Il s'agit d'un tournant spectaculaire tout à fait inattendu qui donne satisfaction à tous les Tunisiens qui s'attachaient à l'impératif d'élucider l'énigme des assassinats politiques de l'année 2013, mais qui fait passer au second plan les soupçons pesant sur le parti Ennahdha d'avoir eu et, peut-être même, d'avoir à ce jour un appareil sécuritaire secret Les avocats des martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi ont organisé une nouvelle conférence de presse où ils ont porté à la connaissance du public d'importants nouveaux éléments dans l'affaire qu'ils avaient dévoilée à propos de ladite «chambre noire« du ministère de l'Intérieur. Selon leurs nouvelles révélations, Mustapha Khedher, qui est en prison à Borj Erroumi et qu'ils avaient accusé d'avoir été à la tête de l'appareil sécuritaire d'Ennahdha et d'avoir eu pied au sein du ministère de l'Intérieur, serait désormais mis en accusation par la justice qui le soupçonne, ni plus ni moins, que d'avoir assassiné lui-même Mohamed Brahmi. Ainsi, après que la justice militaire a classé l'affaire de la fameuse chambre noire qui n'en était pas une, voilà que la justice civile va au-delà des accusations portées par les avocats des martyrs et désigne carrément l'assassin direct de l'un d'entre eux. Il s'agit d'un tournant spectaculaire tout à fait inattendu qui donne satisfaction à tous les Tunisiens qui s'attachaient à l'impératif d'élucider l'énigme des assassinats politiques de l'année 2013, mais qui fait passer au second plan les soupçons pesant sur le parti Ennahdha d'avoir eu et, peut-être même, d'avoir à ce jour un appareil sécuritaire secret. Réagissant aux nouvelles évolutions du dossier, la députée nahdhaouie Maherzia Laâbidi n'a mis en doute aucune des informations rapportées par les avocats des martyrs Belaïd et Brahmi, se contentant d'indiquer que la mise en accusation de Khedher ne signifie pas qu'il est coupable et que ses avocats sont à l'œuvre pour prouver le contraire, tout comme les avocats d'Ennahdha laveront le parti des accusations qui le visent. Le système de défense du parti islamiste donne l'impression d'avoir adopté, à l'égard de ses accusateurs de toujours — le Front populaire et ses avocats — une posture nouvelle. Ennahdha semble passer du simple dédain à l'argumentation. Est-ce le signe que les choses sont désormais prises au sérieux ? Mais les avocats de Belaïd et Brahmi ne lâchent pas prise, maintenant ils accusent frontalement certains magistrats de vouloir noyer le poisson et Ennahdha de faire pression sur la justice. Quand à Borhane Bsaies, qui sort à peine de Borj Eroumi, il affirme s'y être entretenu avec Mustapha Khedher. Il vient de lancer un appel pour que l'intéressé soit protégé. Comme pour dire que les révélations qu'il pourrait faire pourraient s'avérer explosives.