De notre envoyée spéciale Neila Gharbi A l'issue d'une semaine de projection, le jury a révélé son palmarès des meilleurs films au cours d'une cérémonie de clôture au théâtre de Namur à laquelle ont assisté un grand nombre d'artistes, de sponsors et des représentants des médias nationaux et internationaux. «M», documentaire de la réalisatrice française Yolande Zauberman, a remporté le Bayard d'Or 2019 du meilleur film dans la catégorie compétition officielle longs métrages. Le film se déroule dans la ville israélienne ultraorthodoxe de Bnei Brak et nous fait découvrir l'univers fermé de ce monde religieux et révèle une vérité dérangeante d'enfants violés par plusieurs hommes sous couvert d'un mutisme religieux et complice. Cette incursion audacieuse a été possible grâce à une des victimes de ces viols qui cherche à retrouver son agresseur et en même temps à se reconstruire. Un autre documentaire, «Les tombeaux sans nom» du réalisateur vietnamien Rithy Panh, obtient le Prix spécial du jury et le Bayard de la meilleure photographie. Creusant toujours le même sillon, Rithy Panh nous conte encore une fois l'histoire du génocide vietnamien par les Kmers Rouges. Il s'agit d'un long témoignage d'un rescapé de ce génocide sur les disparus qui n'ont ni nom ni tombeau. Le film dégage une grande poésie, notamment grâce à un commentaire touchant lu par le réalisateur lui-même. Le jury estime que ce film nous emmène dans un voyage à la recherche de l'identité, de l'enracinement, de la transmission, de la mémoire, tout en posant une question sur l'existence humaine avec autant de sensibilité, de délicatesse et de transparence. De pouvoir affronter une telle réalité, d'une violence sans nom… un génocide avec poésie et philosophie. C'est juste bouleversant pour tout ce que ça raconte d'hier… mais aussi d'aujourd'hui. Un prix amplement mérité. Le Bayard d'Or de la meilleure comédienne est allé à la Française Elodie Bouchez pour son rôle dans «Pupille» de Jeanne Henry et Gaëlle Macé, film qui a également obtenu le Bayard du meilleur scénario. Grande actrice française, Elodie Bouchez est enivrante et à la fois forte et fragile dans un rôle complexe. «On aimerait l'enlacer tout le film et c'est elle qui nous enlace», ont déclaré les membres du jury. Le Bayard d'Or du meilleur comédien est revenu au jeune et talentueux acteur Théodore Pellerin du film canadien «La Genèse» de Philippe Lesage pour sa sensibilité, son magnétisme, son intensité et sa virtuosité, parce qu'il porte un monde en lui et la promesse de grandes choses à venir. Il a excellé dans le rôle complexe d'un lycéen confronté à des événements qui le dépassent. Par ailleurs, aucun des films arabes en compétition n'a décroché de prix peut-être à cause des sujets qui ne correspondent pas à la tendance actuelle des films tournés plutôt vers les agressions et les viols d'enfants. Le palmarès assez long (nous n'avons donné que les principaux bayards) est la conclusion d'une semaine de festival dont les activités parallèles : work shop, rencontres, etc. sont intenses et fructueuses.