Considéré comme professionnel, le footballeur tunisien traîne un statut ambigu qui ne lui garantit pas une couverture sociale et une prise en charge des risques de ce métier. Le syndicat des footballeurs professionnels en Europe est une instance qui pèse lourd auprès des clubs et auprès des fédérations qui gèrent le football. Ils défendent bien les droits des joueurs affiliés qui cotisent avec des montants importants, mais qui obtiennent en contrepartie des avantages sociaux considérables et un pouvoir de négociation significatif. Ces footballeurs-salariés bien payés obtiennent grâce à leur statut de professionnel un tas d'avantages financiers et en nature leur permettant de s'assurer contre tout type de risque (blessure, maladie, rupture abusive de contrat, accident…). Ce n'est pas le cas de nos joueurs et de notre football, «professionnel» depuis 1995, mais qui traîne beaucoup d'anomalies. L'une des anomalies est surtout le statut du joueur professionnel, protégé bien sûr par le «contrat de travail» qui le lie au club, mais qui n'a pas (et c'est une réalité) des droits sociaux et une prise en charge de la part du club en cas d'accident. Et même ce syndicat créé, et qui est monté au créneau depuis des années, mais qui s'est illustré plus par les conflits internes que par ses apports, n'a pas changé la donne. On persiste à dire que même si les footballeurs tunisiens sont payés grassement par rapport aux moyens des clubs et à la réalité économique du pays, ils restent mal pris en charge et sans garantie pour tout ce qui est couverture sociale. Et le plus grave, c'est que personne ne peut vous répondre sur des questions, telles que pourquoi n'a-t-on pas un régime d'assurance pour les footballeurs? Y a-t-il des retenues sur salaire pour le compte des caisses sociales? Qu'en est-il de la prise en charge des joueurs en cas d'accident? Et l'après-retraite du footballeur tunisien? Personne ne vous donnera une réponse globale et exhaustive sur toutes ces questions qui concernent bel et bien le football professionnel. Ce joueur, qui gagne beaucoup d'argent (et c'est une idée reçue valide en bonne partie), n'est pas bien assuré par son club et ses «droits sociaux» sont un sujet tabou. Il suffit d'un moindre pépin, d'un coup du sort pour qu'il vive des moments durs. Un syndicat fort… Les joueurs doivent réactiver ce syndicat qui défend leurs intérêts et qui parle en leur nom. Le régime d'assurance, la couverture sociale, la retraite, l'accompagnement des joueurs dans leurs carrières, les litiges, voilà des domaines où le syndicat doit être présent et efficace. Ce n'est pas le cas malheureusement dans notre championnat. Or, ces questions restent «tues» dans notre football qui ne parle que des crises financières que vivent la majorité des clubs. Du moment qu'on ne parle pas des droits des joueurs, on va rester dans une nuance génante et un mal à l'aise général. Deux petites propositions : un syndicat fort qui crée une mutuelle financée par les joueurs eux-mêmes et aussi par la FTF (un pourcentage minime de retenue sur les clubs) et qui financera un autre jour une pension de retraite (les caisses sociales ne vont pas être intéressées par une retenue sur une durée de travail de 18 ans au maximum) et qui prendra en charge, en compagnie du club, les accidents et les cas sociaux des joueurs ayant cotisé. Seconde proposition, revoir le système du professionnalisme en révisant les salaires oui, mais en introduisant la composante sociale dans les clauses des contrats. Le débat sera long, mais il s'avère urgent.