Les experts de l'Institut national de nutrition et de technologie alimentaire ont lancé un cri d'alarme face à la consommation sans cesse croissante du sucre L 'impact de la publicité et la banalisation des produits sucrés trônent en tête des raisons qui expliquent la consommation élevée du sucre en Tunisie durant les 15 dernières années, qui a franchi la barre de 2,5 kg par personne et par an. Les experts de l'Institut national de nutrition et de technologie alimentaire ont lancé un cri d'alarme face à la consommation sans cesse croissante du sucre. Selon leurs études, le Tunisien consomme 15 kg de sucre par an, soit 40 grammes par jour, sans compter les glucides contenus dans les aliments (fruits, légumes, lait et céréales). Trop à leurs yeux car les apports recommandés en glucides ne devraient pas dépasser les 250 grammes par jour dont moins de 10% sous forme de sucres simples (le sucre blanc ajouté par exemple au café). En effet, et d'après des recherches internationales récentes, le sucre demeure l'un des facteurs pouvant provoquer les troubles cardiovasculaires, l'ostéoporose, les inflammations intestinales, ainsi que la baisse immunitaire et le cancer. Outre les caries dentaires, l'obésité et le diabète. Le danger pour la santé publique est la consommation du sucre ajouté qui dépasse de loin celle des glucides chez le Tunisien. Publicité, banalisation Sodas, limonades, jus et autres cocktails ont particulièrement la cote. Il y en a pour tous les "goûts". Connues et très appréciées, les boissons sucrées sont pourtant les ennemis jurés des nutritionnistes, mais elles sont les compagnons inséparables de nos jeunes. Le problème est que nous avons banalisé leur consommation. Or, ces boissons sucrées mettent en péril la santé publique. Elles sont mises en cause dans les risques de diabète, d'obésité — dont l'obésité infantile, de maladies cardiovasculaires, de cancer du pancréas. Sans oublier les caries dentaires qui affectent 70% des Tunisiens et dont les effets sur le système cardiaque sont largement connus par les spécialistes. La liste de ces boissons est sans fin tant l'imagination des fabricants est sans limite, — ils cherchent à élargir leur gamme en proposant des boissons dépourvues de sucre ( light et zéro sucre) —, le sucre y est présent en grande quantité puisqu'un litre en contient entre 90 et 120 grammes, soit l'équivalent d'une vingtaine de morceaux de sucre! Les spécialistes s'accordent à dire que les boissons sucrées n'apportent rien sur le plan nutritionnel. En effet, elles risquent, même à petite dose, de casser l'équilibre alimentaire. Mais la publicité et les mauvaises habitudes ont engendré une consommation excessive de glucides, notamment sous forme de boissons, et qui sont en cause dans le surpoids et l'obésité des enfants et des adolescents, avec le risque réel de diabète. L'Institut a engagé depuis deux ans un débat avec le milieu industriel concerné. Il a abouti à la réduction de la durée de quelques spots télévisés et à la suppression de la publicité mensongère. Mais que peut faire l'Institut face au lobby industriel ? La discipline du consommateur Reste tout de même la discipline du consommateur. C'est à lui que revient la première décision. Une hygiène de vie privilégiant une activité sportive associée à une hygiène alimentaire riche en eau et en fruits entiers sont les maîtres mots d'une santé équilibrée. S'il est difficile de renoncer à la consommation de boissons sucrées, il faut en boire avec modération et préférer plutôt des produits sains et nutritifs. Par exemple, une pomme de 100 grammes contient à peu près la même quantité de calories qu'un biscuit de 10 grammes, et elle contribue mieux à la satiété. Consommer un jus de fruits frais au lieu d'une quelconque boisson en boîte, sucrer par des fruits frais ou cuits à la place du sucre blanc, bien doser les sucres des boissons (lait, thé, café, limonade...), ne pas sucrer les jus de fruits, éviter de mettre à table les boissons sucrées. Non seulement les Tunisiens absorbent de plus en plus de sucre raffiné mais ils raffolent également de pâtisseries, confiseries et boissons gazeuses, lesquelles sont responsables de 40% des importations de sucre du pays. Avec la croissance de la population, le sucre vient au deuxième rang des importations tunisiennes après le blé. Très dépendante de l'étranger, la Tunisie a développé dès son indépendance la culture de la betterave sucrière. Mais avec l'augmentation continue des besoins et la réduction de la surface cultivée, elle est très loin de l'autosuffisance. Cent cinquante ans après son introduction en France par Napoléon, la betterave faisait son apparition au Nord-Ouest tunisien, sur les terres rouges et fertiles de la région de Béjà. Mais, aujourd'hui, les producteurs semblent pratiquer cette culture à contre-cœur. "La betterave n'a amené que les rats", affirment les Béjaois. M. Sadok Ben Chihoub, premier planteur tunisien de betterave à sucre et ses collègues se sont pourtant entêtés à cultiver cette tubercule...