• Trois grandes catégories d'orientations stratégiques Le modèle de développement agricole actuel qui n'est plus en mesure de faire face au nouveau contexte, caractérisé par l'instabilité des marchés internationaux, à laquelle s'ajoutent les impacts des changements climatiques, exige une actualisation de la politique agricole tunisienne dans le cadre d'un processus concerté entre tous les acteurs. Telle est la principale conclusion d'un document de travail présenté, hier à Tunis, dans le cadre d'un atelier organisé à l'initiative du ministère de l'Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche et l'Agence française de développement (AFD), sur le thème «Actualisation concertée de la politique agricole : nouvelles orientations pour relever les défis de l'étape». Cette manifestation à laquelle ont participé une cinquantaine d'acteurs du secteur (experts, professionnels et administrations), s'inscrit dans le cadre d'un cycle d'ateliers de travail qui a démarré en novembre 2009, dans l'objectif de mettre en place une vision commune sur le développement de l'agriculture tunisienne et les nouvelles orientations stratégiques visant à faire face aux nouveaux défis. Le document souligne que l'agriculture tunisienne qui a enregistré des avancées importantes, se heurte aujourd'hui à un certain nombre de contraintes structurelles, notamment une pression de plus en plus forte sur les ressources naturelles, une dégradation des conditions de la sécurité alimentaire du fait de la forte croissance des importations (notamment de certains produits de base), outre les difficultés de maîtrise des marchés à l'exportation, dont la volatilité des prix met à l'épreuve les stratégies des producteurs, et la faible valorisation des produits exportés. Les auteurs ont également souligné la baisse des investissements publics et privés dans le secteur ainsi que le manque d'organisation des filières. L'étude recommande, dans ce cadre, de mettre en place une politique agricole concertée dont les domaines et modalités d'intervention devront être argumentés sur la base de la correction des défaillances du marché et de l'intervention publique. Objectifs : atteindre la sécurité alimentaire, garantir l'accès aux marchés, moderniser le modèle de production nationale, valoriser les exportations par la recherche d'une meilleure valeur ajoutée des produits et optimiser la gestion des ressources naturelles. Augmenter la production et améliorer la compétitivité Le document cite, par ailleurs, trois grandes catégories d'orientations à adopter. La première concerne le cadre institutionnel. Elle vise l'amélioration de l'efficacité et de la coordination des interventions de l'Etat, l'organisation des filières, le renforcement de la participation des populations rurales et l'incitation des acteurs à un comportement favorisant la pérennité des ressources naturelles. La deuxième catégorie d'orientations, qui concerne les interventions des services publics, est axée sur l'amélioration de l'accès aux mécanismes de crédits et d'assurance, la vulgarisation des résultats de la recherche scientifique et la garantie d'une formation répondant aux besoins du secteur. La dernière a pour objectif de garantir une meilleure insertion de l'agriculture tunisienne à l'économie internationale, par l'amélioration de la compétitivité de l'offre nationale, l'adoption d'une politique commerciale en parfaite cohésion avec les objectifs de la politique agricole nationale. Ouvrant cet atelier, M. Abdessalem Mansour, ministre de l'Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, a indiqué que les différentes analyses menées dans le cadre de cet atelier, qui coïncide avec la mise en œuvre du programme présidentiel (2010/2014), permettront de tirer les leçons du passé, de répondre aux présentes problématiques et de faire face aux nouveaux enjeux auxquels est confrontée l'agriculture tunisienne. Le ministre a rappelé que les orientations stratégiques retenues dans le rapport, lesquelles visent à améliorer le cadre institutionnel et les prestations de services du service public, à assurer une meilleure coordination entre les acteurs et à optimiser l'insertion de la Tunisie dans l'économie internationale, constituent des thèmes prioritaires pour le développement agricole. Il a rappelé que la politique agricole tunisienne se base sur la mise en œuvre de stratégies sectorielles en vue d'augmenter la production et s'articule autour de quatre axes majeurs. Ces derniers consistent à consolider la sécurité alimentaire du pays, vecteur de la souveraineté nationale, à améliorer la compétitivité du secteur et à promouvoir les exportations, outre la mobilisation et la préservation des ressources naturelles dans le cadre d'une vision de développement durable.