Le club marsois traîne une longue histoire et se projette dans le futur avec une vocation de club omnisports qui encadre la jeunesse. Vendredi dernier, l'ASMarsa a fêté ses 80 ans. Un événement peu médiatisé malheureusement, mais qui s'impose comme quelque chose d'important pour le sport tunisien. Ce n'est pas 80 ans qui intéressent seulement la division football et le public de l'équipe qui joue en Ligue 2 en ce moment, mais aussi toute une ville charmante et une famille large d'un club qui conserve son étiquette de club omnisports. En ces temps durs où l'argent et les capitaux sont une denrée rare, l'ASMarsa, pour ceux qui ne le savent pas, défend farouchement et péniblement sa vocation de club omnisports. Il n'y a pas que le football à l'ASM, il y a également le volley-ball (une section prestigieuse avec les Raja Hayder, Bounatouf, Slim Mahrezi et Raouf Channoufi), le tennis, la natation, le handball (une section féminine qui milite malgré la précarité de ses moyens), la lutte, l'athlétisme, le basket-ball et des milliers de jeunes. Cette vocation est, à notre avis, le point le plus saillant dans ce 80e anniversaire. Au fil des générations, au fil des changements sociodémographiques à la ville de La Marsa et l'expansion de la population et du public de l'ASM, le club marsois est parmi les rares clubs qui ont choisi de défendre le droit de toutes les disciplines à évoluer, et des jeunes passionnés à pratiquer le sport qu'ils aiment. L'ASMarsa n'a pas des moyens comme d'autres clubs pour subvenir à tous les besoins de ces jeunes et de ces sections que personne ne soutient. Mais en attendant que les mécènes du club et l'Etat mettent plus de moyens et aident ces amateurs, l'ASM relève encore le défi de son identité «omnisports». Pour ses 80 ans, l'ASM peut se targuer de ses exploits, de son passé glorieux, mais aussi de ses ambitions futures. Spécialiste de la coupe Avec 5 trophées remportés (61, 77, 84, 90 et 94) et 8 finales perdues, l'ASM est en effet un spécialiste de la coupe et a réussi à battre des clubs cadors et qui a constitué un bastion qui a engendré de grands joueurs et de grands entraîneurs, à l'image de Chammam, Jebali, Ben Othmane, Selmi, Derouiche, Mahjoubi, Ben Messaoud, Mongi Ben Brahim, Majdoub, Mouihbi, Ben Dadi, Bedoui, Aniba, Diawara, Marzouki, El Euchi, Ben Slimène et d'autres encore. C'est un grand club qui a marqué l'histoire du foot tunisien et qui a glané des titres. C'est aussi un club qui a vu des dirigeants de renommée qui ont eu également des rôles inoubliables dans la période de la lutte anticoloniale. Une série de présidents a défilé à l'ASM (et à l'Avenir musulman, son ancienne appellation) en commençant par M'hamed Zaouchi suivi de B. Aouij, A. Dahmani, Hammouda Belkhodja, Mahmoud Azouz, Mondher Mami, B. Riahi, Hamouda Louzir et Maher Ben Aïssa. Aujourd'hui, c'est Taoufik Ben N'cib, ancien dirigeant passé par tous les échelons de la responsabilité, qui est président-bailleur de fonds et qui rentre dans l'aspect opérationnel de la gestion, avec pour mission de ramener, avec son équipe dirigeante, l'équipe en Ligue 1, sa place naturelle. En ces 80 ans de l'ASM, on peut parler d'un club grand par son passé et son prestige, spécial par la diversité de ses supporters et par ses coulisses toujours chaudes, c'est aussi un club qui doit se moderniser et aspirer à un plus. Le potentiel sportif, économique et politique à La Marsa peut être mieux exploité. Côté infrastructure sportive, et vu la masse colossale des jeunes, l'ASM mérite plus et mieux de la part de l'Etat. Et c'est aux dirigeants de l'ASM, anciens et nouveaux, de passer à l'action, en coordination avec les autorités locales, notamment la municipalité présidée par un ex-volleyeur notoire (Slim Mahrezi), pour faire un bond de qualité au niveau des installations sportives, surtout pour le stade de football. Avec 80 ans d'existence, l'ASM doit regarder plus haut non seulement pour les résultats sportifs mais aussi pour les sources de financement en profitant davantage de l'emplacement et de la valeur de la ville de La Marsa. Ces 80 ans méritent d'être fêtés comme il se doit. Des festivités, une stratégie de communication bien ficelée, plus de cohésion dans la famille élargie et bien sûr une vision pour l'avenir, c'est entre autres les «axes» de cette fête qui va se prolonger. On n'a pas tous les jours 80 ans, et pour un club ayant les racines aussi profondes comme l'ASM, c'est un événement majeur tant pour La Marsa que pour le sport tunisien. C'est somptueux comme fête, c'est aussi nostalgique et sensationnel. Alors, bon anniversaire l'ASM !