Al Qods occupée (Reuters) — La tentative de l'émissaire américain au Proche-Orient George Mitchell pour relancer des pourparlers indirects entre Israël et l'Autorité palestinienne est l'ultime chance de reprise du processus de paix, a estimé hier le principal négociateur palestinien. Au même moment, Israël annonçait la construction de 112 nouveaux logements pour les Juifs dans la colonie de Beitar Ilit, prétendant que celle-ci n'est pas incluse par le «moratoire» partiel de dix mois sur de nouveaux chantiers proclamé en novembre par Netanyahu. «Les Américains cherchent à sauver ce processus de paix avec une dernière tentative. Je pèse mes mots: c'est la dernière tentative pour démontrer qu'il s'agit d'un outil susceptible de donner lieu à des décisions entre Palestiniens et Israéliens», a dit le négociateur palestinien Saëb Erekat à la radio de l'armée israélienne. Mitchell s'est entretenu dans la journée à Ramallah, en Cisjordanie, avec le Président palestinien Mahmoud Abbas après avoir vu à deux reprises le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, dimanche et hier à Al Qods. Après plus d'une douzaine de vaines navettes au cours de l'année écoulée pour tenter de relancer le dialogue direct entre les deux parties, l'émissaire du Président Barack Obama au Proche-Orient compte obtenir cette semaine leur accord pour des pourparlers indirects — dits «de proximité» — sous son égide. «Israël pose des mines» Les deux parties, bien que sceptiques — de même que nombre d'observateurs —, sont désormais d'accord pour recourir à cette méthode pour tenter de raviver un processus de paix laborieux suspendu depuis l'offensive militaire d'Israël contre le Hamas à Gaza, l'hiver dernier. Après le feu vert de la Ligue arabe, du Fatah, son propre mouvement, et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), la semaine dernière, Abbas devait, selon Erekat, remettre à Mitchell hier sa «réponse écrite positive» pour de tels pourparlers. La Ligue arabe et l'OLP ont fixé un délai de quatre mois pour que ces contacts conduisent à un accord sur la création d'une Palestine indépendante sur des territoires occupés lors de la guerre israélo-arabe de 1967 — la Cisjordanie, la bande de Gaza et la partie orientale d'Al Qods. Dans les deux camps, on pense que George Mitchell obtiendra un accord sur le «format» des pourparlers indirects, qui pourraient débuter sous peu à Washington ou dans une autre capitale, mais aboutir à un accord sur les frontières dans les quatre mois est une tout autre histoire. Abbas, l'OLP et la Ligue arabe exigent qu'Israël suspende toute activité de colonisation en Cisjordanie et à Al-Qods-Est avant de reprendre d'éventuelles négociations directes, sans lesquelles aucun accord global ne sera possible. L'approbation du nouveau chantier de construction à Beitar Ilit, alors que Mitchell est au Proche-Orient et que le vice-président américain Joe Biden y est attendu, montre que le moratoire de dix mois, décrété sous la pression de Washington, n'est qu'une «supercherie», a estimé Erekat. «Le gouvernement israélien a commencé à poser des mines sur le chemin des négociations indirectes», a affirmé pour sa part un des hauts responsables du Fatah, Mohamed Dahlan.