers laquelle on peut instaurer une vision globale d'embellissement de la ville : c'est une approche intégrale qui manque encore à la ville de Sfax alors que le design peut impulser de nouvelles relations et assurer un certain bien-être pour nos concitoyens».