Aujourd'hui, à la salle de cinéma le Mondial à 18h00, le ministère de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine rend un dernier hommage au fondateur des JCC et père du cinéma tunisien Tahar Cheriaâ, disparu à 83 ans quelques jours après un fervent hommage qu'on lui a rendu lors des dernières JCC ( octobre 2010). Cela fait déjà plus de 40 jours que le cinéma tunisien et les JCC sont, hélas, orphelins de ce grand homme de culture et défenseur du cinéma du Sud qui, lors de sa dernière apparition publique sur la scène du Théâtre de la ville de Tunis, et quoique affaibli par la maladie, est apparu toujours aussi passionné et militant pour l'affirmation d'une identité cinématographique et a tenu à léguer un dernier message, tel un testament cinématographique et artistique, aux jeunes cinéastes arabes et africains, déclarant : «J'appelle les cinéastes tunisiens, arabes et africains à être sincères avec eux-mêmes et leurs œuvres, à mettre toute leur force, corps et âme, afin de faire des films engagés, loin de toute influence étrangère et de tout compromis. Cela, en mettant en avant leur identité. Chaque pays africain et arabe se doit de défendre sa propre identité jusqu'au dernier souffle.» L'histoire de Cheriaâ avec le cinéma avait bel et bien débuté en 1952 quand il intègre le ciné-club Louis Lumière à Sfax (qui allait porter son nom à partir de 1999) et se développe surtout après son retour de France où il multiplie les initiatives et marquant l'histoire du cinéma tunisien et africain, tant par ses écrits que par ses multiples actions en faveur de la promotion de cet art, ce qui lui a valu le titre de «père du cinéma tunisien et africain». En 1966, il fonde le premier festival panafricain et panarabe : les Journées cinématographiques de Carthage et en devient le secrétaire général jusqu'en 1974. Il occupe parallèlement des fonctions d'expert auprès de l'Unesco (culture arabe, cinéma et télévision) de 1963 à 1974. Critique cinématographique dès 1956, il collabore à la plupart des publications tunisiennes. Il est également membre des principales associations inter-arabes et africaines de la presse et du cinéma. Conseiller technique et coscénariste du film tunisien Renaissance d'Ahmed Harzallah et Nouredine Mechri (1964), puis conseiller sur le scénario de L'Aube d'Omar Khlifi (1966), Tahar Cheriaâ est président d'honneur de la Fédération panafricaine des cinéastes. Quelques jours avant son décès, le 27 octobre 2010, lors de ce dernier hommage, la 23e édition des Journées cinématographiques de Carthage, il y annonce qu'il lègue le reste de ses travaux à sa ville natale Sayada, là où il a été inhumé.