La première livraison d'Archibat, revue tunisienne spécialisée dans l'architecture, le bâtiment et l'urbanisme paraissait en l'an 2000. Aujourd'hui, la revue, qui fête ses dix ans de vie, a, à son actif, 21 numéros. Dès sa création, Archibat a cherché à soutenir, à présenter et à donner une meilleure visibilité aux projets innovants et porteurs de qualité de vie en particulier en Tunisie, mais également dans le monde. A travers les différents dossiers thématiques de la revue, émerge une ligne éditoriale spécifique. Elle défend l'idée selon laquelle se référer sans cesse au patrimoine dans sa dimension de repère et de mémoire n'empêche en rien une projection dans le futur, notamment en adoptant des savoir-faire, des technologies et des solutions d'économie d'énergie, qui connaissent une évolution constante dans les pays du Nord. Après avoir abordé et étudié dans de précédentes livraisons des dossiers portant sur l'artisanat et l'architecture, les palais de Tunisie, les maisons de Tunisie, le développement durable, l'avenir de nos paysages, la jeune architecture, les espaces de commerce, les espaces de bureaux, les musées, la reconversion, Archibat arrive au thème des «Architectures du Sud tunisien». De par leur génie, la pureté et l'intelligence de leurs formes et surtout leur cohérence par rapport à des sites fabuleux et des conditions climatiques parfois extrêmes, les architectures du Sud tunisien, interpellent et fascinent. Sculptés par la main de l'homme, mais aussi par l'air, la lumière et la patine du temps, les ksour, les ghiren, les menzel, que nous présente l'architecte Regaya Kioua, co-auteur de l'ouvrage sur Les spécificités architecturales du Sud tunisien, incarnent des repères culturels reposant sur des solutions bioclimatiques d'une étonnante simplicité. Plusieurs articles attirent l'attention sur l'urgence de sauvegarder un patrimoine en détresse, que seules l'implication d'associations communautaires et des populations, ainsi que l'intervention d'un tourisme culturel équitable pourraient inscrire dans la pérennité. La revue s'interroge également : «Pourquoi, excepté peut-être quelques hôtels et le nouveau Centre d'art et de culture, Dar Chérif de Sidi Jmour, les nouvelles productions ne sont-elles pas à la mesure de ces architectures vernaculaires ?» «Les architectes en herbe sont-ils conscients des leçons du passé ?». Le numéro 21 présente, comme toujours, toute l'actualité architecturale en Tunisie et à l'étranger. Il invite l'architecte et urbaniste Denis Lesage à raconter son destin tunisien, part à Doha explorer les nouvelles architectures de cet émirat où le prix Aga-Khan d'architecture vient d'être décerné à un projet tunisien et s'achève sur une note de fantaisie en pénétrant le monde fantastique de deux artistes, Mouna Jemal et Nabil Saouabi. Un numéro riche et un document de référence, à garder dans sa bibliothèque.