Quelques perles cinématographiques ont émergé du lot des films en compétition internationale de la 13e édition du Fifej de Sousse. Détails Parmi les longs métrages en compétition internationale du 13e Fifej de Sousse qui forcent l'admiration, citons, en premier lieu, «Miraï ma petite sœur» du Japonais Mamoru Hosoda, un conte à hauteur d'enfant par l'un des plus grands réalisateurs japonais et même du monde des films d'animation. Cela, tant il a marqué le genre avec plusieurs opus comme «La traversée du temps», «Les enfants loups», «Le garçon et la bête» et d'autres. «Le garçon et la bête» Dans son dernier opus, Kun, un petit garçon de quatre ans, se sent abandonné avec l'arrivée au monde de sa petite sœur Miraï. Jaloux et chagriné, il se replie sur lui-même et se réfugie au fond du chagrin où il vivra des aventures fantastiques où se mêlent le passé, le présent et le futur. Il rencontre tour à tour ses proches à divers âges de la vie : sa mère petite fille, sa petite sœur devenue adolescente et son arrière grand-père dans sa trépidante jeunesse. A travers ces aventures, Kun découvrira sa propre histoire, dans un voyage initiatique qui l'aidera à mûrir, à assumer son rôle de grand frère et enfin à accepter la réalité. Ce conte merveilleux sur la famille se révèle une fine observation de l'enfance à travers le rêve et le réel et une superposition temporelle entre époques réalistes et imaginaires. «Connaître son passé pour aller de l'avant et affronter sereinement l'avenir», c'est là le propos du film véhiculé dans un style énergique et virevoltant . A la fois tendre et sensible, cette leçon d'apprentissage de la vie est servie par une forme visuelle magnifiée par l'inventivité graphique. Autre film d'animation : «Dilili à Paris» de Michel Ocelot qui met en scène les aventures touchantes de Dilili situées au début du siècle dernier dans la capitale des Lumières. La fable se focalise sur un petit personnage féminin, une Kanake qui mène une enquête sur des enlèvements mystérieux de fillettes en compagnie d'un jeune livreur en triporteur. Michel Ocelot reconstitue au moyen de superbes images «le Paris culturel et artistique» de 1900 où se côtoient des célébrités incontournables de l'époque : Picasso, Renoir, Monet, Rodin, Proust, Camille Claudel, Sarah Bernhard, Marie Curie et autres icônes de l'époque. Toutes ces icônes aideront la petite héroïne métisse dans son enquête qui révélera des drames terrifiants. Dans cette parabole féministe, visuellement féerique, se côtoient des personnages animés en 3 D et des éléments photographiques servant un propos progressiste fustigeant le racisme, la maltraitance féminine et l'intolérance. Bref, dans ce combat des femmes pour la liberté, les deux héros feront triompher la lumière, la liberté et la joie. Côté courts Parmi les courts métrages internationaux programmés en compétition, citons : «Caroline» de Celine Held et Logan George, où une fillette de 6 ans, prénommée Caroline imagine tous les plans pour trouver une baby-sitter ayant échoué et se retrouve en charge de son petit frère et de sa petite sœur en pleine canicule, un été au Texas. La force du film réside dans la situation angoissante et étouffante, habilement filmée, que vit Caroline qui se sent coupable et responsable de la panique qui a saisi toute la famille après l'intervention d'une passante, inquiétée par le sort des enfants enfermés en sueurs, dans une voiture sous la canicule. Le film véhicule plusieurs sensations et sentiments émanant aussi bien des personnages que des différentes situations vécues notamment par la mère et sa fillette. Filmé du point de vue de Caroline, cet opus se veut une critique du système où une mère, à la recherche d'un travail, serait obligée de laisser seuls ses enfants en bas âge dans des conditions, pour le moins dangereuses. «Caroline» vaut également par la performance des deux actrices jouant la mère et la fille si émouvante dans cet élan solidaire avec sa mère, car rongée par un sentiment de culpabilité. «Toprak», du Turc Onur Yagiz, met en scène un enfant de 8 ans qui traduit pour ses parents qui ne parlent pas français. Il accompagne ses parents à l'hôpital pour l'échographie de sa mère en espérant que les jumeaux attendus soient des garçons. Mais après l'échographie, il est d'emblée confronté au monde des adultes avec ses déceptions et ses vicissitudes. Le film se clôt sur une scène émouvante où «Toprak» affiche son besoin de réconfort et de chaleur maternelle pour affronter le monde et ses tourments. Parmi les courts métrages d'animation, nous avons vu «Il était une fois» du Tunisien Zouhair Mahjoub qui a été réalisé, selon les protagonistes du film, «suite au mécontentement des pêcheurs de l'île de Kerkennah touchés, en 2014, par le vandalisme des pilleurs des ‘‘Charfia‘‘ ou pêcheries ancestrales datant de l'époque mouradite». Ces vandales détruisent ce patrimoine tout en causant la dissidence et la division. Et c'est à travers le personnage d'un «enfant-poupée», prénommé Sami, que la conscientisation à l'importance de la nature et du patrimoine de l'île a lieu. Filmé en 2D, «Il était une fois», réalisé dans un style didactique parfois emphatique, cible en premier lieu les enfants. D'autres courts métrages de fiction ne méritaient vraiment pas d'être en compétition internationale, tels certains films arabes, entre égyptiens et irakiens notamment. A suivre donc en attendant le palmarès.