Un programme varié décentralisé pour promouvoir l'aéronautique. C'était le 21 octobre 1948. Dans l'édition du jour du Journal officiel paraissait le décret portant approbation des statuts de la «Compagnie tunisienne aérienne de l'air», également appelée Tunisair. Etablissement de droit tunisien, son capital de 60 millions de francs français était composé de participations tunisiennes, bien sûr, mais aussi françaises à travers l'apport d'Air France. Dirigée par un Français, son staff fondateur comprenait néanmoins un Tunisien, Messaoud Chebbi, recruté sous le matricule 03. Il faudra cependant attendre le 1er avril 1949 pour enregistrer le premier vol commercial de la très jeune compagnie à bord d'un Dakota (DC3) acquis auprès de l'armée de l'air américaine. Et il faudra attendre aussi 1956 pour qu'un deuxième, puis un troisième appareil viennent renforcer la «flotte» de départ. Etant donné la portée nationale de l'événement, il était normal que s'associent à sa célébration des parties en rapport étroit avec une épopée à laquelle, en fin de compte, s'identifient tous les Tunisiens. Et c'est ainsi que l'Association tunisienne de l'aéronautique (ATA), fondée en 1916 par des anciens de la compagnie et des amateurs de sports aériens, a tenu à commémorer l'événement à sa manière, c'est-à-dire par l'organisation d'une série d'actions dirigées vers le public le plus large. Depuis sa création, l'ATA n'a cessé de sensibiliser ce public à travers des manifestations destinées aux activités aéronautiques à caractère sportif (montgolfières, ULM, aviation légère, paramoteurs, etc.) ou à caractère ludique (initiation à la navigation, à la mécanique, etc.). Cette association a surtout veillé à décentraliser ses activités et à les étendre à toutes les parties du pays. Ainsi en est-il du programme qu'elle a mis au point pour la célébration du 70° anniversaire de Tunisair et qui s'étalera sur une dizaine de jours (du 19 au 28 octobre courant). Ce programme aura pour scènes le campus universitaire de La Manouba (19 et 20 octobre), Utique, à l'«Escale de Garros» (21 et 28 octobre), Tozeur (22 et 23 octobre), Sfax (24 et 25 octobre), Siliana-Zama (26 octobre) et Oueslatia (27 octobre). Et, à partir du jeudi 1er novembre, la fête se poursuivra par une opération portes ouvertes pour la visite d'avions Airbus et Boeing de Tunisair à l'aéroport Tunis-Carthage. Une démarche ludique et promotionnelle A chacune de ces stations, il sera procédé à la mise en place d'un programme très riche et varié qui ira de l'observation des étoiles au télescope, au baptême de l'air en passant par des démonstrations de divers types d'engins volants (montgolfières, avions ULM, paramoteurs), par des concours photos, de construction de modèles d'avions en papier, de cerfs-volants avec jets et lâchers de ballons gonflables, d‘ateliers de dessin et d'animation diverse. D'aucuns trouveront bizarre que l'ATA ait placé cet événement sous l'intitulé de «De l'Eléphant à la Gazelle», l'association de deux animaux ô combien évocateurs pouvant paraître incongrue. Et si le symbolisme de la gazelle, animal réputé pour sa rapidité et sa légèreté, raison pour laquelle il a été choisi comme emblème de la compagnie se justifie par l'objet de la célébration, l'évocation de l'éléphant, tout autant que la présence du célèbre profil du grand chef militaire carthaginois pourraient sembler inappropriées. Et c'est là que se révèle le deuxième aspect de l'opération : la promotion de la destination Tunisie, souci constant des responsables de l'ATA et qui sous-tend toutes ses activités. Pour les dirigeants de cette association, la pratique des sports aéronautiques doit être consacrée à la découverte, sous une forme spécifique, des trésors naturels et culturels du pays. D'où la dispersion de ses activités à travers le pays et d'où l'inclusion, cette année, du site de Zama dans le programme des festivités. Or, Zama renvoie à Hannibal qui y a livré sa dernière bataille et à ses fameux éléphants qui lui ont facilité tant de victoires. Et puis, avouons-le, l'ellipse est saisissante. Promotion du patrimoine naturel et culturel rime avec marché, celui intérieur, assurément, mais aussi auprès de la clientèle étrangère, plus particulièrement celle qui pratique les sports et loisirs aéronautiques. C'est la raison pour laquelle nombre d'amateurs et de professionnels étrangers (et non des moindres), notamment de France, s'associeront à cette grande fête de l'aéronautique qui sera amplement couverte par les médias nationaux et d'Europe.