Béji Caïd Essebsi n'a pas encore dit son dernier mot. Il demeure le chef de l'Etat et dispose de sérieux atouts, jouissant de son domaine réservé, notamment dans la défense et la sécurité en général. Atouts auxquels il faut rajouter son alliance avec la puissante centrale syndicale, l'Ugtt, elle-même en porte-à-faux avec le gouvernement et le mouvement Ennahdha Le mouvement Ennahdha sait pertinemment qu'il a perdu son alliance, qui remonte à l'été 2013, avec Béji Caïd Essebsi, mais prétend toujours jouer le consensus en troquant le partenaire, c'est-à- dire en misant désormais sur Youssef Chahed en lieu et place de Béji Caïd Essebsi. Ennahdha a changé de fusil d'épaule en quelque sorte. Béji Caïd Essebsi a consommé avant-hier, dans son interview avec Al Hiwar, le divorce tant avec Ennahdha qu'avec le chef du gouvernement, Youssef Chahed. En même temps, il a réaffirmé son soutien à son fils, Hafedh Caïd Essebsi, directeur exécutif de Nida Tounès. Ce faisant, le chef de l'Etat a étalé au grand jour la guerre de position ayant lieu au sommet de l'Etat en prévision des élections législatives et présidentielle de 2019. Parce que, disons-le sans détour, tout ce remue-ménage a pour toile de fond des considérations électoralistes. Ce qui explique que les urgences économiques et sociales du pays, exsangue et à bout de souffle, soient reléguées en arrière-plan par tous les protagonistes. On prête à Youssef Chahed des prétentions présidentialistes. Seulement, elles se feront désormais en dehors de son parrain, Béji Caïd Essebsi, qui l'avait projeté aux affaires il y a deux ans, alors qu'il jouait les seconds couteaux à Nida Tounès. En même temps, Béji Caïd Essebsi ne dément pas son intention de rappliquer pour un second mandat présidentiel. Jouant à la balance romaine, Ennahdha cache toujours son jeu et tire les ficelles du jeu. Tant que les nidaistes, Chahed compris, s'étripent à n'en plus finir, cela semble son pain bénit. En attendant de se positionner et de sortir son grand jeu à quelques encablures des scrutins de 2019. En somme, nous assistons à une triangulation assassine. Béji Caïd Essebsi n'a pas encore dit son dernier mot. Il demeure le chef de l'Etat et dispose de sérieux atouts, jouissant de son domaine réservé, notamment dans la défense et la sécurité en général. Atouts auxquels il faut rajouter son alliance avec la puissante centrale syndicale, l'Ugtt, elle-même en porte-à-faux avec le gouvernement et le mouvement Ennahdha. Youssef Chahed, de son côté, jouit du soutien de son gouvernement, les ministres nidaistes compris, et s'est assuré le soutien du Parlement en additionnant les voix de son nouveau bloc parlementaire à celles des députés d'Ennahdha. Le mouvement Ennahdha sait pertinemment qu'il a perdu son alliance, qui remonte à l'été 2013, avec Béji Caïd Essebsi, mais prétend toujours jouer le consensus en troquant le partenaire, c'est-à-dire en misant désormais sur Youssef Chahed en lieu et place de Béji Caïd Essebsi. Ennahdha a changé de fusil d'épaule en quelque sorte. Et c'est là que le bât blesse. Le jeu d'alliances et de contre-alliances bat son plein. Constitutionnellement, le chef du gouvernement a une plus grande marge de manœuvre que le président de la République. Dans les faits, pour Nida Tounès, les jeux semblent être faits. Une bonne partie de ceux qui sont les plus enclins à critiquer le gouvernement semblent, au bout du compte, préférer Youssef Chahed à Hafedh Caïd Essebsi. Mais ils rechignent à cautionner Ennahdha dans son statut de grand manitou qui tire les ficelles du jeu dans l'ombre tout en occupant de plus en plus de larges pans de l'édifice institutionnel et politique. En fin de compte, c'est le chant du cygne du fameux accord Béji Caïd Essebsi-Rached Ghannouchi de l'été 2013. Dans l'opinion, les gens ne considèrent plus Béji Caïd Essebsi avec les yeux de 2014. Il officiait alors pour ses séides et partisans comme le sauveur contrebalançant le pouvoir contesté de la Troïka chapeautée alors par Ennahdha. Aujourd'hui, ils le considèrent seulement dans son étroit statut embarrassant de père de Hafedh Caïd Essebsi, qui a réussi la prouesse de diviser Nida en plus de cinq groupuscules antagoniques. Entre-temps, le pays souffre. Le baril de Brent s'élevait hier à 81,5 dollars tandis que le budget 2018 avait été prévu sur la base du baril à 55 dollars. La nouvelle loi de finances se fera à la peine. Les investissements calent, les exportations diminuent et les déficits des balances commerciales, financières et des paiements courants atteignent des sommets inégalés. Auxquels il faut rajouter les déficits des caisses sociales et du budget, non moins faramineux. Côté establishment cependant, la politique politicienne se poursuit. D'une manière éhontée et on ne peut plus rébarbative. Et c'est, à l'instar de la bêtise, démocratiquement partage, hélas !