Quiconque refuse la nature collective ne peut prétendre discuter sport. Tout est reniement dans le bon sens. Les priorités se situeront ainsi dans la recherche d'une harmonie plus que jamais efficiente, d'une unité de pensée et d'action encore plus efficace. En sport, mieux vaut ne pas trop se gargariser de mots et celui de jugement et de parti pris peuvent être trompeurs. Ne serait-il pas préférable de parler de reconstruction et de prise de conscience, deux termes qui touchent davantage à la vérité du sport. La recomposition peut surprendre parce qu'il y a rupture de rythme et variété inattendue. Mais à force de voir les accusations de toutes couleurs, les procès des gens à tort et à travers, l'on se demande quel numéro d'illusionnistes et d'acrobates le grand cirque va encore nous réserver dans les jours à venir. Il aurait mieux valu dresser une sorte de constat culturel sur le sport, un constat qui va de l'environnement souvent déficient à la psychologie défaillante, en passant par d'autres faiblesses congénitales. Nous souscrivons à des remarques fondées sur une observation objective de la réalité. Celles-ci devraient échapper à l'habitude de s'inscrire dans les histoires anciennes et dans les réflexions éternellement renouvelées. Il n'est pas justement question d'instruire le procès généralisé du système sportif tunisien qui ne le mérite pas, mais il reste constamment sous-jacent chez la plupart la tentation de négliger la vraie respiration du sport, que ce soit sur le terrain ou dans les bureaux, sur le plan individuel ou sur le plan collectif. Dans ces moments décisifs, on ne devrait pas oublier qu'on reste capable de monter haut, mais aussi que l'effort pour s'y maintenir serait encore plus important. Crise de gouvernance, crise de résultats, crise d'identité, le sport tunisien a cumulé les tracas. Tout cela dépasse largement le débat autour de l'immédiat. Aujourd'hui, la question essentielle est que le mal est beaucoup plus profond qu'un supposé conflit de personnes, de responsables d'instances et de présidents de clubs. Il touche aux racines d'un sport qui n'avait ni projet, ni ambition. Plus que des histoires de résultats ou des échecs, le sport en Tunisie offre en tout cas les contours d'un étonnant sujet de société. Joueurs, opérateurs et médias, politiques et économistes, médecins et sociologues, moralistes et philosophes, voici tout un champ d'action sur lequel les débats ne vont pas manquer. Il fallait le faire de toute façon. D'autres étapes sont d'ores et déjà prévues pour vérifier que ce grand bouleversement annoncé ne deviendra ni le grand tonneau des Danaïdes, ni la boite de Pandore pour tous ceux qui graviteront autour du sujet. Plus tard, au cœur de la compétition et des épreuves sportives, viendra sans doute le moment de la grande métamorphose annoncée. Nous avons envie aujourd'hui d'aller loin et de tout faire pour y arriver. Le sport devrait ainsi puiser sa force dans la sagesse et l'équilibre. Fonctionner effectivement à l'affectif, mais aussi avec la rigueur du concret. Redistribuer les cartes ne veut pas dire couper le jeu. Tant de promesses et de manœuvres, et voici le sport recomposé. Il est indispensable de tirer les enseignements de l'injustice sportive soulignée par les pratiques du temps passé. Qu'on le veuille ou non, on doit admettre que le sport et ses compétitions à enjeux grandissimes ne peuvent plus être laissés au pouvoir d'un seul homme, ou d'un seul groupe. Il faut trouver les solutions adaptées pour renforcer la crédibilité et l'honneur du sport. Attention toutefois à ce que le souci légitime de réhabilitation n'entraîne pas de précipitation. Entre pas de vision du tout ou une vision trop étroite, on doit défricher plus loin. C'est l'occasion de dire que nous n'oublions pas les passions qui ont toujours remué le sport qui ne sont nullement secondaires et aucunement de deuxième catégorie. Elles représentent elles aussi la vitalité d'un sport tunisien dont l'étonnante richesse se retrouve dans toutes ces belles régions et merveilleux territoires. Pas la peine d'attendre d'autres événements pour se plonger au cœur de la Tunisie profonde: le sport nous y invite aussi dès à présent. Quiconque refuse la nature collective ne peut prétendre discuter sport. Tout est reniement dans le bon sens. Les priorités se situeront ainsi dans la recherche d'une harmonie plus que jamais efficiente, d'une unité de pensée et d'action encore plus efficace. «J'y étais». Ne serait-ce pas finalement l'espoir de tous ceux qui ont vécu ces derniers jours le révolution de la rue. Se souvenir à jamais qu'on y était, en avoir gardé une image, un bruit, un flash, voilà le genre de petit bonheur intime que personne ne saura à jamais nous enlever. Il y a une sorte de fierté parfaitement imméritée à lister, des grands moments auxquels on a assisté, pour de vrai.