«Dans les changements de sélectionneur, il y a parfois des mystères» ! «L'éviction de Faouzi Benzarti a surpris plus d'un. Etait-ce pour autant le bon moment ? Je pense que le moment était mal choisi. Vous savez, même s'il n'y a pas de recette magique pour durer comme entraîneur au plus haut niveau, un divorce ne doit pas intervenir de cette façon. Malheureusement, c'est la règle chez nous, et pas seulement du côté de l'équipe nationale. Les entraîneurs de foot valsent ou ont parfois la bougeotte. Sauf qu'il y a forcément des conseils pour rester heureux sur son banc ! Nous les énumérerons par la suite mais focalisons-nous tout d'abord sur la rupture avec le désormais ex-technicien national, Faouzi Benzarti. Ce sont les chiffres qui le disent, Benzarti est un gagneur qui a globalement réussi partout où il est passé. Son management est performant même s'il fait jaser. Sauf que, généralement, il en va du football comme de toutes les activités économiques: plus un manager a de mauvais résultats sur le long terme, plus il a de chances de se faire licencier. Or, ce n'est pas le cas de Benzarti. Maintenant, le changement opéré a été décidé dans l'urgence, de manière quelque peu impulsive. En clair, les résultats des derniers matches n'ont nullement plaidé en sa faveur. Du moins, je le pense. J'en conclus que tout n'est pas quantifiable. Car si tous les entraîneurs étaient virés après deux mauvais résultats, certains auraient parcouru toute la Tunisie, de long en large ! Oui, dans les changements de sélectionneur, il y a parfois des mystères. Il y a ceux qu'on continue d'embaucher alors qu'ils se plantent partout, ceux débarqués malgré des matches honorables, d'autres qui restent en place malgré des défaites à répétition! Et puis il y a les entraîneurs qui partent d'eux-mêmes, attirés par un nouveau défi ou simplement parce qu'ils n'en peuvent plus, comme ce fut le cas récemment au sein d'une grosse écurie locale. Vous savez, la stabilité est d'autant plus difficile qu'il y a des résultats et un environnement assez fluctuants : les dirigeants, la pression des joueurs, des médias, des supporters, des fois les agents...Ça fait beaucoup de sources de déstabilisation»! «Il faut vraiment une harmonie » «Pour revenir à Faouzi Benzarti, il a été intronisé pour un projet sur le long et le moyen terme. Il aurait dû bénéficier de plus de temps pour mettre en place un projet de jeu. Sauf que vraisemblablement, il aurait dû avoir le président de la FTF dans la poche ! Son licenciement est d'autant plus étonnant que nous ne sommes pas dans le cas de figure d'une rupture pour insuffisance de résultats. Vous savez, généralement, un sélectionneur doit faire l'unanimité certes, mais il est forcément plus solide s'il n'a qu'une personne à qui rendre des comptes. Bref, au-delà des résultats sportifs, il doit aussi savoir garder la confiance de ses employeurs. L'on note, donc, qu'il est intenable d'entraîner longtemps en cas de mauvaise relation avec son président. Il faut vraiment une harmonie. En sélection tunisienne, plus que nulle part ailleurs, les entraîneurs qui durent longtemps ont le profil d'entraîneur-manager. Je pense que, finalement, plus il y a de monde, plus c'est compliqué, plus il y a de possibles tensions. Pourquoi ? Parce qu'un timonier national a logiquement des pouvoirs élargis. Son autorité doit être respectée par les joueurs. Et, le cas contraire, il y a de l'eau dans le gaz tout simplement ! Tout cela est préoccupant tout de même. Un sélectionneur à la merci de son entourage immédiat avec pour pomme de discorde une partie des joueurs internationaux qui ne le soutiennent plus ! Durant les 20 dernières années, indépendamment du timing, l'on ne compte plus le nombre de sélectionneurs remerciés parce que leurs joueurs ne les écoutaient plus. Généralement, il y a bien des choses qui peuvent perturber un vestiaire. Sauf que ça revient au sélectionneur de faire tenir le château de cartes. Qu'il s'évertue à tout chambouler quand certains n'adhèrent plus à son discours, cela fait partie de ses prérogatives et il rendra par la suite des comptes. Mais qu'il soit livré en pâture, à la vindicte comme on dit, c'est à la limite inconcevable. Tout sélectionneur en exercice a des convictions. Mais s'il espère réussir là où son prédécesseur a éventuellement échoué, il a forcément besoin d'une courroie de transmission, tout comme il doit prendre garde au «copinage» dans les vestiaires et éviter les clans. En fin de compte, Faouzi Benzarti était peut-être en conflit avec quelques fortes têtes du vestiaire. Au final, ils ont eu raison de son intransigeance...»