«Un point, des poèmes et des chansons» de l'artiste calligraphe Abderrazek Hamouda est la deuxième exposition inaugurale du nouvel espace «Kouri Kheïreddine» à la Médina de Tunis. Un nouvel espace événementiel et culturel vient de voir le jour depuis quelque temps au cœur de La Médina de Tunis, plus exactement Place du Tribunal en face du Musée Kheïreddine. Il s'agit, en fait, des anciennes écuries de Kheïreddine Pacha (1822-1890) qui se sont métamorphosées en un magnifique espace chaleureux, accueillant, moderne et authentique. Après avoir abrité une première exposition inaugurale réunissant deux photographes de talent : Mrad Ben Mahmoud et Khadija Lemkecher et un concert de Malouf exceptionnel, la magnifique salle d'exposition du «Kouri Kheïreddine» vient d'accueillir les œuvres de l'artiste calligraphe Abderrazzek Hamouda. Installées sur les murs millénaires du lieu, ces œuvres d'art dialoguent entre elles, illustrant le caractère unique de ce style profondément enraciné dans la culture arabe et musulmane. Il faut préciser que tout au long de son histoire, la calligraphie a été le fruit des recherches et de l'effort des calligraphes du monde entier, bien que les civilisations arabes et extrême-orientales en aient porté l'étendard. La calligraphie ou l'art de bien former les caractères d'écriture fut développée dans le monde arabe pour honorer les versets du Coran qu'il fallait transcrire. C'est ainsi que la calligraphie est considérée, jusqu'à nos jours, comme un art islamique, voire divin. Abderrazzek Hamouda fait partie des passionnés de cet art ancestral. En effet, le bien-être ressenti face à ses toiles nous fait comprendre pourquoi ce féru de calligraphie arabe s'est adonné, avec la maturité de son esprit et la sagesse de ses rêves, au plaisir de reproduire la richesse de l'art de la calligraphie sur ses toiles. Né à Gabès en juin 1953, Abderrazzek Hamouda est artiste calligraphe autodidacte, il est le fondateur de Dar el-Founoun à Gabès. Il est aussi le fondateur et président de Tunis Art (Association des artistes plasticiens tunisiens en Suisse), il est membre d'art club Genève et également membre de l'Union des artistes plasticiens tunisiens (Uapt). Il s'est adonné à l'art de la calligraphie depuis plus de trente ans. Et depuis 1981, il enchaîne les expositions personnelles et collectives entre Tunis et Genève, en passant par la France, l'Italie et le Bahrein. Pour lui, la calligraphie est un art de précision et de sincérité; elle demande de l'exigence mentale et physique où se conjuguent la maîtrise du geste et du souffle à la fois : «On part d'un point, qui obéit à des règles strictement géométriques; qui s'allonge pour devenir courbe..Tout est alors possible, tant dans l'espace que dans le mental de l'artiste. La géométrie devient alors un ingrédient indispensable: le trait doit se faire en un seul mouvement et en un seul souffle, alors la page blanche se transforme en une scène de théâtre». Personnage étonnant et atypique, notre artiste peintre a notamment suivi des études universitaires d'anglais, d'arabe et de persan (pour lire dans les textes originaux de Khayyam,Hafez, Saadi et Attar). «Je suis extrêmement redevable à la calligraphie. Elle m'a donné la chance extraordinaire de pouvoir m'exprimer librement et sincèrement. Elle est devenue l'amie à qui je peux me confier à travers tous mes états d'âme. A travers elle, je crie mes colères, je partage mes joies, je me rapproche de tous les gens avec qui je partage mon art en ce que j'ai de plus sincère et de plus humble à leur donner. En un mot, la calligraphie a formé ma pensée et mon être : n‘est-ce pas une chance ?», confie-t-il. Dans certaines œuvres, l'artiste a eu recours à la peinture-calligraphie. Une forme qui n'est pas authentiquement nouvelle, car elle existait autrefois en Iran sous le nom de l'écriture ornée de fleurs ou écritures jointes. L'artiste manie le trait à la façon de laquelle les poètes Nizar Kabbani, Adonis, Khayyam et Ouled Ahmed manient le verbe, avec excellence et délectation, et les calligraphies de A. Hamouda prennent à chaque fois diverses formes : oiseau ou autres créatures enchanteresses. Un bel ouvrage poétique tant dans le verbe que dans l'image. Elégance, particularité et richesse sont, donc, les principaux traits qui caractérisent ces calligraphies qui transmettent à travers les textes choisis ce qu'il y a de plus intéressant, de plus captivant dans la culture arabo-musulmane. Une exposition qui vaut le détour du côté de la Médina à découvrir jusqu'au 16 novembre.