On a constaté, en premier lieu, l'absence d'une stratégie nationale du dispositif de la maîtrise de l'énergie. Un échec de la mise en place d'orientations et de dispositions ainsi que de cadres juridiques a été également observé pour réaliser des projets d'efficacité énergétique. L'Etat tunisien a adhéré au dispositif de maîtrise de l'énergie depuis 1985 à travers la création de l'Agence nationale de maîtrise de l'énergie (Anme), et ce, dans le but d'atténuer le déficit énergétique attendu à partir de l'an 2000. La maîtrise de l'énergie concerne toutes les opérations visant la rationalisation de l'utilisation de l'énergie de la consommation et de la production de l'électricité ainsi que la promotion des énergies renouvelables. Cependant, les ressources nationales en énergie primaire (gaz et pétrole) ont connu un recul passant de 7,8 millions de tonnes équivalent pétrole (tep) en 2010 à 5,4 millions de tep en 2016, soit l'équivalent d'une baisse de 31% contre une évolution de la demande au cours de la même période passant de 8,4 millions de tep à 9,1 millions de tep, soit une hausse de près de 8%. Ainsi, le défi de l'énergie primaire est passé de 0,6 million de tep à 3,7 millions de tep. Le taux de couverture des ressources nationales des besoins énergétiques a chuté, lui aussi, passant de 93% à seulement 59%. La consommation explose D'après le dernier rapport de la Cour des comptes, la consommation du gaz naturel importé représente 50%. L'énergie primaire principale utilisée par la Steg représente 98% pour la fabrication de l'électricité. En effet, les quantités consommées au cours de la période 2010-2016 ont été entre 2,85 et 3,32 millions de tep, ce qui correspond à près de 37% de la consommation nationale en énergie primaire. La Cour des comptes a examiné les résultats obtenus durant la période 2010-2016 pour évaluer les aboutissements des mesures prises dans ce sens. Ainsi, des mécanismes ont été mis en place en vue de maîtriser l'énergie. Une mission de contrôle a été effectuée par la Cour des comptes. Elle a concerné la rationalisation de l'utilisation de l'énergie dans le secteur public, l'habitat, le transport, l'industrie et les services. La mission a examiné, de même, l'efficacité de la consommation de l'énergie primaire pour la production de l'électricité et sa distribution en plus de l'état d'avancement des programmes et réalisations en matière de production d'électricité à partir des énergies renouvelables. Les travaux de contrôle ont été effectués essentiellement au sein de l'agence précitée qui constitue la partie désignée pour la gestion de la maîtrise de l'énergie ainsi que les services techniques de la Steg chargés de l'énergie et les ministères chargés de l'Energie, du Transport et de l'Equipement, outre le Centre technique des industries mécaniques et électriques. La mission, qui a été menée en s'inspirant des normes de l'Organisation internationale des hautes structures de contrôle administratif et financier relatives au contrôle du rendement et compte tenu du guide de contrôle sur le rendement de la Cour des compte, a tiré un ensemble d'observations. On a constaté, en premier lieu, l'absence d'une stratégie nationale du dispositif de la maîtrise de l'énergie. Un échec de la mise en place d'orientations et dispositions ainsi que de cadres juridiques a été également observé pour réaliser des projets d'efficacité énergétique. Cela a eu pour conséquences une consommation supplémentaire de l'énergie de près de 1.516 mille tep au cours de la période 2010-2016, soit l'équivalent de 1.192 MD et près de 325 MD de compensation qui n'a pas été évitée. La production d'électricité à partir des énergies renouvelables n'a pas dépassé les 4% de l'ensemble de la production d'électricité sur le plan national. Le manque à gagner commercial sur la distribution de l'électricité a dépassé 1.191 MD. A noter que l'absence d'une stratégie nationale de maîtrise de l'énergie et le non-parachèvement du cadre juridique et réglementaire relatif au Fonds de transition énergétique ont privé la collectivité nationale au cours de la période 2014-2016 d'une économie des quantités d'énergie de près de 2.476 mille tep d'une valeur de 1.584 MD et d'éviter des dépenses de compensation de près de 432 MD.