Depuis la désignation du Qatar, le 2 décembre, comme pays hôte de la Coupe du monde 2022 par la Fédération internationale de football, les critiques contre l'instance suprême du ballon rond et le petit émirat ne cessent de fuser : ce sera le Mondial du "fric" ; le Qatar "n'a aucune culture foot", c'est une nation qui possède un championnat peu relevé, avec des entraîneurs étrangers grassement payés... C'est, à quelques remarques près, ce que les Etats-Unis (1994) et le Japon avec la Corée du Sud (2002) avaient entendu lorsqu'ils avaient obtenu l'organisation du Mondial. En ce qui concerne la chaleur étouffante de l'été, reproche récurrent fait au Qatar, ce pays n'a rien d'une exception. En 1986, à Mexico, en 1982, en Espagne, les thermomètres ont parfois dépassé les 40 Ce. "Aux Etats-Unis, la chaleur dans certaines villes comme Dallas était de 45 °C, et personne ne critiquait les Etats-Unis", a fait remarquer Michel Platini, président de l'Union européenne de football associations (Uefa). Les Qataris comptent climatiser les stades, au grand dam des écologistes. Depuis, des voix proposent de jouer ce Mondial 2022 en hiver. Le Qatar joue au football depuis les années 40 Face à ces diatribes, Sepp Blatter, le président de la FIFA, justifie sa décision d'attribuer la compétition phare à un pays arabe de quelque 1,7 million d'habitants. Pour lui, l'essentiel est d'"ouvrir" ce sport "à un nouveau monde et à une nouvelle culture". Ce royaume de 11.500 km2 est affilié à la Fifa depuis 1970. Le football y a été apporté dès les années 1940 par les ouvriers étrangers travaillant dans le pétrole. Ce jeune émirat — indépendant depuis 1971— n'a jamais brillé dans la cour des grandes nations footballistiques, mais il a toutefois terminé 2e au Mondial des moins de 20 ans en 1981, et 4e à celui des moins de 17 ans dix ans plus tard. Face à ses résultats modestes, le pays s'est lancé, ces dernières années, dans un développement du sport à coups de milliards de dollars. L'argent, qui provient principalement du gaz, lui permet d'accueillir de grandes compétitions internationales et de sponsoriser de célèbres clubs de football européens. La Qatar Foundation a accepté de débourser 30 millions d'euros par an — de 2011 à 2016 — pour apparaître sur le maillot du FC Barcelone. Le Qatar s'inscrit dans la politique de "la diplomatie sportive" de ses voisins comme les Emirats Arabes Unis. En 2005, le pays a inauguré Aspire, un complexe sportif pour former des champions. Il aurait coûté 1 milliard de dollars. Le Qatar manque d'athlètes de haut niveau, mais il n'a pas hésité à convaincre de grands noms du sport de prendre la nationalité de l'Emirat, en contrepartie, parfois, d'une rente à vie. Cela a été le cas pour Saif Saaeed Shaheen, anciennement Stephen Cherono (son nom kényan), deux fois champion du monde du 3.000 m steeple. L'équipe nationale qatarie de football — avec à sa tête le Français Bruno Metsu — compte d'anciens Brésiliens.