Entre la FTF, l'équipe de Tunisie et son entraîneur national, c'est l'histoire du chauve qui, une fois décédé, ses proches lui ont tressé des boucles sur la tête. On s'est débarrassé de Faouzi Benzarti parce qu'il paraît qu'il était trop rugueux avec les joueurs et voilà que l'on reproche à ses successeurs une certaine complaisance pour ne pas dire laisser-aller ou même manque de personnalité. Ce qu'il y a de vrai dans tout cela, seuls ceux qui font intimement partie de la sélection et de son entourage le savent. Kanzari et Okbi en ont vu durant leur carrière, mais, ces deux techniciens n'ont jamais eu affaire à des joueurs, venant de différents horizons, comme ceux qui font partie de la sélection actuelle. Il y en a des disciplinés, des têtes chaudes et des provocateurs. Incorrigibles et mauvais exemples Ces appréciations de profils ne sont pas les nôtres. Il y a des joueurs, qui se reconnaîtront, qui se sont déjà montrés coupables de manque de respect et qui ont été écartés. Ils ne sont revenus qu'après avoir présenté leurs… excuses. La coupe du monde se profilait à l'horizon et il s'agissait de ne pas la manquer. Certes, ces agissements ne sont en aucune manière exceptionnels et les plus grands joueurs du monde se montrent parfois agressifs. Le comportement d'un certain Zidane en finale de la Coupe du monde est passé dans les annales. Mais… ce qui nous intéresse le plus, c'est bien cette valse-hésitation qui a fait suite à la décision aussi surprenante qu'inattendue prise lors de la mise à l'écart de Faouzi Benzarti. A quelques semaines de cette phase finale, on semble vouloir le risque de tout chambarder et de se contenter de laisser venir. Eh bien, nous connaissons la suite. Deux défaites et un comportement des plus curieux avec des joueurs qui semblent avoir la tête ailleurs. Le relâchement de la discipline a été le point le plus négatif de cette fin d'expédition. Ce sont toujours les mêmes incorrigibles et les mêmes têtes brûlées qui ont agi à leur manière. On ne refait pas l'histoire Empressons-nous de signaler qu'avec un entraîneur à poigne, ce ou ces éléments venus en dilettante n'auraient pas pu fouler le gazon égyptien ou d'El Menzah et nous aurions assisté à un tout autre scénario. Mais on ne refait pas l'histoire, surtout que le caractère irascible de certains joueurs pouvait pousser le sélectionneur à se débarrasser d'eux, sinon les mettre à l'écart. Il fallait néanmoins avoir le courage et savoir faire front aux meneurs. On peut quand même regretter cette décision qui actuellement impose une solution immédiate. A la suite de ces deux défaites, de la passivité de certaines «vedettes » et des échanges aigres-doux entre joueur et sélectionneur, il y a même des accusations et un manque de respect évident, les choses ne pouvaient plus continuer. D'ailleurs nous voyons mal comment on garderait ce duo d'ex-adjoints auprès de celui qui sera en fin de compte retenu. Si le courant ne passe pas, il est inutile d'insister pour éviter les futurs éclats inutiles. Ce serait mettre le prochain sélectionneur dans des situations difficiles. Nous avons toujours défendu le technicien tunisien et nous avons constamment été de son côté. Par conviction et non pas par poussée de fièvre xénophobe, mais nous pouvons comme tout le monde nous tromper. Et le fait de croire que la paire Kanzari-Okbi aurait tenu au moins jusqu'à la phase finale de la coupe d'Afrique a été une erreur. Réparer l'erreur C'est l'erreur qui a fait le jeu des joueurs- meneurs et qui comme c'est le cas dans tout groupement affectionnant des prises de positions qui les mettent directement dans le rôle de «décideurs ». Une aura qui rejaillit souvent en contradiction ou en opposition avec celle de l'entraîneur. Et dans ce cas, tout est en relation avec la personnalité du sélectionneur. S'il se laisse faire, il est cuit. Tout lui échappe des mains et c'est la foire. C'est pour cette raison que les joueurs affectionnent des responsables gentils, polis, pacifiques, qui ne montent pas au feu et évitent autant que possible ceux qui se font respecter aussi bien au bord du terrain, que partout ailleurs, pour avoir les coudées franches, imposer un joueur par affinité, ou par intérêt, influencer une décision qui ne va pas dans le sens qu'ils souhaitent. Sans pour autant revenir à ce qui a été longuement débattu, le fait d'avoir remercié Benzarti a eu des conséquences. Nous avons bien vu à l'occasion des deux dernières sorties de l'Equipe nationale que certains joueurs traînent la patte. Il n'y avait pas cette hargne et ce comportement vif et décidé qui ont donné une stature beaucoup plus respectueuse de l'équipe. Certains et non des moindres, ceux qui passaient aux yeux de tous les observateurs pour des éléments complètement voués au service de l'équipe, ont été en deçà de ce qu'ils présentent au service de leurs clubs. C'est que, par affinité, nous suivons tous nos joueurs évoluant à l'étranger avec beaucoup de régularité et nous les voyons se battre, mouiller le maillot et ne rien lâcher. En dilettante Que s'est-il passé pour qu'il y ait ce changement d'attitude et de comportement ? Bien sûr la qualification acquise (?) et le caractère amical de la dernière rencontre pourraient donner l'impression que ces éléments ne voulaient pas s'exposer, mais il y a le prestige et un standing minimal à défendre. Avec un entraîneur à poigne, ces éléments seraient restés sur le banc et sans discussion, ils auraient été mis à leur place en cas de réactions indélicates. Le fait que la fédération ait ressenti le besoin d'agir est déjà un acquis. Si nous pensons sincèrement qu'il y a eu abus de pouvoir dans le cas de Benzarti, il est évident que le fait de s'empresser de reprendre en main le groupe est positif. On ne peut plus se permettre de perdre plus de temps. Nous ne savons pas encore si la langue sera un obstacle, mais toujours est-il que l'urgence (il ne faut jamais agir sous le diktat de l'urgence, dit-on !) implique une prise de décision rapide. Reste que nous avons un avant-goût de ce qui attend le prochain sélectionneur. Il doit être absolument un homme de poigne et surtout un technicien qui connaît la pression des matches difficiles, l'état d'esprit des joueurs et surtout qui sait contrôler les situations les plus difficiles. Ce n'est pas facile, n'en déplaise à ceux qui croient que la prise en main d'un groupe — où des joueurs ont chacun sa personnalité et son ego à préserver — est aisé. La Coupe du monde est une superbe carotte que les responsables ont agitée et ils ont réussi à garder vivace l'engagement des joueurs. La coupe d'Afrique n'a pas la même attirance et la rater, ce serait le vœu d'un bon nombre de joueurs qui évoluent en France. En rejoignant la sélection, certains d'entre eux risquent de ne plus figurer au sein de l'équipe type de leurs clubs. Toujours est-il que les choses ne seront pas aussi faciles qu'on pourrait le croire. Nous souhaitons nous tromper (c'est aux joueurs de nous convaincre et de nous faire changer d'avis), mais les deux dernières sorties de l'équipe nationale ont été plus qu'un révélateur pour jauger des dispositions futures de cette équipe. Et de son personnel d'encadrement !