L'Aïd El Kébir, cette fête bien ancrée dans nos traditions, est toujours célébré avec beaucoup d'éclat. Dans toutes les délégations du gouvernorat de Kairouan, il revêt une grande importance pour sa dimension religieuse, sociale et civilisationnelle. En outre, c'est une fête qui rapproche les gens, soude les familles et provoque des retours d'affection avec des visites inattendues et des SMS de parents ou d'amis lointains. Notons que beaucoup de familles procèdent à l'acquisition du mouton bien avant le jour de l'Aïd. Ce mouton est alors placé dans le garage, s'il y en a, le jardin et parfois même sur le balcon. Dans les quartiers populaires et en milieu rural, on observe des moutons en laisse, des organisateurs de combat et des troupeaux entiers entassés dans des camionnettes. Dans les pâturages, les bergers qui veillent sur des troupeaux de moutons font signe aux véhicules qui passent puis s'arrêtent. Et l'on assiste à de longues scènes de marchandage. Evidemment, les prix augmentent à l'approche de l'Aïd notamment pour la race barbarine à grosse queue dont la viande est tendre et savoureuse. A côté de cela, la plupart des familles procèdent à l'etamage des ustenciles en cuivre, au nettoyage des récipients en céramique devant servir à la conservation de la viande boucanée et à l'achat des condiments, des épices, des fruits et des légumes, d'autant plus que durant cette fête tous les quartiers se trouvent privés de boulangeries, d'épiceries et de marchands de légumes. Une ambiance festive Par ailleurs, rares sont les personnes qui achètent des moutons égorgés chez le boucher car la plupart des gens préfèrent immoler la bête en famille où l'on essaie de créer une ambiance festive et goûter aux recettes de grands-mères, dont le couscous au osbèn, la mloukhia, le borghol, la hergma et le melthouth à la tête de mouton. Car toutes les femmes rivalisent d'imagination et recourent aux recettes du terroir pour faire plaisir aux membres de leurs familles. En outre, à l'occasion de l'Aïd, l'élan de solidarité est très important. Ainsi, les responsables régionaux distribuent des aides alimentaires et des moutons aux familles nécessiteuses, tant au niveau régional que local. Tabouna, sini'ya et pain au blé dur La veille de l'Aïd beaucoup de mères de familles préparent la quantité de farine dont elles auront besoin (tabouna, sini'ya, ou pain au blé dur ) à cause de l'absence de cette denrée alimentaire durant les jours de fête. Le jour de l'Aïd, les Kairouanais commencent par brûler l'encens qu'on fait inhaler au mouton avant son sacrifice. On procède ensuite à son abattage, à son dépouillement et à son découpage par un boucher professionnel disposant du matériel adéquat. Ensuite, on passe à la préparation du méchoui, de la qlaya bell'lya et du couscous au osben. Puis, en fin d'après-midi, il faudra découper, saler, épicer et préparer le qadid, faire sécher la peau du mouton après l'avoir salée. Ce n'est qu'au deuxième jour que la ronde des visites aux parents, aux connaissances et aux amis pour échanger les vœux commence. Un rite qui prend quelquefois des allures de marathon.